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Le fort de Brégançon "fait partie de l'imaginaire présidentiel des Français", Emmanuel Macron "se place dans cette histoire-là"

Brigitte et Emmanuel Macron passent le week-end au fort de Brégançon, à Bormes-les-Mimosas dans le Var. C'est l’une des résidences d’été officielles de la Présidence, un "symbole" de l'histoire de France, selon le journaliste Guillaume Daret.

Article rédigé par franceinfo
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Le fort de Brégançon, à Bormes-les-Mimosas (Var). (BERTRAND LANGLOIS / AFP)

Le président de la République Emmanuel Macron et son épouse passent le week-end du 12 et 13 mai au fort de Brégançon, dans le Var, un lieu qui "fait partie de l'imaginaire présidentiel des Français", estime samedi 12 mai sur franceinfo le journaliste Guillaume Daret, auteur du livre Le fort de Brégançon. Histoire, secrets et coulisses, à paraître en juin aux Editions de l’Observatoire. Emmanuel Macron "est habité par l'idée de s'inscrire dans l'histoire de France et dans ses symboles. Et le fort de Brégançon est un de ces symboles", explique-t-il.

franceinfo : Quel symbole convoque Emmanuel Macron en choisissant de retourner à Brégançon ?

Guillaume Daret : C'est celui de l'histoire présidentielle. C'est tout sauf une décision technique et administrative. C'est un rite, Brégançon, dans l'imaginaire des Français. On a tous l'image de Nicolas Sarkozy qui descend à vélo, de Jacques Chirac à la sortie de la messe à Bormes-les-Mimosas. Cela fait partie de l'imaginaire présidentiel des Français. En allant là-bas, Emmanuel Macron se place dans cette histoire-là. Il est allé au Louvre le soir de son élection, il a reçu Donald Trump aux Invalides, il a reçu Vladimir Poutine à Versailles. Il est habité par l'idée de s'inscrire dans l'histoire de France et dans ses symboles. Et, le fort de Brégançon est un de ces symboles.

N'est-ce pas risqué pour quelqu'un qui prétend vouloir incarner une forme de modernité de la fonction, de réinvestir ce lieu qui semble vieillot aux yeux des Français ?

Il est peut-être vieillot dans les faits, quand on a eu la chance de le voir. Ce n'est pas bling-bling, ce n'est pas clinquant du tout, c'est même un petit vieux et dépassé. Je pense que ce qu'il se dit, c'est que s'il casse déjà les codes par son âge, de nouvelles pratiques, il a aussi besoin de s'inscrire dans cette tradition-là. Il fait le pari que l'image d'un Emmanuel Macron présent au fort de Brégançon, ce sera plus important que le côté un peu vieillot des lieux. Son entourage explique aussi que c'est toujours mieux que d'aller dans un hôtel luxueux à l'étranger, ou sur le yacht d'un ami à l'étranger. Il y a une volonté d'assumer presque une forme de sobriété, au moment où certains lui reprochent d'être le président des riches.

Le fort de Brégançon était très prisé par Georges Pompidou, par Valéry Giscard d'Estaing, moins par leurs successeurs, pourquoi ?

Le premier d'entre eux c'est François Mitterrand. C'est vrai qu'il y est très peu allé, pour des raisons personnelles. C'est quelqu'un de beaucoup plus aquitain, qui vient du Sud-Ouest de la France, la Méditerranée ce n'est pas trop son truc, la Côte d'Azur non plus. Il préfère les grandes forêts des Landes. Ensuite, Jacques Chirac, cela a été un peu la restauration. Dans les présidents les plus récents, c'est peut-être celui dont l'image est le plus associée à ce fort de Brégançon. Cela lui permettait d'aller au contact des gens. Avec Nicolas Sarkozy et François Hollande, on sent qu'il y a un changement de génération. Quand vous êtes à Brégançon, à la fois vous êtes très tranquille si vous voulez rester à ne rien faire en haut de ce piton rocheux, et en même temps vous êtes un peu "prisonnier de la République", c'est le terme qu'a employé François Hollande. Si vous voulez sortir vous ne pouvez pas échapper aux paparazzis. Il y a aussi une question d'aspect très pratique. Nicolas Sarkozy a épousé Carla Bruni qui a une maison à une quinzaine de kilomètres du fort de Brégançon, au Cap Nègre, beaucoup plus moderne.

Est-ce qu'un président de la République peut espérer passer des vacances sereines, voire incognito ?

C'est extrêmement compliqué. L'année dernière, Emmanuel Macron était dans la résidence du préfet de Provence-Alpes-Côte-d'Azur, à Marseille. Il n'y a eu quasiment aucune image qui est sortie de ces vacances-là. Ce qui montre que les responsables politiques, quand ils souhaitent que rien ne sorte, rien ne sort quasiment. Emmanuel Macron sait que s'il fait le choix d'aller à Bormes-les-Mimosas se promener, ou d'aller saluer les gens sur la plage, il n'échappera pas à ces photos-là. François Hollande m'a confié qu'à un moment, les chefs d'État se disent : "Je vais descendre quelques minutes, tant pis, je serai photographié et après on me laissera tranquille." C'est un peu naïf de leur part, parce qu'évidemment les paparazzis ne les laissent pas tranquilles et restent jusqu'à leur départ.

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