Comment le FN essaie de s'imposer dans la vie quotidienne
L'université d'été du FN ouvre ses portes samedi matin à Marseille. Le week-end dernier, Marion Maréchal Le Pen était invitée par le diocèse du Var pour un débat, une première dans l'Eglise catholique ; la semaine dernière, des étudiants ont annoncé qu'ils voulaient lancer une antenne du FN à Sciences Po Paris, là aussi, ce serait une première.
Depuis deux ans, le Front national essaie de prendre racine un peu partout dans la vie quotidienne. Et pour y arriver, le parti a créé six collectifs. Le premier, c'était justement Racine, un collectif d'enseignants frontistes, et le dernier en date, il a été crée en juin, c'est le collectif Clic (Culture, liberté et création). Entre les deux, il y a le collectif Marianne, pour les étudiants, le collectif Mer et francophonie ou encore le collectif Nouvelle écologie. Certains de ces collectifs ont même des antennes régionales ou départementales. Bref, le FN essaie de s'emparer de tous les sujets, et d'en proposer un discours très ciblé.
Quel est le but de ces collectifs ?
Il y a un double objectif derrière tout ça. D'abord c'est d'être visible, partout, et surtout là où le Front national était absent avant : chez les profs, chez les écolos, dans le milieu culturel. Et ce sera le cas par exemple à Sciences Po Paris si l'antenne du FN se crée début octobre. Là le but c'est donc évidemment d'attirer de nouveaux électeurs, de parler sur le terrain avec des gens qui ne sont pas forcément proches du FN, de les attirer sur des thèmes ciblés, ceux qui les concernent au quotidien. De dire finalement, on est légitimes partout, et on est un parti normal, de casser certaines images, par exemple l'association étudiant frontiste - GUD. "Notre objectif c'est de démontrer que ce n'est pas honteux de s'afficher étudiant du FN ", explique David Masson-Weyl à la tête du collectif étudiant Marianne.
Et puis l'autre but affiché de ces collectifs, c'est aussi de muscler le programme pour la campagne présidentielle. Les collectifs se réunissent, débattent. Le collectif culture a déjà publié 96 articles sur Internet. C'est énorme pour une structure créée il y a tout juste deux mois. Ils réagissent à tout, l'intermittence, l'audiovisuel public, les subventions aux associations, ils veulent publier deux à trois communiqués par semaine alors que pour l'instant ils n'ont même pas d'adhérents.
Est-ce que c'est une stratégie qui marche ?
Et bien en termes d'adhésion, ça reste quand même très faible pour le moment. Le collectif Racine est un peu en dessous des 1.000 adhésions dans toute la France, 600 étudiants se sont rattachés au collectif Marianne, pour l'instant, il n'y a pas d'adhérents officiels au collectif Clic, ça devrait venir avec l'université d'été.
Par contre, les différents collectifs n'hésitent pas à montrer qu'ils rassemblent au-delà du Front national, ils en font un argument de communication. Par exemple, parmi les quatre étudiants qui veulent créer l'antenne de Science Po, il y a un ancien militant socialiste, un ancien militant UMP et un ancien militant du Front de gauche.
Est-ce que les barrières sautent ?
D'un côté, le Front National continue de se heurter aux institutions, sur la conférence de la Sainte-Baume, la conférence des évêques de France a rappelé que l'Eglise dans son ensemble n'était pas d'accord avec la plupart des idées du Front national, les syndicats au moment des élections n'ont pas hésité à exclure des membres qui se présentaient sous l'étiquette FN.
Par contre ce qui est sûr c'est que le Front national se montre de plus en plus, approche sur le terrain des gens qu'il ne côtoyait pas spécialement avant, se rapproche donc de potentiels militants de base.
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