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Agnès Pannier-Runacher soupçonnée de conflit d'intérêts : "Elle n'est pas du genre à s’affranchir des règles", la majorité fait bloc autour de la ministre

Le media "Disclose" a révélé que les enfants d’Agnès Pannier-Runacher ont bénéficié de dons de leur grand-père, provenant de paradis fiscaux. La Haute autorité pour la transparence de la vie publique "va procéder à des vérifications approfondies". Mais la majorité dit n’avoir aucun doute sur la probité de la ministre.

Article rédigé par franceinfo - Neila Latrous, Yannick Falt
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
La ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, le 7 novembre 2022. (LUDOVIC MARIN / POOL)

"Agnès Pannier-Runacher, c’est quand même la 'Madame Propre' du gouvernement", commente un cadre de la majorité, en réaction à l’affaire révélée par le média Disclose. Une enquête révèle que les enfants de la ministre de la Transition énergétique ont bénéficié d’une dotation de leur grand-père, ancien dirigeant de la société pétrolière Perenco, et que ces fonds provenaient de paradis fiscaux. Agnès-Pannier Runacher n'est "pas du genre à s’affranchir des règles", renchérit un autre cadre. Un argument répété en boucle au sein de la majorité.  

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Ministre sans interruption depuis 2018, celle qui est désormais en charge de la Transition énergétique est passée plusieurs fois au scanner de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique. Au sommet de l’exécutif, on estime donc n’avoir aucune raison de douter, sur le fond, de ses explications. Même si, autour d’Emmanuel Macron, on regrette que l'affaire ait éclipsé ce qui devait être la grande annonce du chef de l'État : le plan de décarbonation des industries les plus polluantes

Pas d'inquiétude pour le texte sur les énergies renouvelables

Jeudi 8 novembre, face à des oppositions survoltées, Élisabeth Borne est montée au créneau à l’Assemblée : "Nous sommes dans un hémicycle, pas dans un tribunal", s’est agacée la Première ministre. Il faut dire que ces révélations tombent mal car Agnès Pannier Runacher doit défendre dans les prochaines semaines un texte sur les énergies renouvelables à l’Assemblée. Pour l’instant, pas de changement de plan. "Cette loi n’a rien à voir avec la cause pétrolière, insiste un conseiller. C’est l’accélération et le développement des renouvelables, l’inverse du pétrole". Les arguments sont déjà rôdés.

Autour d’Élisabeth Borne, on note qu’après la publication de l’enquête de Disclose, les socialistes ont fait savoir qu’ils abordaient le texte avec un regard "plutôt bienveillant". Donc à ce stade, pas d’inquiétude, "mais les heures à venir sont déterminantes", note, prudent, un président de Commission. La crainte, c’est celle du feuilletonnage, du rebond, de la justice qui ouvre une enquête. "C’est tenable, si ça s’arrête là", résume un communicant.  

Agnès Pannier-Runacher prête à se défendre

Car pour l’heure effectivement, aucune enquête n'est ouverte. Agnès Pannier-Runacher s'est toutefois entourée de pointures du barreau pour la conseiller : Christophe Ingrain, qui défend déjà le garde des sceaux Éric Dupont-Moretti, et François Kopf, l’ancien avocat de Bernard Tapie. Et les arguments sont déjà affûtés. Il n’y a pas de conflit d'intérêt, éludent-ils, car la ministre n'a pris aucune décision en lien avec Perneco, l'entreprise pétrolière dont son père a été l'un des dirigeants, ni d'évasion fiscale car, même si les fonds de la société qu'il a créé pour ses petits-enfants sont domiciliés dans des paradis fiscaux, les impôts eux sont bien payés en France.

Quant au fait de ne pas avoir déclaré la société en question à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique, les avocats de la ministre rappellent que ce n'était pas une obligation car ce sont ses enfants qui en sont les associés. L'entourage d'Agnès Pannier-Runacher précise tout de même qu'elle se tient à la disposition de la Haute Autorité qui promet des vérifications approfondies.

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