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Cinq questions sur la canonisation de Mère Teresa

La fondatrice des Missionnaires de la charité devrait être faite sainte en septembre 2016.

Article rédigé par Christophe Rauzy
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Mère Teresa, prix Nobel de la paix, photographiée ici avec une jeune orpheline dans les bras, à Calcutta (Inde), en 1978. (EDDIE ADAMS / AP / SIPA)

L'annonce était attendue, mais elle réjouit les catholiques du monde entier. Le Vatican a fait savoir, vendredi 18 décembre, que Mère Teresa serait canonisée par l'Eglise catholique en 2016. Francetv info revient sur les cinq questions qui se posent autour de la future sainte, qui a œuvré toute sa vie pour les plus pauvres.

Qui était Mère Teresa ?

Née en 1910 dans une famille albanaise en Macédoine, qui appartenait alors à l'empire ottoman, Anjezë (Agnès) Gonxha Bojaxhiu choisit de devenir nonne à l'âge de 18 ans, partant rapidement au Bengale, en Inde, dans l'ordre missionnaire des sœurs de Notre-Dame de Lorette. Là, sœur Agnès devient enseignante dans un lycée pour jeunes filles des hautes castes. En 1946, sa vie bascule lors d'un voyage dans le nord du pays. Marquée par la pauvreté qu'elle voit partout sur son chemin, elle décide de consacrer sa vie aux plus pauvres. Deux ans plus tard, elle revêt un sari bleu et blanc, se fait appeler Mère Teresa, en référence à sainte Thérèse de Lisieux, et fonde l'ordre des Missionnaires de la charité.

A Calcutta, où elle ouvre une fondation, on amène les indigents et les plus mal-en-point dans son "mouroir". "Ils ont vécu comme des bêtes, qu'ils meurent ici au moins comme des êtres humains", dit la religieuse, comme l'expliquait Le Figaro en 1997. Son ordre accueille, soigne et accompagne les démunis, notamment les milliers de lépreux rejetés par leurs familles. Les missionnaires de la charité gagnent rapidement une reconnaissance dans tout le pays, ouvrant des fondations dans d'autres villes indiennes, et bientôt à l'étranger. Près de 3 500 sœurs, réparties en plus de 400 centres sur les cinq continents, poursuivront sa tâche.

Citée en exemple partout dans le monde, elle parcourt la planète pour inciter les dirigeants à faire davantage contre la pauvreté. L'ancien secrétaire général des Nations unies Javier Perez de Cuellar l'a qualifiée de "femme la plus puissante du monde". En 1979, elle reçoit le prix Nobel de la paix. Mais, durant la cérémonie, elle rappelle dans son discours son opposition à l'avortement et crée la polémique : "Le plus grand destructeur de la paix, aujourd'hui, est le crime commis contre l'innocent enfant à naître."

Atteinte d'une tumeur à l'estomac, Mère Teresa meurt en 1997 dans un hôpital de Calcutta, non loin de son mouroir, qu'elle appelait "Nirmal Hriday", la "maison du cœur pur".

Qu'est-ce qui lui vaut d'être canonisée ?

C'est un miracle survenu en 2008 à Santos, au Brésil, soit onze ans après la mort de la religieuse, qui lui ouvre les portes de la canonisation. Un homme souffrant de multiples tumeurs au cerveau affirme avoir été guéri par l'intercession de Mère Teresa, comme l'expliquait La Croix en juin 2015.

Le pape François a signé vendredi le décret reconnaissant ce deuxième miracle attribué à la fondatrice des Missionnaires de la charité, ouvrant la voie à sa canonisation, qui équivaut à une reconnaissance officielle par l'Eglise du fait qu'une personne est au paradis.

Quelle différence entre béatification et canonisation ?

Pour être canonisé, il faut d'abord être béatifié, c'est-à-dire accéder au rang de "bienheureux". Or la béatification exige la reconnaissance d'un premier miracle. Pour Mère Teresa, ce fut le cas en 2002 avec la reconnaissance du caractère miraculeux de la guérison d'une jeune femme indienne de 30 ans, Monika Besra, souffrant d'une tumeur abdominale.

Mais le "procès" canonique mené pour sa béatification a aussi permis de révéler, à travers des extraits poignants de sa correspondance personnelle, que Mère Teresa avait souffert dans sa foi pendant la majeure partie de sa vie. "Jésus a un amour tout particulier pour vous. Pour moi, le silence et le vide sont si importants que je regarde et ne vois pas, que j'écoute et n'entends pas", avait-elle écrit en 1979 à un confident, le pasteur Michael Van Der Peet.

Mère Teresa a eu également ses détracteurs, qui lui ont reproché d'avoir failli à son engagement en faveur des pauvres en se montrant peu regardante sur l'origine des donations qui lui étaient faites et en maintenant une opposition farouche à la contraception comme à l'avortement. Le pape François, qui avait rencontré Mère Teresa en 1994 à Rome, a raconté en 2014 avoir été impressionné par sa force de caractère, tout en reconnaissant : "J'aurais eu peur si elle avait été ma supérieure."

Quand sera-t-elle faite sainte ?

La date de la canonisation doit être confirmée lors d'un consistoire, mais la date du dimanche 4 septembre 2016 ne fait guère de doute : le programme du Jubilé de la miséricorde annonçait il y a des semaines déjà que cette journée devait lui être dédiée à Rome. Cette date tomberait 19 ans, à un jour près, après sa mort.

Quelles réactions dans le monde ?

A Calcutta, sa congrégation a exprimé sa reconnaissance envers le pape et rappelé à quel point Mère Teresa était persuadée que se mettre au service des pauvres était le meilleur moyen de servir Dieu. "Elle lisait la Bible, bien sûr, mais son engagement principal était de servir les pauvres", a déclaré à la chaîne NDTV sœur Sunita Kumar, porte-parole de la congrégation. "Regardez le travail qu'elle a accompli, jamais un jour de vacances ni de repos." La ministre en chef du Bengale occidentale, état indien où se situe Calcutta, a salué la nouvelle sur Twitter.

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