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Candidature commune à gauche : le poker menteur entre Hamon et Mélenchon en cinq actes

Le chemin vers une alliance entre les deux candidats de gauche à l'élection présidentielle semble encore semé d'embûches. Franceinfo revient sur les premières étapes de ces âpres discussions.

Article rédigé par franceinfo
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Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon, à Paris, le 21 janvier 2010. (GONZALO FUENTES / REUTERS)

Vont-ils parvenir à s'entendre ? De plus en plus de voix s'élèvent pour demander une candidature commune à gauche, donc un rapprochement entre les candidats à la présidentielle Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon. Depuis l'élection du candidat socialiste à la primaire de la gauche, le 29 janvier, les deux candidats se renvoient la balle, entre invitations polies et appels au dialogue sans lendemains. C'est en fait une lutte pour le leadership à gauche qui se joue, alors qu'ils sont tous les deux au coude-à-coude dans les enquêtes d'opinion.

Franceinfo retrace les échanges entre les deux candidats en cinq actes.

Acte 1. Hamon devient candidat  et appelle Mélenchon à le rejoindre

“Non ! Cela n'aura pas lieu !" Avant même la victoire de Benoît Hamon à la primaire à gauche, Jean-Luc Mélenchon avait écarté un ralliement de sa candidature à celle du socialiste.

Mais le candidat de la France insoumise avait tout de même proposé à Benoît Hamon de "boire un bon café", tout en assurant qu’il ne négocierait pas son programme présidentiel.

Benoît Hamon est finalement élu candidat lors de la primaire organisée par le Parti socialiste. Dans son discours de victoire, le dimance 29 janvier au soir, il appelle au rassemblement des gauches. "Dès lundi, je proposerai (...) à tous les candidats à cette primaire, mais aussi à tous ceux qui se reconnaissent dans la gauche et l'écologie politique, en particulier Yannick Jadot [le candidat écologiste] et Jean-Luc Mélenchon, de construire ensemble une majorité gouvernementale cohérente et durable", avait-il déclaré.

Acte 2. Jean-Luc Mélenchon : "Monsieur Hamon, choisissez !"

Le candidat de la France insoumise a répondu à l’appel de Benoît Hamon dans une vidéo postée le 1er février sur YouTube. Jean-Luc Mélenchon s’est dit ouvert au dialogue, tout en reprochant à Benoît Hamon les investitures socialistes pour les législatives. Parmi les candidats nommés par le Parti socialiste figurent l’ancien Premier ministre Manuel Valls ou Myriam El Khomri, qui avait donné son nom à la loi Travail combattue par les deux candidats. “Comment nous faisons pour ensuite former une majorité avec eux puisque nous les avons combattus pendant des années ?” l’a interpellé Jean-Luc Mélenchon.

Choisissez entre eux et nous”, avait-il ajouté dans sa vidéo.

Le candidat de la gauche radicale a ensuite précisé ses conditions au Parisien, en se disant prêt à travailler avec Benoît Hamon "à condition qu’il n’investisse pas d’anciens ministres du gouvernement Hollande".

Jean-Luc Mélenchon a une nouvelle fois interpellé Benoît Hamon, dans une interview à BFMTV, le 12 février. S’il affirme à nouveau être "prêt" au dialogue avec Benoît Hamon, il a fustigé la "posture" du candidat socialiste. "Autrefois l’union, c’était un combat (…). Là, on est plutôt dans la posture, avait-il lancé. En tout cas, moi, j’y suis prêt, mais je ne veux pas jouer la comédie."

Acte 3. "Le contact a été établi"

Le 15 février, lors d’un meeting à Strasbourg, Jean-Luc Mélenchon propose "un rendez-vous" à Benoît Hamon. Il reprochait également au candidat socialiste de n’avoir pas tenu sa promesse de l’appeler après son élection à la primaire.

Il lui a également écrit une lettre, dans laquelle il lui suggère de rompre avec le PS. "Mon souhait est que Hamon continue a se rapprocher de nos positions et qu’il rompe pour de bon avec le système du PS et du gouvernement", écrit le candidat sur son blog.

Le lendemain, l’ex-ministre de l’Education prend contact avec Jean-Luc Mélenchon. "Ce n’est pas qu’une affaire de coup de fil, de détail, c’est une affaire de fond et il faut la traiter sérieusement", a-t-il réagi.

Mais le rapprochement tourne court. Les discussions achoppent sur la question européenne, rappelle La Croix. Benoît Hamon n’envisage pas de sortie de l’Union Européenne en cas d’échec de la réorientation de la politique communautaire, ce que Jean-Luc Mélenchon propose de son côté.

Acte 4. Mélenchon relance le dialogue

Invité de "L'Emission politique", jeudi 23 février sur France 2, Jean-Luc Mélenchon relance les espoirs d’une candidature unique. "Ce n'est pas moi qui ferme les portes. Je suis prêt à discuter", a-t-il affirmé. Le candidat a ensuite proposé un rendez-vous "dimanche ou lundi", en demandant une réponse à la lettre qu’il avait envoyée une semaine plus tôt. Mais à la question d'un éventuel retrait en faveur de Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon répond : "Pourquoi il ne la retirerait pas, lui ?"

"J'accepte volontiers sa proposition. Je lui propose même que nous ayons une discussion à quelques-uns", lui a répondu le lendemain Benoît Hamon dans les 4 Vérités, sur France 2.

Acte 5. Mélenchon rétropédale

"Faut pas rêver, ça n’aura pas lieu", a déclaré le lendemain Jean-Luc Mélenchon au sujet d'une alliance avec Benoît Hamon, à la sortie d’un déjeuner avec le secrétaire général du Parti communiste, Pierre Laurent. Pourtant, le candidat avait bien déclaré être "ouvert à la discussion". "J'ai dit ça hier soir ? Je ne m'en rappelle pas !" a-t-il lancé. "Ça n'a pas de sens aujourd'hui. De quoi parle-t-on ? Benoît Hamon dit qu'il propose sa candidature. Moi aussi. Si vous voulez que le programme s'applique, la meilleure des garanties, c'est moi !" Une position réitérée vendredi soir lors d'un dîner avec Benoît Hamon. Le candidat socialiste affirme que Jean-Luc Mélenchon lui a confirmé "qu'il serait candidat", sans lui demander de se retirer. 

Une alliance entre les deux prétendants à l'élection présidentielle semble une nouvelle fois compromise. Mais la campagne est encore longue, et de nouveaux rebondissements sont possibles.

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