Trois critiques faites à la formation de 500 000 chômeurs annoncée par François Hollande
Le chef de l'Etat a présenté un plan pour inverser la courbe du chômage. Parmi les mesures annoncées, la formation de 500 000 chômeurs.
"Pôle emploi déploiera de nouvelles formations." 500 000 pour être exact, afin de réagir à l'"état d'urgence économique et social' décrit par le président, lundi 18 janvier, lors de ses vœux au Conseil économique, social et environnemental. La formation de 350 000 chômeurs en 2016, en complément des 150 000 déjà annoncés, a rapidement déclenché de vives critiques. Francetv info vous résume trois points qui font douter de la faisabilité d'une telle mesure.
Pôle emploi est déjà saturé
Cet effort devra être pris en charge par Pôle emploi, alors que l'agence peine déjà à traiter tous les dossiers. "Le déploiement du plan Hollande est toujours possible, on saura le faire, mais c'est toujours pareil, ce sera au détriment d'autre chose, et des choses à faire, à Pôle emploi, ce n'est pas ce qui manque !" a déclaré à L'Opinion Nathalie Potavin, déléguée centrale CGT.
Traiter les demandes, lancer les appels d'offre, sélectionner les candidats... Autant de tâches qui s'ajoutent au planning des conseillers. Selon L'Opinion, chaque agent se chargerait déjà de 500 à 700 inscrits, et ce malgré les 4 000 conseillers recrutés entre 2012 et 2013 et le renfort des jeunes en service civique. "Dans le meilleur des cas, il faudra un gros trimestre avant que les premières entrées en formation se fassent, soit pas avant le début de l'été", estime Philippe Berhault, secrétaire adjoint de la Fédération protection sociale, travail, emploi à la CFDT, dans les colonnes de L'Opinion.
Elle serait trop coûteuse
"L'Etat dégagera un milliard d'euros pour mobiliser tous les acteurs", a précisé François Hollande. Certains soulignent pourtant que le coût en sera bien plus important. Concernant les 500 000 formations, elles coûtent 4 000 à 5 000 euros en moyenne par personne, selon Le Figaro. "Un effort supplémentaire de 400 000 stages représente donc, sur le papier, un coût de 2 milliards d'euros", remarque le quotidien.
Une note qui devra être divisée entre les différents payeurs de la formation des chômeurs, à savoir les régions, Pôle emploi et les fonds paritaires. Le Figaro souligne pourtant que "la formation des chômeurs coûte déjà chaque année à la nation quelque 4,5 milliards d'euros, dont 2,6 financés par Pôle emploi".
Elle n'encouragera pas l'embauche
Certains avancent également que l'opération ne fera que faire basculer 500 000 chômeurs de la catégorie A, des demandeurs d'emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d'emploi, à la catégorie D, des demandeurs d'emploi non tenus de faire des actes positifs de recherche d'emploi en raison d'un stage, d'une formation, d'une maladie...
Une catégorie dans laquelle ils risquent de rester, d'après Jean-Claude Mailly. Cité par Le Monde, le secrétaire général de Force ouvrière explique que la formation, en l'absence de croissance, n'assure pas forcément une entrée sur le marché du travail. "Ce n’est pas tout d’être formé, il faut trouver un emploi à la clef", remarque le syndicaliste. Et de s'interroger : "Comment on fait pour créer des emplois ?"
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.