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Redressement de la France : ce qu'il faut retenir du plan de Montebourg

Le ministre de l'Economie a présenté une feuille de route pour redresser le pays. 

Article rédigé par Salomé Legrand
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Arnaud Montebourg, le 10 juillet 2014 au ministère de l'Economie et des Finances, à Paris.  (ERIC PIERMONT / AFP)

Un hexagone dans un cercle en guise de logo, l'expression "patriotisme économique" qui se détache en blanc sur fond sombre et les deux drapeaux, français et européen. Arnaud Montebourg a présenté en grande pompe, jeudi 10 juillet à Bercy, sa feuille de route du redressement économique de la France. "Je n'aurai qu'un seul adversaire : le conformisme économique et intellectuel", a-t-il averti en promettant "la bataille des modernes contre les anciens". 

"Plutôt que d'attendre la relance européenne de la croissance, je propose que nous organisions la nôtre", quitte à aller la chercher "avec nos pelles et nos pioches" , a lancé le ministre. Résumé. 

Quatre annonces

"Restituer 6 milliards aux Français." Après un plaidoyer pour les classes moyennes, le ministre a annoncé la présentation d'un projet de loi à la rentrée, comprenant une trentaine de mesures pour "restituer six milliards d'euros aux Français". Dans cette "loi pour la croissance et le pouvoir d'achat", le ministre a précisé qu'il allait s'attaquer aux professions réglementées, qu'il accuse d'être "en situation de monopole" et de "capter des revenus à la population". Parmi elles, les huissiers, les greffiers des tribunaux de commerce, les avocats, certaines professions de santé, les opticiens ou les prothésistes dentaires.

"Une règle des trois tiers." "Pour l'affectation des économies de dépenses publiques et l'ensemble des efforts budgétaires", Arnaud Montebourg a préconisé une "règle des trois tiers" : baisse du déficit, baisse des prélèvements sur les ménages et baisse de ceux sur les entreprises. 

Le décret de "patriotisme économique" validé. Publié le 14 mai, ce décret de "patriotisme économique" prévoit que tout groupe étranger voulant prendre le contrôle d'une entreprise française dans le secteur de l'énergie, de l'eau, des transports, des télécoms ou de la santé doit obtenir l'autorisation de l'Etat. "La Commission européenne vient ces derniers jours de notifier au gouvernement français son approbation du décret comme étant parfaitement compatible avec les traités européens", a déclaré le ministre. 

La reprise de la construction d'infrastructures. "Les investissements dans les infrastructures génèrent les emplois d'aujourd'hui et les biens communs de demain", a-t-il souligné, en citant les ports, la fibre optique, le tourisme et la construction de barrages. 

Quelques compliments

Arnaud Montebourg ne veut fâcher aucun de ses partenaires. "Je veux remercier les syndicats, qui sont les meilleurs patriotes de leur outil de travail", a-t-il entamé avant d'enchaîner : "Je veux aussi remercier les patrons patriotes qui acceptent des compromis pour obtenir des victoires économiques."

De l'autosatisfaction

"Au ministère du Redressement productif, nous avons inventé les commissaires au redressement productif", s'est félicité Arnaud Montebourg, avant de partir dans une envolée : "De pompier urgentiste, ce ministère est devenu bâtisseur." 

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Et de vanter son propre bilan : "On a prétendu que mes interventions sur Mittal ou Dailymotion causeraient du tort à la France, je constate qu'il n'en est rien." Selon lui, "la France réindustrielle se réinvente peu à peu" et "les premiers résultats se font sentir"

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Et des suppliques 

Aux patrons. "Nous avons fait le choix d'unir toutes les forces de la Nation autour de l'entreprise", a expliqué Arnaud Montebourg, pour qui "le CICE [crédit d'impôt compétitivité emploi] et le pacte de responsabilité sont une mobilisation historique en faveur des entreprises". Et le ministre du Redressement d'interpeller les patrons sur les contreparties promises et pour l'instant inexistantes : "Je lance un appel aux patrons, petits et grands (...), les Français vous soutiennent en faisant le sacrifice historique de 40 milliards de baisse d'impôts et d'allègements de cotisations. (...) Donnez aux Français, en contrepartie, à voir votre sens patriotique en créant de l'activité en France, en embauchant autant que vous le pouvez et en investissant dans votre appareil productif." 

A la Banque centrale européenne. "Dans un contexte où l'inflation est historiquement faible", soit 0,5% en juin, il faut que la BCE "aille encore plus loin" en rachetant de la dette publique "si l'euro ne baisse toujours pas et si la croissance ne repart pas dans la zone euro". Citant l'ancien président américain Franklin Roosevelt - "Essayez quelque chose, si ça ne marche pas, essayez autre chose" -, Arnaud Montebourg a promis : "Nous allons essayer autre chose que l'austérité européenne."

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