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Rejet de l'allongement du congé de deuil d'un enfant : "Quelques fois, désobéir au gouvernement, c'est lui rendre service"

Jean-François Cesarini, député LREM du Vaucluse, est revenu pour franceinfo mardi 4 février sur la tension entre la majorité parlementaire et l'exécutif, après le rejet par le députés marcheurs jeudi 30 janvier de l'allongement du congé de deuil de 5 à 12 jours pour un parent qui a perdu un enfant.

Article rédigé par franceinfo
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Jean-François Cesarini, député LREM du Vaucluse, invité de franceinfo. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

"On ne pouvait pas considérer que ce qui s'était passé jeudi dernier était uniquement de la responsabilité des députés", s'est expliqué Jean-François Cesarini, député LREM du Vaucluse sur franceinfo mardi 4 février. Les députés de la majorité ont été critiqués par le gouvernement après leur rejet jeudi 30 janvier de l'allongement du congé de deuil de 5 à 12 jours pour un parent qui a perdu un enfant. 

Ce qui n'a pas plu à Jean-François Cesarini : "On nous a dit qu'on était des gens sans cœur, sans humanité (…), c'est un peu fort de café", a-t-il tempêté, avant de promettre : "On va revenir avec une alternative (…) et passer par le Sénat, par l'Assemblée nationale", pour avancer "des propositions plus ambitieuses".

franceinfo : L'ambiance était-elle tendue au matin du mardi 4 février en réunion de groupe à l'Assemblée nationale ?

Jean-François Cesarini : Il fallait s'expliquer. On a passé un week-end à être les boucs émissaires du vote qui s'est passé jeudi, comme si on était des gens sans cœur, sans humanité, des imbéciles. On a même lu qu'on pouvait être "des cons" de la part d'un ministre qui s'est exprimé sous couvert d'anonymat. C'était un peu fort de café. On ne pouvait pas considérer que ce qui s'était passé jeudi dernier était uniquement de la responsabilité des députés. Le gouvernement nous a demandé de voter contre ce texte avec des arguments que certains partagent. Effectivement ce texte proposait un allongement des jours de deuil pour un parent qui a perdu un enfant. Des jours payés par les entreprises. On pense évidemment que ce n'était pas acceptable, parce qu'il y a des fonctionnaires qui peuvent aussi perdre des enfants et qui n'auraient pas pu bénéficier de cet allongement, de ce congé parental. On ne fait pas un deuil en quelques jours, pas plus en six qu'en douze jours. C'est un accompagnement de toute une vie. Pour tout cela, techniquement on a eu raison de voter contre. Politiquement, le gouvernement n'a pas anticipé, pour faire des annonces, qui aujourd'hui sont faites mais trop tard. Ce matin, il a fallu sauver notre honneur et expliquer que la faute était beaucoup plus large que simplement de faire porter à quelques députés la responsabilité de tout ça.

Comment expliquer ce couac et cette incompréhension ?

Le gouvernement nous a dit de voter contre cette proposition. Nous votons contre cette proposition et, dans la foulée, le gouvernement nous dit que nous sommes des imbéciles et des cons. Oui, on a voté en notre âme et conscience. On aurait dû préparer en amont une alternative et ne pas se retrouver à dire non sans avoir rien d'autre à proposer. Bien évidemment, on va le faire, on va accélérer les choses. On va passer par le Sénat, on va ensuite passer par l'Assemblée nationale avec des propositions plus ambitieuses. Mais il est clair qu'on ne pouvait pas après le week-end de violences, tout à fait légitimes, qu'on a subies de la part de l'opinion publique qui ne pouvait pas comprendre comment des députés peuvent refuser ce genre de choses-là à des parents qui ont perdu un enfant, considérer qu'on serait les seuls responsables, les seuls néophytes et ceux qui n'auraient aucun sens politique, aucun cœur. Comment peut-on croire qu'un député quelle que soit sa couleur politique, n'ait aucun cœur pour considérer qu'un parent qui a perdu un enfant, c'est quelque chose de négligeable.

Le parti présidentiel En Marche est-il en crise ?

Quelques fois, il faut se dire les choses. Je pense qu'on est plus utiles quand on arrive à avoir des voix différentes, dissonantes peut-être parfois. Pendant un an, on nous a dit qu'on était des godillots, qu'on votait la même chose et maintenant on vient nous dire, ça y est, c'est le désordre, c'est la fronde qui revient. Encore heureux dans ce pays que pour être parlementaire on n'ait pas à choisir entre deux cases qui seraient : frondeur et godillot. On se dit les choses, j'espère que ça laissera des traces dans ce groupe, je fais partie plutôt de l'aile gauche, je suis plutôt quelqu'un qui dit les choses et j'ai une parole assez libre. J'espère que d'autres ont pris conscience sur cet exercice, sur ce week-end-là qui a été difficile, que quelques fois, désobéir au gouvernement, c'est lui rendre service.

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