Travaux d'intérêt éducatif : "Il faut aider les parents dépassés", estime Eric Dupond-Moretti
"Il faut aider les parents dépassés", estime mercredi 31 janvier sur franceinfo, Eric Dupond-Moretti, ministre de la Justice alors que le Premier ministre a annoncé vouloir créer des "travaux d'intérêt éducatif" pour les délinquants de moins de 16 ans. "Tu casses, tu répares. Tu salis, tu nettoies. Tu défies l'autorité, tu apprends à la respecter", a notamment déclaré Gabriel Attal, mardi lors de son discours de politique générale.
Le chef du gouvernement prône le placement en internat des jeunes "qui ne respectent pas nos règles et qui sont violents". Il veut également créer des "travaux d'intérêt éducatif" pour les délinquants de 13 à 16 ans, une mesure proche du travail d'intérêt général (TIG) qui relèvera du cadre judiciaire également. "Le travail d'intérêt général, c'est un travail. Or, les conventions internationales nous interdisent de faire travailler les enfants. Alors que fallait-il faire ? Soit rien, soit prendre la situation en charge et faire en sorte que des mineurs soient pris en charge avant l'âge de la responsabilité pénale", explique Eric Dupond-Moretti.
Le tribunal pour enfants pourra prononcer ces "travaux d'intérêt éducatif", mais sans que l'on sache précisément, pour l'instant, de quel type de travaux il s'agit. À l'heure actuelle, les TIG peuvent, par exemple, relever de travaux de remise en état en cas de vandalisme, comme nettoyer des tags, ou encore se rendre dans une association ou dans une collectivité pendant un nombre d’heures limitées. "Le travail civique qui va se mettre en place c'est quoi ? C'est rappeler les valeurs de la République, c'est rappeler la laïcité, l'autorité", argumente le garde des Sceaux.
"On sait tous qu'il y a un défaut d'autorité aujourd'hui dans l'époque qui est la nôtre."
Eric Dupond-Moretti, garde des Sceauxsur franceinfo
Plus globalement, Eric Dupond-Moretti appelle à "remettre les choses dans l'ordre". En premier lieu, "ceux qui éduquent les gamins, c'est les parents". Selon lui, l'Etat n'a pas vocation à se substituer à l'autorité parentale mais il va "aider les parents dépassés". Le ministre de la Justice pense particulièrement "aux mamans solos" car "60% des gamins" qui ont participé aux émeutes déclenchées après la mort d'une jeune Nahel en juin dernier "sont élevés par une femme seule", rappelle-t-il. Eric Dupond-Moretti nuance ses propos tenus au moment de ces violences urbaines, appelant "à responsabiliser les parents", car si certains sont "défaillants", d'autres sont "dépassés".
"Venir en aide à la maman solo"
Le ministre de la justice estime qu'il "n'est pas très compliqué" de les différencier. "Il y a d'un côté de la désinvolture et même d'ailleurs de la complicité", déclare-t-il en dénonçant "les parents qui profitent des trafics de leur gamin". D'un autre côté, le parent dépassé "veut sortir son gamin de l'ornière dans laquelle il se trouve, veut que son gamin ne traîne pas dans les rues, veut que son gamin ne devienne pas délinquant".
Eric Dupond-Moretti "pense à la femme de ménage, qui travaille la nuit, qui ne peut pas surveiller son gamin". Il assure que l'Etat peut "venir en aide à la maman solo", mais "pas en supprimant les allocations familiales, pas en stigmatisant le comportement d'une maman dépassée". L'une des solutions selon lui, pour aider ces parents est de faire "intervenir des militaires, les gendarmes, les policiers, des éducateurs de la PJJ", la Protection judiciaire de la jeunesse. Une mesure "pragmatique", défend Eric Dupond-Moretti. "On va demander au service de police d'aller voir la maman et de lui dire : 'Madame, est-ce que vous voulez qu'on vous donne un coup de main ? Est-ce que vous voulez qu'on sorte votre gamin du quartier ? Est-ce que vous voulez qu'on le rescolarise ?'"
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