Reportage "Qu'est-ce que vous êtes venu faire en Guyane ?" : échanges tendus et indifférence de la population lors de la visite d'Emmanuel Macron

À près de 10 000 km de Paris, le chef de l'État est confronté à chaque pas au défi de l’unité de la Nation, qui est pourtant son mantra. Il s’est rendu lundi en pleine forêt Amazonienne, à Camopi.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Emmanuel Macron visite une exploitation agricole à Matoury, dans le cadre d'une visite de deux jours en Guyane, le 25 mars 2024. (JODY AMIET / AFP)

En pleine jungle, Camopi est un village coupé du monde qu'Emmanuel Macron atteint en hélicoptère. Quelques minutes de pirogue et le président est accueilli par des hommes habillés en pagne. "Vous êtes tous nés à Camopi ?", leur demande Emmanuel Macron. "Oui, si nous sommes venus en tenue traditionnelle, ce n'est pas pour faire joli... On tient beaucoup à nos vêtements", lui répond un homme.

Mais face aux ravages de l'orpaillage illégal, et à l'appétit du Brésil situé juste en face, ces traditions et ces rites appartiennent aussi à la France et à la République, rappelle le chef de l'État : "Nous savons ici qu'il y a des femmes et des hommes qui vivent en République française et y vivent aussi avec leurs traditions. Ensuite, se joue ici une partie des missions régaliennes extrêmement importantes : celle de la protection de notre territoire. Face à des gens qui, venant de l'étranger, viennent piller les ressources et mettre en danger la vie de nos ressortissants."

"Je pense que c'est très important de redire aux confins de la République qu'il n'y a pas de double standards. On les défend ici, comme partout ailleurs."

Emmanuel Macron

en Guyane, le 25 mars 2024

Pourtant, quelques heures plus tôt, la Place des Palmistes, au cœur de Cayenne, semble presque indifférente à la visite présidentielle. Quand un habitant interpelle Emmanuel Macron : "Nous ne sommes pas des Français, un point c'est tout. Mais moi, je vous demande, qu'est-ce que vous êtes venu faire en Guyane ? De nous baratiner avec des baratins." Des échanges musclés et peu habituels, il n'y a pas de bain de foule ici. Comme si la petite phrase de 2017 quand le chef de l'État avait déclaré ne pas être "le Père Noël" avait déclenché cette indifférence des Guyanais.

Sept ans après, pas de grève ni de mouvement social, mais des réponses attendues sur l'autonomie après l'exemple corse. "Pour moi, le débat ne doit pas être idéologique, doit être très pragmatique et c'est comme ça d'ailleurs que je l'ai fait en Corse, explique Emmanuel Macron. C'est une situation qui est très différente. Ici, vous avez une vraie singularité, si je puis dire régionale, et vous avez d'ores et déjà un autre cadre institutionnel. Donc il y a un article qui permet déjà d'adapter beaucoup de choses. Le fait-on pleinement ? L'utilise-t-on comme il faut ? Faut-il créer d'autres adaptations ? En tout cas, je suis ouvert s'il est au service d'un projet de territoire dans la République", répond-il.

À Kourou mardi 26 mars, Emmanuel Macron boucle la boucle sur le site d'assemblage de la fusée Ariane 6. Industrie, souveraineté, rayonnement... Son autre message à ce bout de France que le chef de l'Etat veut garder arrimé à la République.

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