Palais de Chaillot, grue et bilan... Comment va se dérouler l'interview d'Emmanuel Macron dimanche soir sur BFMTV et Mediapart ?
C'est aux questions d'Edwy Plenel et Jean-Jacques Bourdin qu'Emmanuel Macron devra répondre, dimanche 15 avril à 20h35. Deux heures d'interview filmée, pendant lesquelles le président de la République dressera le bilan de sa première année de mandat.
Après l'école primaire, le théâtre. Dimanche 15 avril à 20h35, Emmanuel Macron répondra aux questions d'Edwy Plenel et de Jean-Jacques Bourdin. Une interview de deux heures diffusée en direct sur BFMTV et le site de Médiapart, et que franceinfo suivra.
A quelques semaines du premier anniversaire de son arrivée à l'Elysée, Emmanuel Macron respecte ainsi l'une de ses promesses de campagne : dresser chaque année un bilan de son action. Franceinfo vous en dit plus sur les conditions d'organisation de cette interview.
Où l'entretien sera-t-il tourné ?
Après l'interview-fleuve du 12 avril avec Jean-Pierre Pernaut, c'est cette fois-ci dans un théâtre qu'Emmanuel Macron se prêtera à l'exercice. Et pas des moindres, puisque le président et ses intervieweurs s'installent au théâtre du palais de Chaillot, dans le 16e arrondissement de Paris, révèle Le Parisien.
Vue sur la tour Eiffel, à proximité des jardins du Trocadéro, sous le Parvis des Droits de l'Homme : le cadre choisi est solennel et symbolique. Le palais de Chaillot a notamment accueilli le siège de l'ONU à partir de 1948. C'est d'ailleurs dans la grande salle du théâtre qu'a été signée, la même année, la Déclaration universelle des droits de l'homme... avant que le lieu ne redevienne un lieu de culture emblématique.
Qui sera chargé d'interroger le président ?
Jean-Jacques Bourdin pour BFMTV-RMC et Edwy Plenel pour Mediapart auront la tâche d'interviewer Emmanuel Macron. "Chacun va poser ses questions avec ses sensibilités, ses envies, en toute liberté", assure à Europe 1 Hervé Béroud, directeur général de BFMTV.
Ce choix a tout de même soulevé des critiques, dont certaines émanant de la rédaction de Mediapart, qui regrette le format de cette interview, quasiment en tête-à-tête, décidé par l'Elysée. "Le collectif journalistique cède la place à un duo d'hommes blancs de plus de 60 ans, désigné par le président : zéro parité, zéro diversité, personnalisation poussée à l'extrême".
Jean-Pierre Pernaut, Edwy Plenel, Jean-Jacques Bourdin... L'absence de femmes dans les journalistes ayant l'opportunité d'interroger le président de la République soulève aussi des réactions. Interrogée par "Quotidien", mercredi 11 avril, Caroline Roux, journaliste et présentatrice de "C dans l'air", a déploré ce manque dans les choix de l'Elysée : "On dit souvent, quand on parle des femmes à la télévision, que ce n'est pas bien de mettre des quotas ou d'avoir une démarche très volontariste [...] Là, en réalité, il faudrait qu'il y ait un peu de volontarisme. [...] Ce qui m'a choquée dans cette histoire-là, c'est qu'ils n'ont même pas essayé de faire semblant."
Malgré les polémiques, les journalistes misent beaucoup sur cet entretien. Dans sa note, la rédaction de Médiapart espère que l'association avec Jean-Jacques Bourdin, "questionneur offensif et lui aussi déterminé à briser les codes du sacro-saint entretien présidentiel", permettra de "rompre avec six décennies de ronronnement et de pompe présidentielle".
Comment cela s'est-il organisé ?
Pendant la campagne présidentielle, le candidat Emmanuel Macron avait promis à Mediapart et à BFMTV de revenir sur leurs plateaux pour répondre aux journalistes et dresser le bilan de sa première année de mandat (s'il était élu). Les deux médias ont donc relancé le président. Challenges raconte qu'il y a un mois, Ismaël Emelien, conseiller spécial du président, a pris contact avec BFM et Mediapart, pour proposer une interview commune.
Le choix du lieu a fait débat. Les équipes du président ont en effet refusé les locaux de Mediapart, proposant "l'Elysée ou (...) un lieu culturel", explique un billet de Mediapart qui dévoile les coulisses de l'interview. Mais la proposition d'organiser l'entretien à l'Elysée a été écartée d'un commun accord avec BFM, explique la rédaction de Mediapart. C'est ainsi que le choix s'est porté sur le théâtre de Chaillot.
Nous avons posé, en accord avec Jean-Jacques Bourdin, une ligne rouge, et celle-ci sera respectée : refuser que l'entretien se déroule à l'Elysée. On ne se rend pas au palais présidentiel à un moment où les journalistes en sont écartés.
Mediapartsur le blog de la rédaction
Comment va se dérouler l'entretien ?
"Le déroulé précis de l'interview" n'a pas encore été définitivement arrêté, affirme Hervé Béroud, directeur général de BFMTV, au Figaro.
Il n'y aura pas de séquençage formel, avec "X" grands thèmes, comme cela a pu être le cas durant les débats des primaires ou de la présidentielle. On s'oriente plus vers un déroulé naturel au fil des questions.
Hervé Béroud, directeur général de BFMTVau "Figaro"
L'un des paris de cet entretien vise à s'éloigner le plus possible du format proposé par TF1, il y a à peine quelques jours. Pas de Français pour interroger le président, pas de reportages, ni même de publicité. Seulement un plateau, installé en triangle pour permettre aux deux journalistes, qui n'ont pas l'habitude de travailler ensemble, de pouvoir s'observer pendant l'interview. "Lors des interviews où l'on est disposés en rangs d'oignon, on passe son temps à se regarder pour savoir qui prend la parole", explique Hervé Béroud, qui mise sur cette disposition en triangle pour garder un certain naturel dans l'interview. Pour la technique, une grue a été déployée, huit caméras seront chargées de filmer l'intérieur et deux autres, l'extérieur du palais.
Et pour la préparation, au moins deux réunions préparatoires se sont tenues entre les équipes des deux médias, révèle Challenges. Du côté de l'Elysée, "Emmanuel Macron s'enferme dans son bureau avec ses fiches et il bachote comme un étudiant", a confié à RMC un proche du chef de l'Etat. L'entretien doit durer deux heures et sera diffusé en direct.
De quoi vont-ils parler ?
Sur TF1, au journal de 13 heures, Emmanuel Macron s'adressait prioritairement à la France des retraités et des campagnes. Hervé Béroud évoque, dans "Village médias" sur Europe 1, une "interview de proximité" sur TF1 avec notamment le cadre de l'école, les reportages et les interpellations. Le président avait longuement évoqué la CSG, la baisse du pouvoir d'achat des retraités ou encore la limitation de la vitesse à 80 km/h.
Pour l'entretien de ce 15 avril, le président devrait revenir sur les frappes en Syrie menées par la France, en association avec Londres et Washington. Autres pistes de questions : la laïcité, la réforme des institutions, la réduction du déficit ou encore les diverses grèves qui touchent la France, tant du côté des cheminots que des étudiants.
"Tout cela va permettre de creuser plus les différents sujets de l'actualité que cela n'a été fait jeudi", prévient Hervé Béroud à l'AFP, "et évidemment il y aura une place plus importante sur les questions qui engagent la France dans le conflit syrien, la Turquie, Trump, Poutine...".
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