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Europe : des consultations citoyennes pour quoi faire ?

Pendant six mois, les Français vont avoir l'occasion de dire ce qu’ils attendent de l’Europe. Emmanuel Macron doit lancer officiellement l'initiative, mardi, lors d’un discours au Parlement européen à Strasbourg.

Article rédigé par franceinfo
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Le chef de l'Etat français, Emmanuel Macron, à Bruxelles (Belgique), le 23 mars 2018. (LUDOVIC MARIN / AFP)

"Citoyen, citoyenne, c'est quoi l'Europe pour vous ?" Pas de panique, pour répondre à cette question, vous n'avez pas quatre heures, mais six mois. Les dirigeants européens veulent connaître votre avis sur l'Union. En clair : ce qui fonctionne, ce qui ne fonctionne pas... Aucune obligation d'y participer, il s'agit seulement d'une consultation citoyenne qui va être lancée officiellement mardi 17 avril par Emmanuel Macron lors d’un discours au Parlement européen à Strasbourg (Bas-Rhin). Opération de communication ou vraie relance du projet européen, franceinfo vous explique tout ce qu'il faut savoir de cette initiative.

C'est quoi cette consultation citoyenne ?

C'est Emmanuel Macron qui en a eu l'idée il y a sept mois. En septembre 2017, au pied du Parthénon à Athènes (Grèce), il explique vouloir "collectivement" retrouver "la force de refonder notre Europe", "en commençant par l'examen critique sans concession de ces dernières années." 

La souveraineté, la démocratie, la confiance sont en danger. 

Emmanuel Macron

dans un discours à Athènes

Ce jour-là, il propose alors d'organiser "des consultations démocratiques pendant six mois". L'idée fera son chemin. Tous les Etats membres finissent par se joindre à l’opération, y compris les Pays-Bas et la Hongrie qui s'y sont ralliés in extremis. 

A partir d'aujourd'hui et pendant six mois, des consultations citoyennes vont être lancées partout en Europe pour connaître les attentes des habitants sur l'Union, son rôle et ses missions. En clair : recréer du lien avec cette Europe mal-aimée. "Aujourd’hui, dans tous les domaines, l’Europe est mise au défi. Du changement climatique au terrorisme, de la révolution numérique aux migrations, aucune réponse nationale isolée n’est à la hauteur d’enjeux qui ignorent les frontières", expliquait la ministre chargée des Affaires européennes, Nathalie Loiseau, dans Le JDD, dimanche 15 avril.

Où donner son avis ?

Rien qu'en France, plus d’une centaine de débats doivent être organisés d’ici à l’automne. "Partout, dans les mairies, les universités, les chambres de commerce, les lieux de culture, les entreprises, les syndicats, les associations qui le souhaitent, on va débattre d’Europe, dire ce qu’on en attend, ce qu’on espère, ce qu’on regrette, ce qu’on propose..., détaille Nathalie Loiseau. Nous voulons toucher la plus grande variété de publics, quelles que soient les tranches d’âge, les origines géographiques et socio-professionnelles." Vous-même, chez vous, vous pouvez organiser une consultation. Il suffit d'écrire à écrire à consultations.citoyennes@diplomatie.gouv.fr. Ces consultations n’exigeront des participants qu’un engagement : pas d’insultes. Un comité de surveillance aura pour rôle d'éviter toute instrumentalisation. A l’Elysée, on jure que l’exercice sera "transpartisan et ouvert", écrit Le Parisien.

On veut sortir du cercle des déjà convaincus !

un proche de l'Elysée

au "Parisien"

En France, les premiers projets voient le jour un peu partout, "de Saint-Omer à Brignoles en passant par Quimper", se félicite-t-on au gouvernement. Le président de la République va lui-même donner l'exemple. Il sera à Epinal (Vosges), mardi 17 avril dans la soirée, pour un "échange libre, sans filtre" au milieu de 200 à 300 personnes. 

A quoi serviront les résultats ?

Sur ce point, l'Elysée reste assez flou. La consultation se terminera à la fin octobre, "de manière à ne pas interférer avec la campagne pour les élections européennes", qui auront lieu en mai 2019, explique Nathalie Loiseau. Les conclusions seront publiées sur le site quelleestvotreeurope.fr

La restitution du résultat des consultations, sur laquelle s’appuieront les dirigeants européens pour dessiner les contours d’une nouvelle Union européenne.

Nathalie Loiseau, ministre chargée des Affaires européennes

dans "Le JDD"

Ces conclusions seront ensuite débattues entre chefs d’Etat et de gouvernement lors du Conseil européen programmé au mois de décembre. Ce qui laisse penser que "les partis politiques auront le temps d’intégrer ses principaux enseignements en vue des élections européennes", promet-on dans l’entourage de la ministre des Affaires européennes.

Reste que des experts ne peuvent s'empêcher d'y voir une énième opération de communication. Dans le passé, des consultations européennes de citoyens ont déjà été organisées par la Commission européenne, notamment en 2007 et 2009. Mais pour quels résultats ? Dans les colonnes de La Croix, Marie Dufrasne, experte de la démocratie participative dans l’UE, craint que "la démarche voulue par Emmanuel Macron ne souffre, comme les autres, d’un défaut de conception". Pour cette intervenante à l’université Saint-Louis de Bruxelles, "le dispositif de consultation en lui-même est prévu", mais dans un second temps, "le suivi est sous-investi". Il y a donc un risque, selon elle, "de déception immense."

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