Pour Marine Le Pen, la France "n'est pas responsable du Vel d'Hiv"
Invitée du "Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI", dimanche, la candidate FN a tenu des propos polémiques au sujet de l'un des épisodes les plus sombres de l'histoire de France, au cours duquel plus de 13 000 juifs ont été arrêtés à Paris en 1942.
Voilà une sortie qui n'a pas manqué de faire réagir. Au micro du Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI, dimanche 9 avril, Marine Le Pen a déclaré que la France n'était "pas responsable du Vel d'Hiv", au cours de laquelle plus de 13 000 juifs avaient été arrêtés puis déportés dans des camps nazis.
Par ses propos, la candidate du Front national remet en cause la déclaration officielle. En 1995, Jacques Chirac avait en effet reconnu la responsabilité de la France. Marine Le Pen a développé : "Je pense que de manière générale, plus généralement d'ailleurs, s'il y a des responsables, c'est ceux qui étaient au pouvoir à l'époque, ce n'est pas la France."
Le Crif dénonce "des propos révisionnistes"
Une sortie qui a aussitôt été condamnée. Le Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France) dénonce dans un communiqué "des propos révisionnistes qui dévoilent le véritable visage du Front national. Par ces propos, Marine Le Pen s'inscrit dans la tradition vichyste et collaborationniste de son père".
Ses déclarations sont une insulte à la France, qui s'est honorée en 1995 à reconnaître sa responsabilité dans la déportation des juifs de France et faire face à son histoire, sans mémoire sélective.
Crifdans un communiqué
Des responsables politiques, de droite comme de gauche, ont également réagi sur Twitter.
En niant la responsabilité de l'Etat français sur le Vel d'Hiv, @mlp_officiel rejoint son père sur le banc de l'indignité & du négationnisme
— Christian Estrosi (@cestrosi) 9 avril 2017
Sur la responsabilité de la France dans la rafle du Vel d'Hiv, je préfère le discours lucide de Jacques Chirac au déni de Marine Le Pen
— Pierre Moscovici (@pierremoscovici) 9 avril 2017
"Stop à l'instrumentalisation", se défend la candidate
De son côté, Emmanuel Macron a expliqué sur BFMTV qu'"aucuns avaient oublié que Marine Le Pen est la fille de Jean-Marie Le Pen. Il ne faut pas avoir de complaisance ou minimiser ce qu'est le Front national aujourd'hui dans notre pays. Donc c'est une faute grave, ce qu'elle a fait".
Dans un communiqué publié en fin de soirée, Marine Le Pen a dénoncé une "instrumentalisation (...) indigne". "Comme Charles de Gaulle, François Mitterrand, ou encore de nos jours Henri Guaino, Jean-Pierre Chevènement, ou Nicolas Dupont-Aignan, je considère que la France et la République étaient à Londres pendant l’occupation, et que le régime de Vichy n’était pas la France", écrit-elle, avant de préciser que sa position "n’exonère en rien la responsabilité effective et personnelle des Français qui ont participé à l’ignoble rafle du Vel d’Hiv".
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