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Ce que l'on sait de l'enquête ouverte contre des sympathisants d'Eric Zemmour simulant des tirs sur Emmanuel Macron et des élus LFI

Deux partisans du candidat d'extrême droite sont poursuivis pour "menaces de mort" et "incitation à la provocation d'un crime" après avoir fait mine de tirer sur plusieurs personnalités politiques dans des vidéos.

Article rédigé par Antoine Comte
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4 min
Les deux tireurs s'amusaient à cibler Emmanuel Macron, des députés "insoumis" et des personnes d'origine maghrébine dans des vidéos. (CAPTURE D'ECRAN DE YOUTUBE)

Ce sont deux vidéos qui ont très largement fait réagir la classe politique. Dans la première séquence, révélée par Mediapart, un jeune homme tire plusieurs cartouches avec un fusil. Ses cibles ? Raquel Garrido, l'ex-porte-parole de La France insoumise, et son compagnon, le député insoumis de Seine-Saint-Denis Alexis Corbière. Dans le viseur du tireur également : "des antifas et des gauchistes" et des personnes d'origines maghrébines. Dans la seconde vidéo, un autre homme positionné dans le même stand de tir porte une casquette blanche "Ben voyons !", le tic de langage d'Eric Zemmour, devenu depuis un slogan de la campagne du candidat d'extrême droite. Ses cibles, toujours imaginaires, sont cette fois-ci "du jeune gaucho, du jeune communiste, du jeune bougnoule mental" et "Emmanuel Macron". Une enquête pour "menaces de mort" et "incitation à la provocation d'un crime" a été ouverte mardi 21 décembre par le Pôle national de lutte contre la haine en ligne, a annoncé le parquet de Paris.

Des vidéos issues du compte Instagram d'un homme se présentant comme un "militaire"

Selon Libération, ces vidéos révélées sur Twitter par Raphaël Arnault, le porte-parole du groupe antifascite Jeune garde, proviennent à l'origine de la story Instagram d'un individu qui utilise le pseudonyme "Miles Christi".

Ce jeune homme est, selon Mediapart, celui qui menace directement le député LFI Alexis Corbière et sa compagne Raquel Garrido dans la première vidéo. Dans cette séquence de près de deux minutes, fusil à la main, il indique qu'il va "s'entraîner à chasser du Garrido sauvage", qu'il compare à une "truie". Il tire une première cartouche puis une deuxième en citant le nom cette fois-ci d'Alexis Corbière. "Deux balles, trois morts, ça a ricoché sur un antifa derrière", s'amuse-t-il, face caméra. 

Dans une autre séquence, le même homme a d'autres cibles imaginaires – "des antifas et des gauchistes" – et lâche : "Il y a des drapeaux algériens et marocains, donc on va s'empresser de tirer." D'après Libération, qui a eu accès à son compte Instagram privé, l'homme se présente comme "militaireet "catholique". Sur une photo publiée il y a quelques mois sur Instagram, il apparaît en treillis, en train de manipuler un mortier, selon Mediapart.

Le deuxième tireur affiche sa sympathie pour  Eric Zemmour sur les réseaux sociaux

Le deuxième individu filmé sur l'autre vidéo, avec une casquette "Ben voyons" vissée sur la tête, est un soutien assumé d'Eric Zemmour sur les réseaux sociaux. Selon Mediapart, la bannière de son profil Twitter est illustrée par une photo du candidat au salon de l'armement Milipol, qui avait mis en joue des journalistes.

Sur les réseaux sociaux, le jeune homme raconte également avoir assisté au meeting d'Eric Zemmour du 5 décembre à Villepinte : "Rassemblement patriotique pour le Z !" écrit-il en partageant des images de l'événement politique, où des violences avaient déjà éclaté entre militants de l'utradroite et antiracistes. 

"Il faut arrêter de dramatiser cette affaire : on s'est un peu lâchés avec humour et sinon y a rien de méchant", s'est-il justifié auprès de Mediapart, en affirmant ne pas soutenir le candidat d'extrême droite mais "aimer beaucoup ses idées".

Raquel Garrido et Alexis Corbière ont porté plainte, pas Emmanuel Macron

Raquel Garrido et Alexis Corbière ont aussitôt décidé de porter plainte et une enquête pour "menaces de mort" et "incitation à la provocation d'un crime" a été ouverte par le Pôle national de lutte contre la haine, selon le parquet de Paris. "L'important, c'est qu'une enquête sérieuse soit menée, parce que cette histoire est vraiment pétrifiante et angoissante pour mes clients", confirme à franceinfo, Xavier Sauvignet, l'avocat des deux figures de La France insoumise. 

Concernant le président de la République Emmanuel Macron, également visé par les deux individus armés, aucune poursuite judiciaire n'a pour le moment été officiellement engagée. La plateforme Pharos en charge de la lutte contre les contenus illicites sur internet a également été saisie après plusieurs signalements d'internautes. 

Eric Zemmour tente de se désolidariser du "spectacle pitoyable" de ses soutiens

Le candidat à l'élection présidentielle de 2022 a finalement réagi mercredi 22 décembre en publiant un communiqué sur Twitter. "Vous ne faites partie ni de mes sympathisants, ni de mes militants, et encore moins de mes amis. Je condamne par avance tout ce que vous ferez en mon nom pendant ma campagne. Je ne veux ni de votre soutien ni de votre aide", a-t-il déclaré. Dans ce même communiqué, l'ancien polémiste a également dénoncé "un spectacle pitoyable" commis par "une misérable poignée d'idiots".

Mais le candidat d'extrême droite a également invité les deux leaders de La France insoumise à faire "la même chose" que lui, c'est-à-dire de "dénoncer définitivement les antifas qui [le] harcèlent" et de "déclarer publiquement que vous les condamnez sans appel, quoi qu'ils fassent", en assurant que "la violence a toujours été du côté de l'extrême gauche, jamais du [sien]".

La réponse d'Alexis Corbière a été rapide "Eric Zemmour fait mine de découvrir les effets de ses paroles haineuses sur les esprits de ses partisans. Le premier responsable des violences, harcèlements, intimidations et menaces de mort commis en votre nom et au nom de vos paroles, c'est vous !"

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