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"Le chômage ne fait pas partie de leur vocabulaire" : ces filières professionnelles que Jean-Michel Blanquer veut valoriser

Le ministre de l'Éducation veut développer les formations professionnelles, avec la création notamment de "Harvard de la voie pro".

Article rédigé par Alexis Morel - Édité par Noémie Bonnin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Les secondes pro chaudronnerie du lycée Eiffel, de Varennes (Seine-et-Marne), en atelier. (AUDE LAMBERT / RADIO FRANCE)

Les élèves de seconde pro chaudronnerie liment, coupent et soudent le métal, dans le grand atelier du lycée de Varennes (Seine-et-Marne). Il y a 15 ans, ils n'étaient que six ou sept par promotion. Désormais, ils sont une vingtaine. "Aujourd'hui je me lève et franchement, je suis content d'aller en cours", témoigne l'un d'entre eux, Mathis.

Si les mentalités changent, ces formations professionnelles restent encore mal aimées, dévalorisées, alors qu'elles sont aussi des voies d'excellence. Le ministre de l'Éducation, Jean-Michel Blanquer, labellise d'ailleurs jeudi 6 février une vingtaine de "campus d'excellence", pour mettre en réseau les entreprises et les lycées professionnels d'une région autour d'un même secteur d'activité : l'aéronautique à Toulouse, la plasturgie dans l'Ain...

"Super fier"

Beaucoup des jeunes de seconde pro de Varennes ont eu des difficultés au collège, frôlé l'échec scolaire. Mais depuis leur arrivée ici, ils ne sont plus vraiment les mêmes. "Au début, on se disait qu'on n'avait pas beaucoup de potentiel, et là, personnellement ça me rend super fier d'avoir des super bulletins alors que ça faisait longtemps que je n'avais pas eu ça", poursuit Mathis.

Comme beaucoup ici, Simon s'est révélé en quelques mois : "Moi par exemple, en classe de troisième, je ne savais pas du tout ce que je voulais faire. Je me faisais virer de chaque cours, je ne faisais plus rien. Depuis que je suis ici, tout a changé." L'un de ses camarades, Maxence, complète : "Certaines personnes, qui ont continué en filière générale sans avoir d'excellents résultats trouvaient ça un peu bizarre d'aller en pro, dans une voie manuelle. Mais aujourd'hui, j'ai 16 de moyenne, eux ils sont en train de galérer."

Des filières d'avenir

Des jeunes qui retrouvent le goût de l'école, au point désormais de ne pas vouloir s'arrêter au bac pro : "Moi je me voyais juste avoir un bac, et puis stopper les études pour travailler. Mais là, je veux désormais faire des études supérieures après", affirme Mathis.

Je suis dans l'objectif d'être le meilleur dans ce que je veux faire.

Mathis

à franceinfo

Les enseignants confirment : certains élèves ici poursuivent par un BTS, voire une école d'ingénieur. Car loin des clichés, la chaudronnerie est un secteur d'avenir : Simon veut devenir scaphandrier dans l'armée, Mathis rêve de voyager, en travaillant sur les conduits des plateformes pétrolières.

Simon Frostin, professeur en structure métallique au lycée Eiffel de Varennes (Seine-et-Marne). (AUDE LAMBERT / RADIO FRANCE)

À en croire leur professeur Simon Frostin, ces jeunes ont bien raison d'être ambitieux. "Tous les élèves sortant avec leur diplôme ont du boulot le lendemain. Notre problème, c'est que les entreprises essaient de récupérer nos élèves avant la fin de leur formation, parce que les ayant eu en stage, et ayant vu le niveau de certains, elles préfèrent les embaucher directement pour pallier leur manque de main-d'œuvre. On est parfois obligés de batailler avec les entreprises."

Le chômage ne fait pas partie de leur vocabulaire.

Simon Frostin, enseignant

à franceinfo

Des entreprises prêtes à débaucher des jeunes avant même leur bac pro, il n'y a donc pas d'inquiétude sur les débouchés. Le plus gros défi désormais, c'est d'attirer des filles : elles sont seulement trois dans le lycée de Varennes.

Certains jeunes se révèlent dans la voie professionnelle - reportage Alexis Morel

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