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Jean-François Copé a-t-il favorisé ses proches lors de la campagne présidentielle ?

"Le Point" accuse le président de l'UMP d'avoir fait appel à une agence de communication appartenant à deux de ses proches pour la campagne de 2012. Avec des prix particulièrement élevés.

Article rédigé par franceinfo
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Jean-François Copé, le 19 février 2014, lors d'un meeting à Avignon (Vaucluse). (ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP)

L'affaire pourrait se révéler plus qu'embarrassante pour le président de l'UMP. Selon l'édition du Point à paraître jeudi 27 février, Jean-François Copé a fait appel à une agence de communication appartenant à deux de ses proches pour organiser les meetings de la campagne présidentielle de 2012. L'entreprise aurait par ailleurs pratiqué des prix particulièrement élevés.

Qu'est-il reproché à Jean-François Copé ?

Selon l'hebdomadaire, le patron de l'UMP a multiplié depuis 2008 les commandes auprès de Bygmalion, une agence de communication, mais surtout "une puissante machine de guerre" conçue pour servir Jean-François Copé.

A la tête de cette entreprise se trouvent en effet Bastien Millot et Guy Alves, deux proches du président de l'UMP : pendant dix ans, ils ont travaillé ensemble à la mairie de Meaux (Seine-et-Marne), puis à son cabinet "les trois fois où il a été ministre". A sa création, la société était domiciliée à la même adresse que l'association de financement du micro-parti de Jean-François Copé, Génération France.

D'après les informations du Point, "la bonne fée Copé" s'est rapidement occupée de la société, l'abreuvant de contrats, parfois sans appels d'offres, dès 2008. Mais c'est lors de la campagne présidentielle de 2012 que la relation entre l'UMP et Bygmalion devient très lucrative pour les proches de Copé. Le parti fait alors appel à Event & cie, la filiale événementielle de l'agence de communication, pour organiser tous les grands événements du parti et surtout les meetings de Nicolas Sarkozy.

Coût total de la facture : huit millions d'euros, dont cinq pris en charge par l'UMP. Un montant très élevé d'autant que, selon le magazine, qui cite des sources internes au parti, "lors des meetings, les frais de traiteur, de retransmission vidéo et d'éclairage ont atteint le double des tarifs habituels". Le coût des meetings est mirobolant, note encore Le Point. Le parti a ainsi dépensé 98 519 euros pour l'organisation d'un meeting à la Mutualité à Paris ou encore "76 523 euros (...) pour un meeting à Saint-Brice-sous-Forêt, une ville de 17 000 habitants".

Qui se trouve derrière Bygmalion ?

Selon Le Point, l'un des actionnaires (très secret) de Bygmalion serait une SARL basée au Luxembourg. Derrière celle-ci se trouverait la holding familiale d'Emmanuel Limido, un ancien banquier, actionnaire majoritaire de l'AJ Auxerre et surtout gestionnaire de Centuria, un fonds d'investissement lié au Qatar. 

L'affaire va encore plus loin. En 2006 et 2007, Jean-François Copé, alors ministre du Budget au sein du gouvernement Fillon, a donné son accord pour la vente au Qatar de l'hôtel Kinski et le centre Kléber, deux joyaux immobiliers appartenant à l'Etat. Or, dans les deux cas, l'intermédiaire n'est autre qu'Emmanuel Limido, assure l'hebdomadaire qui dénonce un "étonnant mélange des genres".

Comment a réagi Jean-François Copé ?

Le président de l'UMP a réagi sur i-Télé aux informations du Point, dénonçant un "tissu de mensonges". "C'est un coup monté de manière absolument ignoble", a estimé Jean-François Copé, annonçant qu'il allait porter plainte pour diffamation contre l'hebdomadaire. 

Selon lui, ces révélations sont orchestrées par Franz-Olivier Giesbert, ancien directeur de la publication du Point, qui "depuis des mois et des mois, nous attaque Nicolas Sarkozy et moi". Un avis partagé par son directeur de cabinet, Jérôme Lavrilleux, qui jugeait, la veille sur BFMTV, que "malgré son départ, [FOG] continue à diriger ce magazine".

Quelles réactions à l'UMP ?

Les responsables UMP invités des émissions matinales à la radio se sont montrés prudents dans leur défense de Jean-François Copé. "C'est désormais une affaire judiciaire, je lui fais confiance pour faire valoir sa bonne foi", a ainsi déclaré Alain Juppé sur RTL. "On voit bien qu'il y a un conflit entre ce journal et Copé depuis pas mal d'années. Je n'en connais pas les causes, mais je le crois par principe", a pour sa part lancé Eric Woerth, invité d'Europe 1.

Woerth sur Copé : "Je le crois, par principe" (Europe 1)

Sur Twitter, le député Lionel Tardy a lui accablé Jean-François Copé. Ce député proche de François Fillon estime que dans le parti, "tout le monde" était au courant de l'affaire.

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