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Affaire Benalla : ce qu'il faut retenir de l'audition d'Alexis Kohler, le secrétaire général de l'Élysée, au Sénat

Alexis Kohler a été entendu par la commission d'enquête du Sénat jeudi 26 juillet dans l'affaire Benalla.

Article rédigé par Mathilde Goupil
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Le secrétaire général de l'Elysée, Alexis Kohler, devant la commission d'enquête du Sénat, le 26 juillet 2018. (FRANCOIS GUILLOT / AFP)

Son audition était très attendue : le secrétaire général de l'Elysée, et principal collaborateur d'Emmanuel Macron, Alexis Kohler, a été entendu par la commission d'enquête du Sénat jeudi 26 juillet au matin, dans l'affaire Benalla. Pendant plus de 2h30, il a répondu aux questions des sénateurs dans une ambiance sérieuse et calme, parfois même ponctuée de blagues entre hauts-fonctionnaires. Voici ce qu'il faut en retenir.

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Alexandre Benalla "n'a jamais été en charge de la sécurité du président"

"Il n'existe pas de police parallèle à l'Élysée. Nous n'employons pas de milice privée. M. Benalla n'a jamais été en charge de la sécurité du président", a lancé Alexis Kohler, insistant à plusieurs reprises sur ce point. Selon le secrétaire général de l'Elysée, le rôle d'Alexandre Benalla est, jusqu'à son licenciement, d'"organiser l'agenda [d'Emmanuel Macron], ses déplacements, et de s'assurer que tous les services qui doivent concourir à la mission de ses déplacements suivent bien". Alexis Kohler indique par ailleurs que le poste occupé par Alexandre Benalla a été créé "dans les semaines qui ont suivi l'élection", et lui a été attribué en raison de "ses qualités d'organisateur".

Une description de poste en contradiction avec celle qui figure dans l'autorisation de port d'arme accordée à Alexandre Benalla par la préfecture de police de Paris, le 13 octobre 2017, et que Le Point s'est procurée. Il y est noté que ce dernier exerce une "mission de police" et "une mission de coordination de la sécurité, avec les forces militaires et le groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR)". Sur la justification du port d'arme pour un simple "organisateur", Alexis Kohler se montre plus vague. "Je suppose, tout simplement, que le dispositif de sécurité est adapté à l'intensité de la menace et au contexte dans lequel se situe le président de la République, finit-il par lâcher. Mais c'est toujours le GSPR qui est en charge quand le président de la République est en déplacement."

Concernant les possibles tensions entre l'ex-proche collaborateur d'Emmanuel Macron et le GSPR, Alexis Kohler assure ne pas en avoir été "informé". S'il reconnaît qu'"il existe assez peu d'institutions de plusieurs dizaines de personnes dans lesquelles il n'y a pas de tensions", il affirme n'avoir "eu que des retours positifs sur le travail, l'engagement, le dévouement de M. Benalla".

Il juge la sanction d'Alexandre Benalla "proportionnée"

Alexis Kohler a longuement insisté sur la rapidité de la sanction rendue à l'encontre d'Alexandre Benalla. La "suspension de 15 jours avec salaire"  (en réalité, une retenue sur ses droits à congés de 2017) ainsi que l'attribution de "nouvelles fonctions" à son retour à l'Elysée aurait été décidées par le directeur de cabinet de la présidence, Patrick Strzoda, dès le 2 mai, et notifiée à l'intéressé le lendemain. "Il était de l'ordre de l'évidence pour tout le monde que le comportement de M. Benalla devait être sanctionné", explique Alexis Kohler.

Il n'y a eu aucun débat au sein de la présidence de la République sur le fait que ces faits constituaient une faute.

Alexis Kohler

"Compte tenu des éléments à notre connaissance à ce moment-là, la sanction m'apparaît proportionnée", tranche Alexis Kohler, qui reconnaît "qu'aujourd'hui, à la lumière des faits connus depuis lors (...), la sanction peut apparaître insuffisante". Il souligne néanmoins que l'"interpellation musclée" d'Alexandre Benalla, dans un "contexte particulier de violences""n’a pas causé de blessures"

La sanction a-t-elle bien été appliquée ? Alexis Kohler évoque "trois événements publics", "non récurrents" et d'ampleur "exceptionnelle" auxquels Alexandre Benalla a participé durant sa suspension : le retour en France des Bleus, le 14-Juillet, la panthéonisation de Simone Veil. "La chefferie de cabinet n’est pas un service pléthorique", justifie-t-il, "ce jour-là, tout le monde est sur le pont". Il explique par ailleurs que le poste occupé par Alexandre Benalla "n'a pas été remplacé", "ce qui explique que lors des événements, (...) il a dû y participer".

La saisine du procureur de la République n'était pas "justifiée" selon lui

"Je ne méconnais pas la gravité des faits ni ce jour-là, ni aujourd'hui", assure Alexis Kohler, qui estime néanmoins que "je n'avais pas d'éléments qui me permettaient de penser qu'une saisine au titre de l'article 40 [du code de procédure pénale, qui permet de prévenir le procureur de la République qu'un "crime" ou un "délit" a été commis] était justifiée".

Aucune autorité qui n'a eu à connaître de ces faits n'a, à ma connaissance, suggéré l'article 40.

Alexis Kohler

ll refuse de s'exprimer sur les avantages dont bénéficiait Alexandre Benalla

Alexis Kohler a refusé de communiquer la superficie des appartements de fonction et les salaires des collaborateurs de la présidence car "cela relève de l'organisation interne de l'Elysée". Alexandre Benalla assure de son côté au Monde, dans une interview publiée au moment de l'audition d'Alexis Kohler, que son appartement de fonction quai Branly était d'une superficie de "80 mètres carrés" et qu'il touchait "6 000 euros nets" par mois, comme "tous les chargés de mission".

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