"Erreur", "micro polémique", "brutalisation du débat"... Les Verts embarrassés par le tweet de Jean-Luc Mélenchon sur la marche du 16 octobre
Le leader insoumis a fait référence à la Révolution française pour évoquer la marche contre la vie chère du 16 octobre. Les écologistes, qui tiennent leurs journées parlementaires à Strasbourg, sont un peu gênés.
L'embarras est palpable chez les Verts. Après avoir réussi à convaincre in extremis les communistes à rejoindre sa marche contre le vie chère le 16 octobre, Jean-Luc Mélenchon irrite une nouvelle fois ses alliés. Et là encore, c'est avec un tweet que les tensions arrivent. Un message dans lequel le leader insoumis fait un parallèle entre la manifestation du 16 octobre et la Révolution française, appelant à ramener "le roi, la reine et le dauphin".
Un tweet qui agite jusqu'à Strasbourg vendredi 7 octobre, où les écologistes tiennent leurs journées parlementaires. On peut dire qu'ils n'avaient pas vraiment besoin de ça, alors qu'ils tentent de s'extirper de la séquence autour de Julien Bayou. Les voilà rattrapés par les sorties de leur allié insoumis que certains jugent encombrants. "Je pense que la brutalisation à ce point du débat politique, à la fin, ne sert que Marine Le Pen", analyse l'eurodéputé Yannick Jadot. "Ça ne sert pas à faire avancer nos propositions. Ça construit de la défiance vis-à-vis de la politique, on n'est pas dans une situation où on doit mettre la tête de nos dirigeants au bout d'une pic", avance l'ancien candidat écologiste à la présidentielle.
"Une machine à buzz"
Derrière lui, une membre de la direction d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV) lève les yeux au ciel quand on lui demande si Jean-Luc Mélenchon va trop loin, pour elle, c'est évident. Un conseiller dénonce le "storytelling" des Insoumis autour de la Révolution, "ils alimentent la machine à buzz !", s'agace-t-il. Sandrine Rousseau, elle aussi, est embarassée, mais ne veut pas attaquer frontalement le leader insoumis : "Il faut que le 16 octobre marque une opposition au gouvernement Macron. Et par ailleurs on ne coupe pas des têtes", avance la députée de Paris Sandrine Rousseau, un peu embarrassé.
"On marche, on râle, on crie, on danse, on est joyeux, mais par contre non, on ne coupe pas de tête."
Sandrine Rousseau, députée de Parisà franceinfo
D'autres refusent de réagir et se désespèrent plutôt du bruit médiatique que provoque ce nouveau tweet. "C'est une micro polémique", tente de déminer Cyrielle Chatelain, la nouvelle cheffe des députés écologistes. Une autre cadre lève les yeux au ciel quand elle évoque le sujet, dépitée. Certains veulent carrément se désolidariser de cet appel implicite à l'insurrection. "C'est une erreur", tance la députée écologiste Sabrina Sebaihi. "Il faut plutôt mobiliser positivement les gens. Je ne pense pas que dire 'allez chercher Macron à l'Elysée', même si ce n'est pas exactement ce qu'il dit, ce soit la bonne méthode pour mobiliser les gens sur un sujet aussi important que leurs retraites", poursuit-elle.
Chers amis #NUPES, la marche des femmes de 1789 n'a coupé aucune tête ni guillotiné personne. 0 mort. La brutalisation de la vie sociale c'est la vie chère et l'inaction climatique. Marchons au coude à coude. #Marche16Octobre
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) October 7, 2022
Jean-Luc Mélenchon, lui, persiste et signe. Une fois n'est pas coutume, il explique et réexplique son premier tweet avec d'autres messages. Il répond aux figures de la majorité qui s'indignent ça et là, mais aussi à ses alliés. Il écrit notamment dans un second tweet : "Chers amis, la marche des femmes de 1789 n'a coupé aucune tête ni guillotiné personne. 0 mort. La brutalisation de la vie sociale c'est la vie chère et l'inaction climatique."
Le chef des Insoumis tente-t-il un coup de force, au moment où les communistes acceptent in extremis de participer à la marche avec les autres, après des semaines de négociations ? Avec ses tweets, il veut en tout cas montrer qu'il a toujours la main, notamment sur cette marche contre la vie chère, premier grand évènement de la Nupes, à l'extérieur de l'hémicycle.
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