Reportage Gouvernement de Michel Barnier : "Ce serait bien qu'il y ait un miracle", confient des soignants, sans trop y croire

Franceinfo sonde les Français et leurs attentes du gouvernement de Michel Barnier. Mardi, parole aux personnels de santé, une des "priorités" de son gouvernement.
Article rédigé par Solenne Le Hen
Radio France
Publié Mis à jour
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Les soignants dénoncent régulièrement leurs conditions de travail et le manque de moyens auquel ils sont confrontés. (photo d'illustration) (ROMAIN PERROCHEAU / AFP)

Alors que le nom du futur ministre de la Santé n'est pas encore connu, direction l’hôpital, un secteur en crise depuis des années, et plus précisément celui de Nemours, en Seine-et-Marne, où les soignants comme les patients sont désabusés. Sous un ciel gris et pluvieux, le moral du personnel est aussi maussade que la météo. "Ça fait 33 ans que je travaille ici. Ils ont fermé des services. La première, c'était la maternité. Après, ça a été le bloc opératoire. Comme il n'y avait plus de bloc, ils ont fermé la chirurgie et l'orthopédie", explique un brancardier.

Cette aide-soignante a, elle aussi, l’impression d’un hôpital qui s’effrite au fil des ans : "Les moyens, il n'y en a pas. Quand vous regardez ici déjà avec quoi on travaille... Il n'y a rien. Manque de matériel, manque de personnel, manque de médecins, manque de tout", résume-t-elle.

Alors qu'attendent ces soignants du prochain gouvernement ? Pas grand-chose, surtout après cette phrase de Michel Barnier, lors de son premier déplacement samedi 7 septembre à l’hôpital Necker à Paris : "On ne va pas faire de miracles." Pourtant, la santé est une des "priorités" de son gouvernement. Il a ainsi souhaité devant la presse "que des progrès rapides soient visibles dans les campagnes dans l'offre de soins (...) en même temps qu'on continuera à s'occuper de mieux faire fonctionner l'hôpital, avec les personnels".  Reste que la préparation du budget de la Sécurité sociale, dont le déficit se creuse, a pris du retard, alors que le secteur de la santé est en souffrance, entre un hôpital public sous-financé et une crise des urgences. Plusieurs chantiers visant à résorber la désertification médicale sont à l'arrêt, comme une réforme du métier d'infirmière ou l'expérimentation de l'accès direct aux médecins spécialistes. 

"Ce serait bien qu'il y ait un miracle, rétorque l'aide-soignante, Mais les miracles, est-ce que ça existe vraiment ? Quand on vous donne de plus en plus de charges, de plus en plus de glissements de tâches et puis par rapport à ça, on vous dit 'allez-y, débrouillez-vous'. Plus de glissements de tâches, ça ne veut pas dire augmentation de salaire pour autant."

Ce sont les patients "qui trinquent"

Des salaires pas assez élevés, un manque de reconnaissance, cela explique l’actuelle crise des vocations, pour Valérie, aide-soignante : "On dit 'fonctionnaire', mais c'est quoi nos avantages ? La sécurité de l'emploi ? Mais quand je vois qu'il y a certains hôpitaux qui ferment parce qu'il n'y a plus de lits, il n'y a plus de médecins, il n'y a plus tout ça, je ne suis même pas sûre qu'on l'ait encore." Elle écourte l'échange parce qu'elle a du travail.

En effet, la journée est chargée, il faut s’occuper des patients, comme Liliane, venue passer une radio : "C'est nous qui trinquons, pour les soins et tout. C'est le cirque maintenant pour avoir des rendez-vous, il n'y a plus de médecins et en plus ça prend des dépassements d'honoraires. Ceux qu'on va voir, on n'est plus remboursé. Alors on se demande si on va arriver à se faire soigner encore. Et puis il manque du personnel aussi? C'est toujours pareil." Et Liliane n'attend rien d'un futur ministre de la Santé, "mais avec eux, il n'y a pas de problème", dit-elle. "S'ils sont malades, ils auront de quoi se soigner ces gens-là. C'est ça qui m'énerve."

Le prochain ministre de la Santé sera le sixième nommé depuis le début du quinquennat, il y a un peu plus de deux ans.

Franceinfo sonde les Français et leurs attentes du gouvernement de Michel Barnier. Mardi, parole aux personnels de santé au micro de Solenne le Hen

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