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Gouvernement de Jean Castex : pourquoi la nomination des secrétaires d'Etat prend autant de temps

L'annonce de la liste de ces membres du gouvernement, qui arrivent après les ministres dans l'ordre protocolaire, ne cesse d'être repoussée depuis la mi-juillet.

Article rédigé par franceinfo
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Emmanuel Macron et le Premier ministre Jean Castex réunis le 7 juillet 2020 en Conseil des ministres avec le nouveau gouvernement qui attend encore ses secrétaires d'Etat.
 (IAN LANGSDON / AFP)

Une attente qui dure depuis le 6 juillet. Plus de deux semaines après la nomination des ministres et des ministres délégués, les secrétaires d'Etat du gouvernement de Jean Castex ne sont toujours pas connus. Leurs noms pourraient être enfin dévoilés jeudi 23 juillet, mais l'exécutif fait encore traîner l'annonce. Franceinfo vous explique les raisons de ce retard et de ce casse-tête.

Parce qu'il y a des impératifs de calendrier

"Il a fallu laisser passer le discours de politique générale de Jean Castex, afin d'éviter que les députés recalés ne votent pas la confiance", analyse en premier lieu Valérie Astruc, journaliste politique à France Télévisions. Le Premier ministre a succédé début juillet à Edouard Philippe et il a détaillé sa feuille de route devant les députés le 15 juillet. Le jour même, Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, avait donc annoncé, à la sortie du Conseil des ministres, que la nomination des secrétaires d'Etat interviendrait "dans les prochains jours". "Je n'ai pas d'informations sur le nombre ou l'identité des heureux élus", avait-il alors précisé.

C'était sans compter le sommet européen de Bruxelles, qui a débuté le 18 juillet et s'est prolongé en raison des négociations difficiles à mener. Les dirigeants des 27 pays de l'Union européenne ont finalement conclu, mardi 21 juillet à l'aube, un accord historique sur un plan de relance post-coronavirus, d'un montant de 750 milliards d'euros. Tant que ce sommet n'était pas terminé, impossible pour l'exécutif d'annoncer les noms des heureux et heureuses élus aux secrétariats d'Etat. "Le sommet européen de Bruxelles a lui duré quatre jours et il était hors de question pour l'Etat de brouiller son message", explique Valérie Astruc. La même raison était avancée mercredi par Gabriel Attal, interrogé à ce sujet après un nouveau Conseil des ministres.

Mais jeudi, on attend toujours. Si le calendrier n'est plus le problème, d'autres soucis demeurent.

Parce que le choix des portefeuilles est cornélien

Des secrétaires d'Etat, mais combien ? C'est l'un des enjeux de ces nominations. Au moment de sa démission, le gouvernement d'Edouard Philippe comptait 19 ministres pour 10 secrétaires d'Etat. Sans eux, le gouvernement Castex, lui, compte déjà 31 ministres. "Deux hypothèses sont donc envisageables. Soit Jean Castex se contente d'un nombre très restreint de secrétaires d'Etat, s'appuyant notamment sur la présence de 14 ministres délégués au sein de son gouvernement (là où celui d'Edouard Philippe n'en comptait que trois) ; soit l'effectif du gouvernement est amené à bondir pour atteindre une quarantaine de membres", expose Vosges Matin. Le quotidien précise que la seconde option est la plus "probable". Et tant pis pour le souci d'efficacité vanté par le couple exécutif.

Reste à savoir de quels sujets vont s'occuper les secrétaires d'Etat. Placés sous l'autorité du Premier ministre, ils sont souvent rattachés à un ministère de tutelle et chargés de piloter un dossier spécifique. Les intitulés des portefeuilles sont donc décisifs : il s'agit de montrer l'importance accordée à un secteur. Or, difficile de faire l'impasse sur les retraites, le numérique, le handicap, ou encore la jeunesse – priorité affichée du gouvernement – absents, à l'heure actuelle, du périmètre des ministères. Sans oublier de créer de nouveaux portefeuilles pour la cause animale, le tourisme ou la biodiversité

Parce que le casting est compliqué à finaliser

Récompenser des parlementaires fidèles, permettre à des responsables prometteurs de faire leurs preuves, contribuer à élargir la majorité gouvernementale... Choisir une personne pour incarner un maroquin ministériel n'a rien d'anodin. Visiblement, l'exécutif peine à se décider. "Deux semaines sans secrétaires d'Etat, ça fait long. Je n'ai pas le souvenir qu'on ait attendu autant de temps par le passé", enrage un conseiller ministériel dans Le Parisien. Les sortants attendent toujours de savoir s'ils vont rester ou faire leurs cartons dans les prochains jours. Ainsi, dans la soirée du 15 juillet, Christelle Dubos se présentait sur son compte Twitter comme une "ancienne secrétaire d'Etat auprès du ministre des Solidarités et de la Santé". Le lendemain matin, l'adjectif "ancienne" était supprimé.

En coulisses, les candidats se bousculent. "Ma boîte mail est saturée de demandes. C'est le rodéo, tout le monde veut monter sur la vache", raconte un ministre important au Parisien. "Il faut faire de la place aux élus macronistes, aux élus du MoDem", souligne Valérie Astruc. "A l'Assemblée, le vivier LREM s'agite", constate Libération. Les députés de la majorité, "nombreux à avoir rêvé d'un maroquin ministériel, n'ont pas totalement remisé leurs ambitions", affirme le quotidien. Quitte à être déçus. Car dans ce jeu de chaises musicales, Emmanuel Macron est le maître des horloges : il a le dernier mot dans les arbitrages. Son objectif est de parvenir à un savant équilibre entre les sensibilités politiques, les accointances et une parité femmes-hommes exigée. Résoudre une telle équation prend du temps.

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