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"Je suis loyal, mais ça commence à faire beaucoup" : malaise chez les militants PS

Les militants craignent un durcissement de la ligne du gouvernement Valls, et témoignent d'un malaise et d'une division grandissante dans le parti.

Article rédigé par Louis Boy
France Télévisions
Publié Mis à jour
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Manuel Valls, Arnaud Montebourg et Benoît Hamon, à Madrid, le 27 novembre 2013. (GERARD JULIEN / AFP)

Sévère mais juste. Selon un sondage du Parisien, le 27 août, 59% des Français approuvent la décision de Manuel Valls et François Hollande de sortir Arnaud Montebourg du gouvernement, après ses propos ce week-end remettant en cause la ligne économique de l'exécutif. Avec le départ simultané de Benoît Hamon et Aurélie Filippetti, c'est l'aile gauche du parti, celle qui fait tanguer la majorité à l'Assemblée, qui voit sa place fortement réduite au gouvernement. Mais que pensent les militants de cette décision, et de l'état d'un parti divisé alors qu'approche l'université d'été de la Rochelle ? Francetv info a interrogé cinq d'entre-eux.

L'indiscipline des frondeurs pointée du doigt

Une erreur : c'est le verdict assez unanime des militants interrogés sur le coup d'éclat d'Arnaud Montebourg, dimanche à la Fête de la rose. "Il n'a pas eu raison de faire ce discours" estime Alec, 54 ans, militant au sein de la fédération PS du Rhône. "Quand on essaie de discuter la ligne politique et que ça ne passe pas, on démissionne." Question de méthode pour Mathieu, lui aussi du Rhône : pour lui, le débat politique au sein du gouvernement, que Montebourg et Hamon invoquaient pour leur défense, est nécessaire, mais doit rester en interne. "On ne fait pas de sorties médiatiques pour contester la politique gouvernementale." Une position qui est aussi celle défendue par Manuel Valls, mardi soir, pour justifier sa décision.

Le timing de l'annonce interpelle également, tant la politique prônée par le Premier ministre était connue et n'a pas changé depuis son arrivée en avril. "Au moment de la nomination de Valls, il aurait fallu que tout le monde se mette autour d'une table pour dire "il y a une ligne, j'en suis ou je n'en suis pas"" estime Rémi, militant parisien. "La question de la compatibilité des idées s'était posée pour Taubira, Montebourg aurait du se la poser aussi."

Par conséquent, la réaction immédiate de Matignon et de l'Elysée a plutôt convaincu les militants interrogés. "On a souvent reproché à Jean-Marc Ayrault d’être trop laxiste" rappelle Mathieu. "Au moins, la décision de Valls est claire. Si elle montre aux actuels et futurs ministres qu'un tel comportement n’est pas toléré, c’est une bonne chose."

"Quand je vois qu'Emmanuel Macron a été nommé ministre..."

Mais s'ils condamnent la méthode de Montebourg et Hamon, ces socialistes ne sont pas tous en désaccord avec le fond de son discours. "La règle des trois tiers [qui prévoit de redistribuer un tiers des économies budgétaires aux ménages] qu'a évoquée Montebourg est loin d'être idiote" regrette Alec, qui s'inquiète des conséquences de ce départ sur l'action de l'exécutif. "La seule chose que j'attends, c'est qu'ils réussissent, et que la droite ne revienne pas au pouvoir. Mais cela passe par une baisse du chômage et plus de pouvoir d'achat pour les précaires." Dans cette optique, le départ du principal partisan d'une redistribution des richesse est "une mauvaise nouvelle" à ses yeux.

Même inquiétude chez Benjamin. Ce secrétaire de section du PS à Saint-Sébastien-sur-Loire, en Loire-Atlantique, qui se situe lui-même "entre Martine Aubry et Arnaud Montebourg, mais plus proche d'Aubry", n'est pas enthousiaste à l'idée d'un gouvernement resserré autour des proches de Manuel Valls et François Hollande. "Il faut qu'on ait un gouvernement solide, qui agisse dans le même sens, mais j'aimerais aussi une réorientation politique" confiait-il mardi. "Quand je vois qu'Emmanuel Macron a été nommé ministre, ce n'est pas fait pour me rassurer.

Un malaise grandissant dans la base du parti

Entré au PS après le choc du 21 avril 2002, Benjamin témoigne d'un découragement des militants, qui doivent défendre un gouvernement dont ils ne comprennent pas toujours les choix. "Quand je passe la journée sur le terrain, je ne rencontre pas que des gens qui m'applaudissent parce que je suis au PS" ironise-t-il. "Je suis loyal, mais ça commence à faire beaucoup."Aujourd’hui, les militants de base comprennent difficilement la politique qui est menée" confirme Alec, le socialiste du Rhône. Même ceux qui désapprouvaient les députés frondeurs, sur l'aile la plus à droite du parti, "reconnaissent de plus en plus l'existence d'un malaise".

Et si la nouvelle équipe de Manuel Valls peut être vue comme plus efficace, travaillant sur une ligne clarifiée, Alec redoute que son action soit freinée par la division au sein du PS, avec "une majorité toujours instable et un gouvernement obligé de tout renégocier". A terme, il craint une "explosion" du parti.

Pour Clément, 20 ans, militant et conseiller municipal dans l'Eure, le coup d'éclat de Montebourg et Hamon pourrait bien être une façon de quitter le navire et retrouver leur liberté"Montebourg cherchait le clash, pour pouvoir prendre le leadership des frondeurs et préparer la primaire de 2017. Il était avec Hamon la caution de l'aile gauche au gouvernement, ils risquent de devenir ses leaders en dehors." Il prédit une ambiance "électrique" ce week-end à La Rochelle pour l'université d'été du parti. Benjamin, lui, espère que l'humeur sera plutôt à l'apaisement. "Habituellement, c'est toujours très convivial. Dans l'année, on est parfois un peu perdu. La Rochelle permet de retrouver du sens."

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