Ce qu'il faut retenir de la conférence de presse de François Hollande
Pendant deux heures, le président de la République a répondu aux questions des journalistes. Francetv info revient sur les moments forts de son intervention.
Pour la quatrième fois depuis 2012, François Hollande a répondu, jeudi 18 septembre, aux questions de quelque 350 journalistes rassemblés dans la salle des fêtes de l'Elysée pour sa conférence de presse de rentrée. Politique étrangère, terrorisme, fiscalité, Europe et présidentielle 2017, le président de la République a abordé un grand nombre de sujets dans un contexte politique particulièrement difficile.
Francetv info vous résume les grandes lignes de son intervention.
Le style
Après quelques lapsus en début d'intervention, le président de la République a rapidement trouvé ses marques dans un exercice qu'il affectionne. Face à l'opposition qui réclame sa démission, il s'est montré déterminé. "Je serai président jusqu'au bout, je n'ai pas d'autres priorités, pas d'autres objectifs, a-t-il martelé. Ce qui fait ma légitimité, c'est le mandat de cinq ans que j'ai reçu et la majorité qui soutient le gouvernement."
Conscient de son impopularité et de son absence de résultats économiques, il a fait preuve d'humilité. "Les résultats tardent à venir, je le sais, je le vois. Ils viendront, j'espère avant 2017", a-t-il reconnu. Fini le présomptueux "moi, président de la République". L'anaphore du jour se voulait plus modeste : "Pas facile, quand on a été élu comme je l'ai été par des personnes souvent modestes, d'expliquer qu'il convenait d'abord de distribuer des soutiens aux entreprises", a-t-il concédé, avant de citer sur le même mode "la réforme pour la dépense publique" ou la détaxation des heures supplémentaires. "Je l'ai fait", a-t-il conclu.
Autre preuve de sa volonté d'apparaître comme un homme humble, sa réponse à une question sur sa visite, en août, à l'île de Sein (Finistère), où il a prononcé, trempé sous une pluie battante, un discours lors des commémorations du 70e anniversaire de la Libération. "Vous pensez que j'aurais pu aller quérir un parapluie quand d'autres étaient rincés ?, a-t-il lancé. Je pense qu'être président de la République, cela consiste justement à être avec les Français sous les intempéries."
Les annonces
Après avoir laissé le soin à son Premier ministre d'annoncer mardi de nouvelles mesures de politique intérieure, le président a d'abord concentré l'essentiel de ses annonces à la politique étrangère.
Des frappes contre l'Etat islamique en Irak. L'armée française va répondre à l'appel des autorités irakiennes, qui demandent un soutien aérien dans la guerre contre les jihadistes de l'Etat islamique. "Dès que nous aurons identifié des cibles, nous agirons, dans un délai court", a déclaré le chef de l'Etat. "Il n'y aura pas de troupes au sol et nous n'interviendrons qu'en Irak", a-t-il cependant précisé.
Un hôpital militaire en Guinée pour lutter contre Ebola. "Je viens de décider d'installer, dans les jours qui viennent, un hôpital militaire en Guinée forestière, là où se situe le foyer principal de l'épidémie", a déclaré François Hollande, avant de préciser : "Il s'agit de sauver des vies, et de protéger les nôtres".
Il est ensuite revenu sur plusieurs sujets qui ont animé le débat en France ces dernières semaines.
Un report de l'objectif de réduction du déficit public à 3% du PIB. Après le dérapage début septembre du déficit français, le président de la République a indiqué qu'une négociation pour reporter à 2017 le retour du déficit public à 3% du PIB allait être engagé avec l'Union européenne. "Ce serait une faute de réduire à marche forcée nos déficits dans ce contexte de faible croissance et de faible inflation", a-t-il déclaré.
La phrase : "Le déficit public n'est pas la première priorité"
C'est une phrase qui ne manquera pas de faire réagir à Bruxelles. "Le déficit public, c'est un point important, mais avec les taux d'intérêt faibles, ce n'est pas la première priorité", a déclaré le président de la République. La France "ne fera pas davantage" que 50 milliards d'économies, pour ne pas "mettre en cause la croissance".
Il en a profité au passage pour adresser un message à la chancelière Angela Merkel. "Qu'on ne nous demande pas de faire en cinq ans ce que les Allemands ont fait en plus de dix ans et dans un environnement bien plus favorable et sans contrainte de déficit public", a-t-il également lancé, semblant rejoindre sur ce point les thèses défendues par Arnaud Montebourg.
Les apartés politiques
La présidentielle 2017. Au plus bas dans les sondages, François Hollande a refusé de dire s'il serait candidat à sa réélection. "L'idée de ma candidature n'est pas présente", assure-t-il. Le président de la République a même semblé prendre rendez-vous avec l'histoire au cas où l'absence de résultats ne lui permettrait pas de se représenter. "Ce qui compte dans la vie politique, c'est de faire son devoir. Quelquefois, on sert l'avenir plutôt que le présent", a-t-il déclaré.
Manuel Valls. Interrogé sur une éventuelle rivalité avec son Premier ministre, François Hollande a déclaré : "Ce n'est pas envisageable". "J'ai choisi Manuel Valls pour ses qualités, son courage, son sens de l'Etat et sa loyauté", a-t-il rappelé.
Nicolas Sarkozy. Le retour sur la scène politique de son rival se précise. Mais François Hollande refuse de commenter la campagne pour la présidence de l'UMP. "Ceux qui ont dirigé le pays hier et avant-hier ont parfaitement le droit de vouloir gouverner à nouveau demain et après-demain", a-t-il glissé, faisant également allusion à Alain Juppé.
Thomas Thévenoud. Pour le chef de l'Etat, l'affaire Thévenoud est d'abord une réussite de la loi sur la transparence votée après l'affaire Cahuzac. "Il n’y a pas davantage d’élus indélicats, mais davantage de procédures qui permettent de les sanctionner", a-t-il estimé, avant d'inviter l'ancien secrétaire d'Etat à démissionner de l'Assemblée nationale.
Les frondeurs. Le président a déclaré, à l'attention des socialistes contestataires, dont les députés "frondeurs", que rien n'empêche de "poursuivre le débat", mais "dans le cadre qui est fixé".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.