Cécile Duflot soutient qu'il faut contrer le FN par une réponse politique et non par une stratégie "tactico-frileuse"
Alors que la percée de Marine Le Pen vampirise le champ politique, la secrétaire nationale d'EE-LV voit dans la déferlante des sondages une situation qui pourrait aboutir "à l'opposition entre deux partis de gouvernement avec une seule alternative (...) constituée par le Front national".
Or, une autre voie existe, selon elle: l'écologie politique.
Inquiète Cécile Duflot par la déferlante Marine Le Pen ?
Pas exactement. La patronne des Verts appelle avant tout les politiques à la lucidité sur l'état d'esprit de la population et sa capacité à utiliser les sondages "comme un outil politique".
"Les gens (...) savent très bien que répondre à un sondage ce n'est pas" la même chose "à mettre un bulletin de vote dans l'urne", a-t-elle expliqué mercredi devant les journalistes parlementaires ajoutant aussitôt "ce qui ne veut pas dire que le message donné par ce sondage ne soit pas réel".
Combattre pied à pied le FN
Pour "ne pas laisser à Marine Le Pen le monopole de l'alternative face aux deux partis gestionnaires", il faut "démonter la contradiction structurelle entre son discours lors de son élection à la tête du FN et les "pratiques effectives des élus frontistes", soutient l'élue de Villeneuve-Saint-Georges.
Le discours populiste, d'exclusion et de repli existe chez Marine Le Pen mais il est "rhabillé par son incarnation personnelle et par un certain nombre d'enrobages divers et variés qui le rendent moins évident à attaquer", dénonce Mme Duflot. "Mais il ne faut ni être dupe, ni le relativiser, ni paniquer", ajoute-t-elle.
Au contraire, il convient de "faire vivre le débat démocratique et de considérer qu'il y a une alternative progressive, une alternative constructive, une alternative d'espoir (...) en particulier sur les questions économiques et sociales".
Freiner le développement des énergies alternatives est "irresponsable"
La stratégie des verts commence à se profiler. Côté stratégie, plus question d'être dans "une posture de refus" mais dans une "posture de construction", y compris sur la question nucléaire.
La priorité aujourd'hui, "c'est répondre aux enjeux énergétiques en organisant une véritable discrimination positive vis-à-vis de ceux qui souffrent d'une transition énergétique non organisée", insiste-t-elle. En clair, aider aujourd'hui ceux qui en ont besoin et "engager une vraie politique d'économie d'énergie massive".
Regrettant qu'à travers la privatisation de GDF "on est perdu totalement la main sur la clé tarifaire", Mme Duflot affirme qu'en matière énergétique "on est dans une situation assez folle".
"Quand on voit qu'aujourd'hui qu'il y à 39 centrales à gaz qui sont en projet sur l'ensemble du territoire français dont l'objectif essentiel est l'exportation, on se rend bien compte qu'on est dans une logique (...) qui ne nous prépare ni "à une transition énergétique nécessaire", ni "à une économie vis-à-vis du pétrole qui ne sera plus du tout la même".
Or cette transition constitue aussi "une ressource en terme d'emplois", souligne Mme Duflot affirmant que "les énergies renouvelables c'est trois fois plus d'emplois au kilowattheure produit".
"C'est irresponsable aujourd'hui de freiner le développement des énergies alternatives que ce soit l'éolien ou le photovoltaïque et ce qu'il faut engager, c'est un vrai plan de transition énergétique qui s'accompagne d'un plan progressif de sortie du nucléaire", poursuit-elle.
Pas question pour autant de se cantonner aux thèmes écologistes. Les marqueurs d'EE-LV porteront aussi sur les questions économiques et sociales avec notamment la revendication "d'un meilleur partage des richesses" et "d'un revenu maximum.
Objectif pour les cantonales: doubler le nombre de conseillers généraux
Reconnaissant que les cantonales sont "une élection extrêmement difficile pour les écologistes" de par le mode de scrutin "uninominal à deux tours", l'objectif de la secrétaire nationale d'EE-LV est assumé: doubler le nombre de conseillers généraux lors des élections des 20 et 27 mars prochains, sachant que sur quelque 2000 cantons renouvelables, les verts ont actuellement 13 élus conseillers généraux.
"Il n'y a pas de stratégie nationale avec des partenaires", explique par ailleurs Mme Duflot, "il y a la volonté d'avoir un maximum de candidats et d'avoir rendu possible, lorsque c'était le cas, des accords département par département". EE-LV a passé des accords avec le PS dans 24 départements et avec le Front de gauche, dans deux départements.
Pour le second tour, "nous avons toujours été d'une très grande clarté", souligne Cécile Duflot. "Notre objectif est de faire rentrer des élus écologistes dans les conseils généraux et donc, il n'y a pas de désistement automatique pour le candidat de gauche le mieux placé, ajoute-t-elle.
Et en cas de triangulaire ? "La situation sera examinée au cas par cas, suivant la situation locale" et nous prendrons nos responsabilités conclut-elle.
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