"Politiquement, je ne comprenais pas où on allait" : un remaniement déjà en cours dans l'entourage d'Emmanuel Macron à l'Élysée
Alerte au blues généralisé. Après les 18 premiers mois du second quinquennat qui ont essoré les équipes, et pas seulement à l'Élysée, l'ambiance est morose. "Sept ans que j'étais dans cet univers, j'avais le sentiment de ne plus avoir de souffle", lâche un conseiller qui vient de claquer la porte avec une bonne excuse : "Politiquement, je ne comprenais pas ce qu'on portait et là où on allait".
S'il a promis un rendez-vous avec la Nation en janvier, en attendant Emmanuel Macron cherche donc son cap. Encore et toujours, diront certains. En cette fin d'année, après un épisode houleux autour de la loi immigration portée par Gérald Darmanin, le chef de l'État profite ces jours-ci d'un peu de repos au fort de Brégançon, dans le Var. Son agenda est totalement vide avant l'allocution pour les vœux aux Français prévue dimanche 31 décembre à 20h, puis le Conseil des ministres mercredi prochain. D'ici là on s'active en coulisses, et notamment à l'Élysée, où un remaniement est en cours dans l'entourage du président.
"Se relever les manches"
L'année 2024 s'annonce chargée, après le gros coup de fatigue de la fin 2023 lié aux crises récentes : la réforme des retraites, le vote chaotique de la loi immigration et la "victoire idéologique" revendiquée du Rassemblement national, ou encore, fait rare en Macronie, un ministre - celui de la Santé, Aurélien Rousseau - qui démissionne. "Je suis pour arrêter la déprime collective et ce côté auto-réalisateur", balaye un autre conseiller.
"Si on n'arrête pas de se dire que Le Pen est au pouvoir, que ça sent la fin de règne et que les Européennes sont perdues : autant rentrer chez nous."
Un conseiller d'Emmanuel Macronà franceinfo
Alors, comme lui, ils sont plusieurs à "vouloir se relever les manches". Après la trêve des confiseurs, la rentrée et la promesse d'un retour aux fondamentaux pour tordre le cou à l'idée d'un quinquennat qui ne démarrera jamais, "il me reste 3 ans et demi", répète souvent Emmanuel Macron en coulisses. Émancipation, Europe, bataille pour le plein-emploi, les défis ne manquent pas. Et un de ses proches en témoigne : "Ce qui agace le Président, c’est de démarrer la conversation par 'il n’y a pas de cap', comme s’il n’y avait pas de philosophie d’ensemble".
De nouveaux visages pour un "alignement parfait"
Or, pour éviter ce procès en impuissance, le chef de l'État joue au chamboule-tout dans son entourage. Ainsi, l'un de ses plus anciens et plus proches collaborateurs va changer de bureau : Patrick Strozda, son directeur de cabinet, depuis 2017. Cet homme de l'ombre, rouage essentiel de la vie à l'Elysée, sera remplacé début janvier par Patrice Faure, 56 ans, un ancien militaire, préfet, qui a été haut-commissaire en Nouvelle-Calédonie. "Il faut un alignement parfait entre ce que veut le président et ce que ressentent ses équipes", traduit un ministre à franceinfo.
La valse des conseillers, monnaie courante dans les ministères, a aussi emporté Frédéric Michel, conseiller en communication d'Emmanuel Macron, reparti dans le privé. Pour le remplacer, et mettre en musique une forme de story-telling, le nom de Jonathan Guémas revient avec insistance : "Ce n'est pas officiel, mais c'est fait", assure un ministre à franceinfo.
Plume du chef de l'État jusqu'à la fin de la campagne 2022, Jonathan Guémas lui a ensuite soufflé le concept d'écologie "à la française" et reparlé de "décivilisation", ce concept emprunté au sondeur Jérôme Fourquet. "On ne gagne que quand on est dans la conquête", se rassure un ami qui a récemment entendu Emmanuel Macron faire part de sa volonté de "rythmer les choses", dans une Nation qui connaît parfois du "tumulte".
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