Johnny Hallyday, Yannick Noah, Benjamin Biolay… Les artistes aident-ils les candidats qu’ils soutiennent ?
A chaque élection ses artistes engagés. Mais leur soutien aide-t-il les candidats ? Entre idéologie et business, le rapport entre artistes et politiques n'influencerait pas les électeurs mais révèle "un échange croisé de capital de notoriété".
Pourquoi les artistes s'engagent ?
En 2007, Nicolas Sarkozy s'était affiché, place de la Concorde, avec Mireille Mathieu ou Johnny Hallyday. Peu de temps après son élection à l'Elysée, l'ancien maire de Neuilly-sur-Seine convolait avec la chanteuse-mannequin Carla Bruni.
Des chanteurs "de la génération de son électorat le plus fort", analyse Arnaud Mercier, politologue et professeur en communication à l'université de Lorraine.
Mais, ajoute-t-il, "comparé à l'époque de François Mitterrand, lorsqu'un Jack Lang ou un Pierre Bergé apportaient tous leurs réseaux, peu d'artistes s'engagent publiquement aujourd'hui".
En 2012, François Hollande semble avoir convaincu les artistes de gauche de s'afficher à ses côtés. Lors de son meeting de lancement de campagne au Bourget, le candidat socialiste pouvait ainsi compter sur Michel Piccoli, Denis Podalydès, Yannick Noah ou encore Benjamin Biolay.
Quand un acteur ou un chanteur prend parti, c'est souvent un "dinosaure comme Michel Piccoli", qui a récemment apporté son soutien à François Hollande tout comme Yannick Noah, l'une des personnalités préférées des Français, ou quelqu'un qui ne mesure pas toujours l'impact de son engagement, souligne le politologue.
Qu'en pensent les Français ?
Selon un sondage paru mercredi 7 mars, 71% des Français considèrent que ce soutien d'artistes ou de célébrités à un candidat à la présidence de la République est "plutôt une mauvaise chose"… pour l'artiste.
Le "petit prince du raï" Faudel peut en témoigner. Trois ans après avoir apporté son soutien à Nicolas Sarkozy en 2007 - qui le présente alors comme un modèle d'intégration - il a perdu son public. Et sa réputation. Il s'est senti trahi, estimant en 2010 avoir été utilisé comme "l'Arabe de service".
"Tout le contraire d'un Johnny Hallyday, qui n'a rien à perdre à afficher son soutien à Sarkozy qui passe son temps à répéter que c'est son chanteur préféré", développe M. Mercier. "Gagnant-gagnant. Chacun apporte à l'autre sa notoriété, une fidélité de goûts et de valeurs".
En revanche, le sondage révèle également que 47% des sondés estiment que ces engagements politiques sont "plutôt une bonne chose" pour le candidat.
Quelle influence électorale ?
Avoir l'appui affiché et affirmé d'une star du cinéma ou de la musique rapporte-il des bulletins supplémentaires dans l'urne le jour du scrutin ? Selon plusieurs études, ce "pacte" artistes-politiques n'influence pas le vote des électeurs.
Mais au-delà des logiques comptables de voix, se joue entre les principaux candidats "un échange croisé de capital de notoriété qui a valeur de supplément d'âme pour l'homme politique", dixit Arnaud Mercier.
"Un usage spectaculaire de la culture", commente Nicolas Romeas, directeur de la revue culturelle Cassandre/Hors-Champ pour lequel "face à l'incapacité des politiques à comprendre les enjeux profonds de la culture, une telle relation est, au mieux, une alliance pervertie".
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