Vanuatu : pourquoi la France s'intéresse de nouveau à ce bout de terre du Pacifique

Nouvelle étape ce jeudi pour Emmanuel Macron en déplacement en Nouvelle-Calédonie avec une visite symbolique dans cet archipel, ancienne colonie française et britannique, où l'influence chinoise se fait aujourd'hui de plus en plus forte.
Article rédigé par Paul Barcelonne
Radio France
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Emmanuel Macron, lors de sa visite au Vanuatu, à Port-Villa, le 27 juillet 2023. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Quelle place pour la France dans l’Indo-Pacifique ? Emmanuel Macron va tenter de répondre à cette question jeudi 27 juillet, après plus de deux jours en Nouvelle-Calédonie. Le chef de l’Etat est au Vanuatu et c'est un déplacement fort en symboles historiques. C'est le premier déplacement d’un président dans le Pacifique, en dehors des territoires français. 

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Emmanuel Macron est arrivé dans la soirée, mercredi 26 juillet au Vanuatu, une nouvelle étape de ce déplacement qui tend à implanter la France dans cette région du monde où règne l’influence chinoise. Il a été accueilli par le grand chef coutumier, au-dessus de la baie de Port-Vila, la capitale : "Vous avez fait le même chemin que le général de Gaulle"

Le Vanuatu est une ancienne colonie française et britannique. Aujourd’hui, ce petit pays indépendant, qui compte 300 000 habitants, est l’un des plus pauvres du monde. Aucun président français ne s’y est rendu depuis le général de Gaulle, d’où une forme de repentance de la part d'Emmanuel Macron. "Nous reconnaissons notre passé colonial, ici au Vanuatu. Nous sommes les héritiers de ce passé de souffrance et d'aliénation, du trafic d'êtres humains en passant par les atteintes à la coutume dans toutes ses expressions. Le Vanuatu a subi une colonisation aussi brutale que celle qui a sévi ailleurs en Afrique ou en Asie", a déclaré le chef de l'Etat français. 

Quelque 3 000 Français résident au Vanuatu

Pourtant, 57 ans après, et c'est toute l'ambiguïté, la France semble plus proche que jamais du retour, désireuse d’étendre son influence, de montrer qu’elle est "un pays du Pacifique", comme l'a indiqué Emmanuel Macron. 3 000 Français vivent ici à l’année, il y a une ambassade, un lycée français, mais c'est une goutte d’eau dans un océan, au regard de l’influence du géant chinois. Pékin a jeté son dévolu sur le Vanuatu qui est sa porte d’entrée vers la "Route de la soie". 

La France met donc en œuvre une stratégie pour contrer l’influence de la Chine. C’est le sens de la visite d’Emmanuel Macron ici. Cette influence est telle que la résidence du Premier ministre a été entièrement financée par Pékin, tout comme le flambant neuf Palais des Congrès. "L'Indo-Pacifique tout particulièrement, et peut-être l'Océanie plus encore en son sein, a une souveraineté et une indépendance qui sont bousculées par le monde contemporain. D'abord, la prédation des grandes puissances, les ingérences se multiplient. Il y a en Indo-Pacifique, et tout particulièrement en Océanie, de nouveaux impérialismes qui apparaissent et une logique de puissances qui vient menacer la souveraineté de nombreux Etats, les plus petits, souvent les plus fragiles", explique Emmanuel Macron.

La France compte bien se poser en défenseure de la souveraineté du Vanuatu. "Nous n’avons pas de politique anti-chinoise, nous proposons une alternative aux pays de la région", indique l’Élysée. La France veut envoyer plus de militaires, il y en a déjà 7 000 au total dans la région. 

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Elle va aussi reconstruire un hôpital détruit par un cyclone, car le Vanuatu est sans cesse menacé par les lois de la nature. La Terre a encore tremblé ici dans la nuit du mercredi 26 au jeudi 27 juillet. Le changement climatique est au cœur des préoccupations. La France va investir 200 millions d’euros pour aider les Etats les plus vulnérables, la moitié sous forme de dons et l'autre moitié sous forme de prêts. Ce sera encore le thème de son déplacement vendredi 28 juillet en Papouasie-Nouvelle-Guinée, une nouvelle visite historique dans l’un des poumons verts de la planète. 

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