Gouvernement "resserré", cas Oudéa-Castéra, des déçus à "consoler" : la deuxième partie du remaniement suscite de nombreuses interrogations

Si Gabriel Attal est à Matignon depuis trois semaines, son gouvernement n'est toujours pas au complet. Des ministres de plein exercice, des portefeuilles parfois gigantesques, mais pas de ministres délégués ou de secrétaires d'État pour certains secteurs en crise qui s'impatientent.
Article rédigé par franceinfo
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Le Premier ministre Gabriel Attal et le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti lors d'une session de questions au gouvernement à l'Assemblée Nationale, le 17 janvier 2024. (JULIEN DE ROSA / AFP)

"Il y a vraiment de quoi se faire des nœuds au cerveau !", avoue un conseiller de l'exécutif. Le remaniement gouvernemental a des allures de casse-tête. Gabriel Attal est devenu le locataire de Matignon depuis presque un mois, mais des ministres manquent à l'appel quand d'autres ont hérité de portefeuilles gigantesques. La liste supplémentaire des ministres délégués et secrétaires d'État devrait être donnée en "début de semaine" prochaine, murmure-t-on, mais des secteurs en crise s'inquiètent.

Logement, santé... Des dossiers urgents sur le feu

En premier lieu : le logement. Qui sera le nouveau ministre ? "Il n'y en a pas, et pourtant la crise est déjà là", s'inquiète un membre du gouvernement. Les transports ou les professions de santé s'impatientent également. Autre dossier brûlant : faut-il remplacer Amélie Oudéa-Castéra ? La ministre de l'Éducation nationale, de la Jeunesse, des Sports et des Jeux olympiques semble abonnée aux polémiques, mais soutenue, au moins officiellement, par Emmanuel Macron. "Le tribunal médiatique et populaire, le président en a soupé", explique un de ses lieutenants.

Le casse-tête ne s'arrête pas là : comment contenter François Bayrou et Édouard Philippe, les deux alliés de la majorité froissés par la nomination des ministres de plein exercice et qui estiment ne pas avoir été suffisamment bien traités ? Le maire de Pau, allié historique du chef de l'État, sera fixé sur son sort lundi 5 février : le jugement doit être rendu après son procès dans l'affaire des assistants du MoDem au Parlement européen. Certains l'imaginent récupérer l'Éducation nationale, s'il était blanchi. Quant au maire du Havre, patron d'Horizons, il reste discret depuis l'arrivée de Gabriel Attal à Matignon. "Il n'a pas sauté au plafond, il plaidait pour garder Élisabeth Borne", avoue un proche.

Un gouvernement avec au maximum une trentaine de membres 

La liste des ministres délégués et de secrétaires d'État fait aussi l'objet d'une lutte d'influences au sein du gouvernement, parce que leur nombre dit beaucoup de l'influence et de l'importance du ministre de tutelle. Consigne a été pourtant donnée par Emmanuel Macron lui-même : maximum une trentaine de membres dans la version finale du gouvernement, pour conserver ce format "resserré". Cela va donc obliger, de fait, les ministères les plus gourmands à se serrer la ceinture. 

Par exemple, dans la dernière équipe Borne, Bercy avait quatre ministres délégués, la Transition écologique trois avec deux secrétaires d'État supplémentaires, une équation intenable aujourd'hui. "Que fait-on de la mer et de la biodiversité ?", s'interroge tout haut un ministre au fait des discussions. "Il va aussi falloir consoler les déçus", anticipe un autre.

Quelles places enfin pour ceux qui incarnaient, jusqu'ici, une sensibilité de gauche, comme Clément Beaune, Patrice Vergriete ou Olivier Dussopt ? Les soutiens de la première heure Olivia Grégoire, Sabrina Agresti-Roubache, Roland Lescure vont-ils être reconduits ?

La suite du casting gouvernemental a été lâchée par bribes ces dernières semaines. Outre Agnès Pannier-Runacher à la Santé, Emmanuel Macron a lui-même vendu la mèche en laissant entendre que Stanislas Guérini allait revenir à la Fonction publique, avec en toile de fond aussi la désignation avant début mars de la tête de liste de Renaissance pour les élections européennes. Au risque donc que ce remaniement soit un peu déceptif, un soutien du chef de l'État préfère prévenir : "On n'a pas que des Rachida Dati en réserve".

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