Élysée : "On est au bout des économies. On ne peut pas offrir aux dirigeants étrangers des pommes de terre à l'eau avec des saucisses"
L'ancien député PS René Dosière, spécialisé dans les finances publiques, estime, dimanche sur franceinfo, que "les dépenses de l'Élysée sont maintenant transparentes et surtout elles sont contrôlées".
Le couple Macron assume la quasi-totalité des dépenses liées à la vie à l'Élysée, selon les informations de franceinfo recueillies auprès de la présidence dimanche 29 avril, confirmant des informations du Parisien. Emmanuel et Brigitte Macron payent notamment leur dentifrice, les croquettes pour leur chien Némo ou encore leur taxe d'habitation du palais. Interrogé sur franceinfo, l'ancien député PS René Dosière, spécialisé dans les finances publiques et les dépenses de l'Élysée, estime que réaliser davantage d'économies à l'Élysée serait "mettre en cause le fonctionnement de la présidence". "On ne peut pas offrir aux dirigeants étrangers des pommes de terre à l'eau avec des saucisses."
franceinfo. Comment analysez-vous ces détails révélés dans la presse ?
René Dosière. Puisque le président de la République dispose d'un vrai traitement, fixé par la loi à l'initiative de Nicolas Sarkozy en 2008, il n'est plus nécessaire que l'Élysée prenne en charge la totalité de ses dépenses personnelles et privées, comme c'était le cas auparavant. Les Macron n'ont pas de loyer à payer, mais j'espère qu'ils vont quand même régler les quittances d'eau et d'électricité, ne serait-ce que pour suivre l'exemple du général De Gaulle [le Général tenait à payer ces factures]. Quant à la taxe d'habitation... Le couple continuera de la payer tant qu'elle ne sera pas totalement supprimée [ce qui est la volonté du président]. Il n'est pas concerné par la fin progressive de la taxe d'habitation pour huit Francais sur dix. Emmanuel Macron gagne trop d'argent pour en bénéficier.
Ce qui est le plus difficile à facturer, ce sont les déplacements privés en jet Falcon, de l'ordre de 5 000 à 6 000 euros de l'heure. C'est un point épineux...
Ca peut surprendre, mais le président de la République et le Premier ministre sont les seuls responsables publics à pouvoir utiliser les avions présidentiels et gouvernementaux pour circuler. La raison: les questions de sécurité liées à leur fonction. Lorsqu'il s'agit d'un déplacement à titre privé, le président de la République comme le Premier ministre sont toujours amenés à être en sécurité. La Cour des comptes a préconisé qu'ils remboursent sur la base d'un prix forfaitaire du billet Air France. C'est plus symbolique qu'autre chose, mais il est quand même important de faire la distinction entre le public et le privé.
Visiblement, les choses ont changé depuis la publication de votre livre "L'argent caché de l'Elysée", en 2007. Mais est-on certain aujourd'hui que son locataire et son entourage sont vertueux ?
Il ne m'appartient pas de le juger. En tout cas, il est vrai que les dépenses de l'Élysée sont maintenant transparentes, et surtout elles sont contrôlées. Tous les ans, la Cour des comptes effectue un contrôle approfondi. L'Élysée est d'ailleurs la seule institution de la République qui est contrôlée tous les ans.
Toutes les enquêtes montrent que le budget de l'Elysée est toujours plus élevé que, par exemple, celui de la chancellerie allemande ou de la Maison-Blanche. Y'a-t-il encore des choses à améliorer ?
Effectivement. Le budget a beaucoup baissé sous François Hollande. Sous Emmanuel Macron, il est pratiquement stable, de l'ordre de 100 millions d'euros. On constate une légère hausse qui est liée à une activité plus forte en début de mandat. En ce qui concerne les frais de bouche, les efforts ont été réalisés. Il n'est pas question de faire des économies sur les réceptions de chefs d'état étrangers. Ce genre d'événement sert à montrer la force de la cuisine francaise, des arts de table ou encore des vins. On ne peut pas offrir à ces dirigeants des pommes de terre à l'eau avec des saucisses, comme cela a pu se produire en Allemagne à la chancellerie, d'après ce que j'ai pu lire. L'essentiel des dépenses relèvent du personnel. On peut encore faire quelques petits efforts, mais on est au bout des économies. Faire plus, ce serait mettre en cause le fonctionnement de la présidence.
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