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Vidéos Menaçante, convenue ou trop présidentielle… La déclaration de politique générale du Premier ministre, une tradition de la Ve République

Ce discours du Premier ministre devant l'Assemblée n’est pas une obligation, mais la plupart des gouvernements nouvellement nommés y ont recours. Et ils ont parfois plus à y perdre qu'à y gagner.

Article rédigé par Thomas Destelle
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Loirs des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, le 8 juillet 2020 (photo d'illustration). (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP)

Après d'autres chefs de gouvernement avant lui, au tour de Jean Castex de de passer l'épreuve de sa déclaration de politique générale, mercredi 15 juillet devant l’Assemblée nationale, au lendemain de l’interview télévisée du 14-Juillet d’Emmanuel Macron.

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La déclaration de politique générale par le Premier ministre n’est pas une obligation dans le cadre des insitutions de la Ve République, mais la plupart des gouvernements nouvellement nommés y ont recours. Car ce grand oral permet à l’exécutif d’imprimer sa marque et d’indiquer la politique à mener dans les prochains mois. Et c’est parfois un rendez-vous manqué : franceinfo vous propose de revenir sur certains passages de Premier ministre au pupitre de l’Assemblée.

1992 : Pierre Bérégovoy menace de dévoiler "une liste de personnalités"

La déclaration de politique générale de Pierre Bérégovoy du 8 avril 1992 est souvent considéré comme la plus "ratée". Le Premier ministre vient de succéder à Edith Cresson à Matignon. À un an d’élections législatives à haut risque pour les socialistes, il prononce un discours offensif. La gauche n’a plus la majorité absolue au Palais Bourbon et Pierre Bérégovoy est chahuté pendant son discours, ce qui le pousse à sortir une feuille de papier et à devenir menaçant : "J'ai ici une liste de personnalités dont je pourrais éventuellement vous parler." Des propos qui provoquent un tollé : la droite décide de quitter l’hémicycle.

1991 : Edith Cresson fait un discours "convenu"

Edith Cresson est la seule femme à avoir été nommée au poste de Premier ministre, et donc la seule à avoir prononcé un discours de politique générale devant les députés. Une nomination qui apparaît comme une surprise à l’époque mais la capacité à gouverner de celle qu’on surnomme la "French Maggie", en référence à Margaret Thatcher, n’est pas remise en cause. Jusqu'au 22 mai 1991, quand elle présente sa déclaration de politique générale devant les députés, en majorité des hommes. Elle ne parvient pas à calmer le chahut de l'Assemblée ni à faire taire les quolibets sexistes qui raillent sa tenue ou sa voix fluette. "J’ai fait un discours qui était convenu, se rappelle Edith Cresson au micro de France BleuCe que je voulais dire, j’avais la certitude que ce serait critiqué."

2002 : Jean-Pierre Raffarin sort une "raffarinade"

Si la déclaration de politique générale permet à un Premier ministre d’exposer sa future politique, on en retient aussi un style ou une phrase. Jean-Pierre Raffarin, nommé Premier ministre au début du deuxième mandat de Jacques Chirac, en 2002, coutumier des phrases imagées et des lapalissades, n’y manquera pas. Lors de son discours, il prononcera l’une de ses premières "raffarinades" : "La route est droite mais la pente est forte."

1993 : Edouard Balladur, le discours le plus long

La déclaration d’Edouard Balladur dure environ 1 heure 45. Le 8 avril 1993, le Premier ministre de droite annonce vouloir "faire à nouveau de la France un exemple" et cite Marc-Aurèle à propos de la crise économique que la France traverse à l'époque. Ce discours de politique générale est connu comme étant le plus long. Une durée qui a son importance : Jean-Marc Ayrault sera critiqué en 2012 pour son intervention d'environ 1 heure 30. Un discours marqué par le malaise d’un député socialiste, ce qui obligera le Premier ministre à s'interrompre.

1988 : Michel Rocard, le quotidien des Français et la réparation des "ascenseurs" 

Le Premier ministre socialiste veut imprimer son style dès sa déclaration de politique générale. La gauche a retrouvé la majorité à l’Assemblée nationale après la réélection de François Mitterrand. Dans son discours du 29 juin 1988, Michel Rocard parle de son "rêve" pour la France et du quotidien. Il annonce la réalisation de "travaux d’urgence dans les quartiers dégradés" détaillant des mesures comme les "réparations des cages d’escalier, des ascenseurs, des halls d’entrée", provoquant les rires de sur les bancs de l’opposition.

1961 : Jacques Chaban-Delmas fait briller sa "nouvelle société" 

Près de 60 ans après, il reste le discours de politique générale le plus célèbre. Le 16 septembre 1969, Jacques Chaban-Delmas esquisse "une nouvelle société" dans la France de l’après Mai-1968. "J’ai la conviction que nous entrons dans une époque nouvelle, où de grands changements sont possibles", déclare le Premier ministre. Le discours séduit, jusque sur les bancs de la gauche, mais un peu moins du côté de l'Elysée, où Georges Pompidou estime ce Premier ministre trop présidentiel. Il sera limogé en juillet 1972.

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