Reportage "Occupy Blinken" : en Virginie, des manifestants campent devant la maison du secrétaire d'État américain pour protester contre son soutien à Israël

Le chef de la diplomatie américaine est vivement critiqué pour les prises de position des États-Unis dans la guerre qui oppose Israël au Hamas.
Article rédigé par Sébastien Paour - édité par France Info
Radio France
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Temps de lecture : 3 min
Des manifestants devant la maison du secrétaire d'Etat américain Anthony Blinken à Arlington, en Virginie, le 27 janvier 2024. (ROBERTO SCHMIDT / AFP)

Une grille noire et des caméras autour de la grande maison et, de l'autre côté de la route, des toiles de tentes et des drapeaux palestiniens. Une dizaine de personnes campent depuis près de trois semaines devant le domicile du secrétaire d'État américain Anthony Blinken à Arlington, en Virginie, tout près de la capitale Washington. Elles protestent contre le soutien sans failles des États-Unis à Israël dans sa guerre contre le Hamas, à Gaza. Leur cri de ralliement : "Occupy Blinken".

Le chef de la diplomatie américaine s'est rendu cinq fois au Proche-Orient depuis l'attaque du Hamas du 7 octobre. Sa dernière visite s'est achevée, jeudi 8 février, sans accord entre Israël et le Hamas. Les États-Unis soutiennent une proposition de nouvelle trêve pour permettre l'échange des 130 otages encore retenus à Gaza, dont 29 seraient morts d'après le décompte de l'État hébreu. La trêve de fin novembre avait permis la libération de 105 otages, dont 80 Israéliens, contre 240 prisonniers palestiniens détenus par Israël. Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, lui, demande à son armée de préparer une offensive à Rafah.

Klaxons, drapeaux et faux sang

À Arlington, les tentes plantées en face de la maison des Blinken ont été rebaptisées "kibboutz Blinken". "Sa maison est maintenant sur la carte, il y a sûrement un emplacement sur Google Maps qui indique 'Kibboutz Blinken' avec son adresse", raconte Hazami, qui campe ici depuis bientôt trois semaines. "Il est passé d'une vie tranquille et silencieuse à une route très fréquentée avec des klaxons, des drapeaux et nous", explique l'Américaine. D'après elle, les manifestants reçoivent "beaucoup de soutien, mais il y a aussi beaucoup de gens qui nous détestent".  

"Il y en a qui passent et qui font semblant de nous tirer dessus par la fenêtre, qui nous traitent de racistes, de terroristes, de partisans du Hamas."

Hazami, une manifestante

à franceinfo

Sur une pancarte, Blinken est présenté comme "un criminel de guerre qui finance un génocide". Une autre, en forme de colombe, appelle à un cessez-le-feu immédiat. Sumer, mère de trois enfants et de passage aussi souvent qu'elle peut, se dit sans illusion. "Nous voulons un cessez-le-feu, mais ce qu'on cherche surtout, c'est de le mettre plus mal à l'aise que n'importe quel être humain", déclare-t-elle. Pour elle, le secrétaire d'État "ne devrait pas se sentir privilégié d'être ici, de vivre dans cette merveilleuse maison avec ses enfants et sa femme alors que des gens souffrent là-bas", à Gaza.

La politique de Joe Biden désavouée

Certaines voitures klaxonnent en guise de soutien. Des bidons de liquide rouge, prêts à être jetés sur la route, sont posés devant les tentes. Jimmy les remplit tous les jours en mélangeant "de la peinture à l'eau pour enfants avec du sirop de chocolat". "On le prépare tous les matins et on l'utilise à chaque fois que Monsieur Blinken arrive ou part ou sa femme, ça symbolise le sang des Palestiniens", explique-t-il.

Parmi les manifestants, personne n'envisage de revoter pour Joe Biden en novembre comme en 2020. D'après les sondages, presque six Américains sur dix désapprouvent la gestion du conflit par la Maison Blanche.

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