"Quatre siècles d’histoire coloniale ne sont racontés nulle part en France et ce n'est pas normal"

"On ne peut pas faire d’histoire en effaçant les traces, les archives, les monuments, changer les dialogues, refaire les textes, sinon dans vingt ou trente ans des gens nous diront que tout ça n’a jamais existé. Il faut garder des traces surtout dans les territoires urbains pour arriver à comprendre pourquoi on a pu rendre hommage à certains hommes", avance l’historien Pascal Blanchard.

"Avec la distance, on sait que l’histoire est plus compliquée. Nous avons la distance du temps, le savoir et notre point de vue n’est pas celui de nos aînés. Il y a un énorme travail de pédagogie à faire, souvent plus compliqué que de démolir des statues", poursuit-il sur franceinfo lundi 15 juin. 

"Macron peut le faire"

"Si on veut raconter à nos enfants notre histoire coloniale, nous n’avons aucun musée pour le faire. Quatre siècles d’histoire coloniale ne sont racontés nulle part en France. Ceux qui cassent des statues ont raison de penser que ce n’est pas normal. Mais la meilleure manière pour arriver à faire passer ce message est-elle de détruire les traces de cette histoire ? La problématique est de dialoguer sur ces enjeux sinon de plus en plus de monuments seront détruits parce que de plus en plus de demandes ne seront pas entendues", développe Pascal Blanchard. 

"L’histoire est un éternel recommencement de l’écrire, ça ne veut pas dire que l’histoire change, ça veut dire que la manière dont on en parle dans notre temps n’a plus les mêmes codes qu’avant. Quand l’histoire rentre au musée, c’est aussi une part de reconnaissance du récit de l’autre. Il faut assumer les éclaboussures de l’Empire colonial et Emmanuel Macron est d'une génération qui peut le faire car il est né après", conclut ce spécialiste des enjeux de diversité et de l’histoire de l’immigration.