"Une déchirure" : face au gouvernement Attal, l'aile gauche de la majorité tentée par la création d'un groupe dissident

Alors que le gouvernement Attal marque un virage à droite, un projet de scission s'organise au sein des élus de la majorité marqués à gauche.
Article rédigé par franceinfo
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Des députés à l'Assemblée nationale, à Paris, le 13 juin 2023. (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP)

La loi immigration et maintenant un gouvernement qui vire à droite, composé d'anciens ministres sarkozystes : au sein de l'aile gauche de la majorité, le malaise s'intensifie à quelques jours de la reprise à l'Assemblée nationale. Au point de donner envie à certains de créer un groupe dissident. Un nouveau groupe, de gauche, mais qui resterait au sein de la majorité, avec ceux qui ont la nausée depuis ce coup de barre à droite du bateau macroniste.

"Il y a une vraie déchirure, une plaie béante, je ne suis plus prête à faire d'efforts", confie à franceinfo l'une des représentantes de l'aile gauche, qui porte ce projet de scission avec une forme de nostalgie des débuts du macronisme. Mais pas question de partir "pour les mauvaises raisons", avec de "la rancœur, de l'amertume." L'idée est simplement d'affirmer une ligne sur des "totems de gauche" : "solidarité, humanité, transition écologique", au sein de la majorité et pas dans l'opposition.

Des ministres sortants à la tête de ce groupe dissident ?

Certains imaginent dans ce groupe des ministres qui viennent de la gauche, qui sortent ou pourraient sortir. L'ancienne Première ministre elle-même, Elisabeth Borne : "Si elle refuse des postes au gouvernement c'est qu'elle a un truc derrière la tête", devine le conseiller d'un ministre. "Il ne faut pas sous-estimer son pouvoir de nuisance".

D'autres pensent à Clément Beaune, qui était jusque-là ministre des Transports. Il reçoit, nous dit-on, des textos qui l'encouragent à reprendre son siège de député pour animer la fronde, à condition qu'il ne revienne pas au gouvernement.

Mais pour l'instant rien de concret. Ont-ils, d'ailleurs, intérêt à le faire ? "2024 n'est pas une année qui se jouera à l'Assemblée", analyse un conseiller. "Le chaudron de la politique va se déporter sur les plateaux et les meetings" avant les Européennes, ce qui pourrait d'ailleurs refroidir les envies d'émancipation de certains députés. 

Des réunions secrètes organisées

Ceux qui pensent à cette scission peuvent-ils y arriver ? Numériquement c'est compliqué, car pour devenir un groupe il faut être 15 et telle est la difficulté. Quand ces députés se comptent, ils ne sont - sur la trentaine de parlementaires de sensibilité de gauche - que sept ou huit à promettre de signer en bas de la feuille. Les autres, il faut aller les chercher, les convaincre. Des réunions "très informelles" pour ne pas dire secrètes, se tiennent dans des salles de réunion du palais Bourbon. Sans réservation, pour ne pas attiser les soupçons, pour éviter que ces rencontres soient interprétées comme une trahison : "le jour où l'on aura décidé de partir, ils vont nous clouer au pilori", redoute un participant.

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