Pourquoi certains parlementaires PS veulent continuer à cumuler
Risque de coupure avec les réalités du terrain, délai nécessaire pour préparer la succession... Au PS, de nombreux députés et sénateurs refusent encore de se soumettre à la règle du non-cumul des mandats.
POLITIQUE - Ils sont nombreux à l'Assemblée, et majoritaires au Sénat. Au Parti socialiste, les parlementaires défavorables à l'interdiction du cumul des mandats sont légion. Une position qui va pourtant à l'encontre d'une promesse de campagne de François Hollande. Si bien qu'à l'occasion de l'université d'été de leur parti, samedi 25 août, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, et la patronne du PS, Martine Aubry, ont dû rappeler à l'ordre leurs amis députés et sénateurs sur cette question.
Pas de quoi faire changer d'avis le numéro un des sénateurs socialistes, François Rebsamen, qui a fait savoir mardi 28 août qu'il continuait à être opposé à cette loi, que François Hollande s'est engagé à faire adopter avant la fin 2012. FTVi en profite pour revenir sur les principaux arguments brandis par les "pro-cumul".
1"On va couper les élus de la réalité du terrain"
C'est l'argument numéro un brandi par les parlementaires qui veulent continuer à cumuler leur mandat de député ou de sénateur avec un mandat exécutif local (maire, maire-adjoint, président ou vice-président de conseil régional ou général) : les élus risquent d'être "coupés de la réalité du terrain".
"Je suis sur le terrain tout le temps, y compris le week-end. On risque de couper l'élu de sa base", témoignait par exemple le député PS Philippe Plisson sur FTVi, fin juin. "Il est important de garder les pieds sur terre. Les parlementaires ont besoin d'être nourris du vécu des gens", abondait dans Les Echos la députée de Corrèze Sophie Dessus, qui a succédé à François Hollande dans la circonscription de Tulle. Le sénateur René Teulade est du même avis. Interrogé par La Montagne, il explique que cumuler un mandat national et un mandat local "permet d'avoir une bonne connaissance du terrain. Il serait regrettable que les mandats nationaux soient uniquement occupés par des énarques détachés de la réalité du terrain...".
2"Il me faut trouver un successeur aussi bon que moi"
Autre argument mis en avant par les cumulards pour ne pas changer les choses : la longue préparation que demanderait leur succession. "Il va falloir trouver des remplaçants dans de nombreuses villes, ça va être difficile", avertit dans Le Figaro le sénateur-maire de Lyon, Gérard Collomb. "Le non-cumul, c'est quelque chose de sérieux. Cela demande de préparer la succession, et ça ne se fait sûrement pas à coup d'effet d'annonce démago !", prévenait également fin juin le député-maire de Lens, Guy Delcourt, interrogé par FTVi. Comme eux, de nombreux députés ou maires socialistes craignent en effet de "perdre" leur ville, en raison du manque de notoriété de leur futur successeur.
Réplique immédiate de Martine Aubry, dans sa lettre publiée mardi 28 août : "Laisser dès aujourd'hui la place à sa ou son successeur dans son exécutif local lui laissera d'autant plus de chance de montrer sa capacité à être en responsabilité et à se présenter devant les électeurs en 2014 ou en 2015."
3"J'ai été élu pour six ans. Abandonner mon mandat en cours de route, ce serait trahir mes électeurs"
Maire de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu depuis 2008, en Loire-Atlantique, la députée Monique Rabin veut bien quitter sa mairie si la loi sur le non-cumul est adoptée. Mais pas avant de terminer son mandat. "Ce serait trahir ceux qui m'ont élu" pour six ans, affirme-t-elle sur le site du Nouvel Observateur. Un argument que reprend à son compte le président du groupe PS au Sénat, François Rebsamen : "J'ai pris un engagement devant les électeurs, j'ai été élu pour six ans. Jusqu'en 2014, je serai sénateur et maire".
4"Les sénateurs sont élus par des élus locaux"
Dernière raison avancée par les pro-cumul, spécifique aux sénateurs celle-là : les pensionnaires du palais du Luxembourg sont élus par "les grands électeurs", dont la quasi totalité sont des élus locaux. Pour François Rebsamen, il serait donc inconcevable que les sénateurs, qui représentent les collectivités locales, ne puissent pas garder un mandat exécutif local.
"Dans mon département (la Côte-d'Or), il y a 707 maires. Quand vous n'êtes pas maire, vous n'êtes pas un des leurs", justifie-t-il sur RMC. "Soit le Sénat continue à représenter les collectivités territoriales par l'intermédiaire de leurs responsables, soit il vaut mieux le supprimer !", enfonce Gérard Collomb dans Le Figaro.
Des positions tranchées, qui laissent présager que ces pro-cumul ne se plieront pas aux injonctions de Martine Aubry, qui les a enjoint à choisir entre leur mandat parlementaire et leur exécutif local sans attendre l'adoption d'une loi, et ce pour se montrer "exemplaires" sur la question.
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