: Récit Election américaine : on vous raconte les 90 heures pendant lesquelles Donald Trump a fait croire à sa victoire
Le président, qui s’était déclaré vainqueur avant même la fin du décompte des voix, refuse de reconnaître la victoire de Joe Biden. Malgré les résultats officiels tombés samedi, il annonce vouloir saisir la justice.
C'était son gimmick de meetings, il en a fait une arme fatale. Après avoir répété à qui veut l'entendre que les démocrates chercheraient à lui "voler" sa réélection, Donald Trump a mis sa menace à exécution. Le président sortant refusait encore de reconnaître sa défaite à la présidentielle américaine, samedi 7 novembre, face à Joe Biden. Alors que le démocrate a bel et bien obtenu les 270 grands électeurs nécessaires pour accéder à la présidence, selon les décomptes de l'Associated Press, le milliardaire se dit désormais prêt à contester le scrutin devant les tribunaux. Franceinfo vous raconte les 90 heures pendant lesquelles il a voulu faire croire qu'il avait gagné le droit de rester quatre ans de plus au pouvoir… alors que rien n'était encore joué.
Mardi 3 novembre, 18h15 : "Ça se présente bien pour nous"
La nuit n'est pas encore tout à fait tombée sur Washington, mardi, quand Donald Trump agrippe son téléphone et tweete un ressenti tout à fait personnel sur la journée de vote qui a démarré le matin même partout aux Etats-Unis. "Ça se présente bien pour nous dans tout le pays", écrit-il en lettres majuscules. Pourtant, à ce moment précis, peu d'éléments sont sortis. Les sondeurs n'ont pas grand-chose à se mettre sous la dent, les premiers bureaux de vote ont fermé leurs portes il y a un quart d'heure seulement, c'est encore le matin sur la côte ouest... Mais le président en est persuadé : la soirée qu'il organise à la Maison Blanche s'annonce des plus joyeuses.
WE ARE LOOKING REALLY GOOD ALL OVER THE COUNTRY. THANK YOU!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) November 3, 2020
Mercredi 4 novembre, 0h44 : "Le président a gagné la Floride !"
Dans les salons de la Maison Blanche, pourtant, les 200 invités sont crispés. Les résultats tardent à arriver. Il faut attendre 0h44 pour souffler un peu : après avoir été au coude-à-coude avec son rival démocrate, Donald Trump conserve bien "sa" Floride et ses 29 grands électeurs. Mine de rien, c'est un soulagement, car cette victoire dans le "Sunshine State" permet au milliardaire de garder ses chances de décrocher un second mandat. Son camp n'a d'ailleurs pas attendu les résultats officiels pour revendiquer sur Twitter son succès dans cet Etat clé de l'élection.
President @realDonaldTrump wins #Florida!
— Team Trump (Text VOTE to 88022) (@TeamTrump) November 4, 2020
Source: @DecisionDeskHQ pic.twitter.com/JgxwA42flr
Quelques minutes plus tard, autre bonne nouvelle. Le Texas vient de tomber dans l'escarcelle du président, suivi peu après de l'Ohio.
Donald Trump savoure. Le volume des télévisions monte au fil des résultats, raconte Tara McKelvey, journaliste de la BBC accréditée à la Maison Blanche, qui a pu s'entretenir avec certains convives. Sur une antenne, "un présentateur met en garde contre 'l'anarchie socialiste', faisant une terrible prédiction de ce qui se passerait si les démocrates gagnaient."
Mercredi, 0h49 : "Nous ne les laisserons pas voler l'élection"
Près de 180 kilomètres plus au nord, dans son fief de Wilmington (Delaware), Joe Biden ne dort pas encore. Entouré de sa famille, il décide de prendre la parole. "Il faudra être patient. Chaque bureau de vote compte, commence par dire le candidat démocrate. Nous sommes sur la bonne voie pour gagner cette élection. Nous sommes confiants pour l'Arizona. Nous sommes toujours dans le jeu en Géorgie, même si le résultat n'est pas conforme à ce que nous attendions. Nous sommes très confiants pour le Wisconsin et le Michigan. On va gagner la Pennsylvanie !"
Il ne faut que cinq minutes à Donald Trump pour réagir. Comment son rival ose-t-il prétendre être sur "la bonne voie" ? Après plusieurs heures sans le moindre tweet, le président reprend son téléphone : "Nous ne les laisserons pas voler l'élection", assure le milliardaire, qui prédit "une grande victoire" pour le camp républicain.
Dans la foulée, Twitter et Facebook, qui s'étaient fixé comme règle de limiter les messages mettant en cause l'intégrité du scrutin, décident de masquer partiellement le message présidentiel.
Mercredi, 2h30 : "Les résultats ce soir ont été phénoménaux"
En coulisses, il se murmure que le président est remonté comme une pendule contre ses "amis" de Fox News. La chaîne, où il a ses habitudes, aurait selon lui annoncé de façon prématurée sa défaite en Arizona. Sa colère ne peut pas tenir dans un seul tweet. Alors le président fait savoir qu'il va à son tour s'exprimer en direct dans quelques instants. Les chaînes de télé prolongent leurs éditions spéciales, des journalistes assoupis sont réveillés, et des observateurs sont rappelés à la rescousse pour assurer le débriefing de cette allocution surprise.
Il est 2h30 (8h30 en France métropolitaine) à Washington quand Donald Trump apparaît sur les écrans du monde entier. Il se tient derrière son pupitre, le visage fermé. A ses côtés, le vice-président, Mike Pence, et leurs épouses. Le président-candidat ne laisse pas de suspense : il revendique sa victoire dans plusieurs Etats clés, dont la Géorgie, la Caroline du Nord, l'Arizona, la Pennsylvanie, le Michigan et le Wisconsin, où le décompte des voix est pourtant toujours en cours au moment où il parle. "Les résultats ce soir ont été phénoménaux (…) Regardez tous ces Etats que nous avons remportés ce soir !" se réjouit Donald Trump.
On se préparait à remporter cette élection. On l'a remportée.
Donald Trumpdans une allocution télévisée
Dans les rédactions, où l'on a pris l'habitude de voir Donald Trump bouleverser les règles, on ne sait pas très bien quoi penser de ce qu'on vient d'entendre. Surtout que le matin même, au téléphone dans son émission fétiche "Fox and Friends", le président assurait finalement qu'il jouerait le jeu et qu'il ne se déclarerait vainqueur qu'une fois le dépouillement terminé.
La bataille est pourtant bel et bien engagée. Voilà Donald Trump qui se dit même prêt à "aller devant la Cour suprême des Etats-Unis pour que tous les votes s'arrêtent et qu'ils ne trouvent pas des bulletins à 4 heures du matin". Le regard tourné vers ses supporters, il dénonce "une fraude pour le peuple américain" et avertit d'"une énorme tricherie" à venir. "Ils savaient qu'ils ne pouvaient pas gagner, ils ont dit : 'On va aller devant les tribunaux'", finit-il par lancer, en s'adressant (sans les nommer) aux démocrates.
Mercredi, 12h43 : "Nous allons demander un recomptage"
Une nuit rouge et une matinée qui vire au bleu. Le jour se lève sur la Maison Blanche, et l'entourage du président a la bouche pâteuse. Après une première phase plus favorable, les premiers résultats qui tombent au réveil le sont clairement moins. Le Michigan ? Pas fait, finalement. Le Wisconsin ? Pas fait non plus.
Il est 12h43, mercredi, quand l'entourage de Donald Trump envoie un communiqué à toutes les rédactions pour demander "immédiatement" un recomptage des votes dans le Wisconsin. Alors que le dépouillement se poursuit, Joe Biden y est à ce moment-là crédité d'une légère avance d'environ 20 000 voix. "Des irrégularités ont été signalées dans plusieurs comtés du Wisconsin, ce qui soulève de sérieux doutes sur la validité des résultats", écrit Bill Stepien, le directeur de campagne du président.
Le président "est dans la marge qui permet de demander un recomptage et nous allons le faire immédiatement", peut-on lire aussi. Dans le Wisconsin, les règles électorales permettent à un candidat distancé par moins de 1% des votes de demander un recomptage. L'Etat prend en charge les frais si l'écart est inférieur à 0,25%.
Ce processus doit "répondre à un calendrier bien spécifique et ne peut naturellement commencer qu'à partir du moment où toutes les voix ont été comptées et vérifiées [ce qui n'est donc pas encore le cas]", explique à franceinfo un fin connaisseur du dossier. Pour mémoire, en 2016, un recomptage des voix dans ce même Wisconsin (à la demande de la candidate écologiste Jill Stein) avait augmenté la marge de Donald Trump de 131 voix.
Le Wisconsin n'est pas le seul grief du président : dans son entourage, on a aussi des doutes sur l'Etat voisin du Michigan. Suffisamment en tout cas pour demander à la justice de suspendre le dépouillement et obtenir un "réexamen" des bulletins déjà recensés. Bill Stepien est formel : ses équipes n'ont "pas eu accès à plusieurs sites pour observer le dépouillement et le comptage des bulletins de vote", contrairement à ce que prévoient les lois locales. Quand le directeur de campagne envoie son communiqué aux rédactions, le candidat républicain accuse un retard d'environ 50 000 voix sur Joe Biden.
Mercredi, 16h09 : "Un grand nombre de bulletins ont été secrètement jetés"
Joe Biden vient de rafler le Wisconsin (10 grands électeurs) quand il prend une nouvelle fois la parole, toujours depuis son QG de Wilmington (Delaware). Dans la bouche de l'ancien vice-président de Barack Obama, il y a comme un goût de victoire. "Lorsque le dépouillement sera terminé, nous pensons que nous serons les vainqueurs", lâche-t-il dans un discours télévisé, peu après 16 heures (22 heures en France métropolitaine).
A cet instant, il ne lui manque que 22 grands électeurs pour pouvoir poser ses valises à la Maison Blanche les quatre prochaines années (248 grands électeurs pour Joe Biden, contre 214 pour Trump). Les résultats dans cinq Etats ne sont pas encore tombés : l'Alaska, la Pennsylvanie, la Caroline du Nord, la Géorgie et le Michigan.
Mais depuis son Bureau ovale, Donald Trump fulmine. Il tweete encore et revendique sa victoire en Pennsylvanie, en Géorgie, en Caroline du Nord et même dans le Michigan, puisqu'"un grand nombre de bulletins de vote ont été secrètement jetés, comme cela a été largement rapporté !" Une nouvelle fois, Twitter décide de masquer partiellement le message du président, en rappelant que les autorités n'ont pas annoncé de résultats officiels à cet instant.
Mercredi, 18h16 : "Vous avez attribué trop tôt l'Arizona"
Dans l'entourage de Trump, on n'a toujours pas digéré le "coup" de l'Arizona. Et Tim Murtaugh, le directeur de communication de la campagne de Trump, ne se prive pas de le dire en direct aux journalistes de Fox News qui l'interviewent (à partir de 44 secondes). "Vous l'avez attribué trop tôt" aux démocrates, peste-t-il.
Au même moment, des pro-Trump sont en train de se rassembler devant un centre de dépouillement à Detroit (Michigan) pour dénoncer un "vol" de l'élection. Sur les vidéos, on les voit frapper sur les vitres d'un bureau de vote et crier "Stop the count" ("Arrêtez le décompte").
Moments ago at the absentee ballot counting center in Detroit. Protesters bang on windows chanting “Stop the Count”. pic.twitter.com/okpf6XJMu8
— Don Gonyea NPR (@DonGonyea) November 4, 2020
Au même moment, le directeur de campagne de Trump dégaine de nouveau un communiqué de presse. Il dénonce cette fois des fraudes en Pennsylvanie. "Les yeux du pays sont braqués sur la Pennsylvanie, mais la Pennsylvanie compte les suffrages exprimés par courrier à l'abri des regards et cela doit cesser, écrit Bill Stepien. Nous saisissons la justice pour suspendre le dépouillement en attendant plus de transparence." A cet instant, Donald Trump ne devance son rival démocrate que d'une courte tête dans cet Etat clé, sur lequel les deux candidats ont beaucoup misé pendant la campagne.
Le soir, dans un dernier tweet, le président-candidat paraît pourtant résigné. "A quoi bon ?" dit-il, en évoquant ses avocats qui s'apprêtent à contester l'élection de Joe Biden. Traduction : "Le mal est fait."
Our lawyers have asked for “meaningful access”, but what good does that do? The damage has already been done to the integrity of our system, and to the Presidential Election itself. This is what should be discussed!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) November 4, 2020
Jeudi, 9h12 : "Arrêtez de compter !"
Pendant les treize heures qui suivent, rien. Aucune apparition, aucun tweet du président, ce qui est assez inhabituel. Pour le deuxième jour de suite, Donald Trump n'a d'ailleurs rien à son agenda. Fin de l'histoire ? Pas tout à fait : au réveil, jeudi, le président a retrouvé des forces et son téléphone. "Arrêtez de compter !" tweete-t-il (encore en lettres capitales).
STOP THE COUNT!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) November 5, 2020
Puis, à l'heure du déjeuner, petite variante. "Arrêtez la fraude", écrit-il cette fois.
STOP THE FRAUD!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) November 5, 2020
A l'heure du café, autre variante. "Si vous comptez les bulletins légaux, j'ai largement gagné l'élection", envoie-t-il aux journalistes, sous forme de communiqué.
Inbox: "Statement from President Donald J. Trump" pic.twitter.com/lbvuuNEJdu
— Alayna Treene (@alaynatreene) November 5, 2020
Jeudi, 18h45 : "Si vous comptez les votes illégaux…"
La nuit est tombée sur la capitale américaine quand Donald Trump se place derrière son pupitre, à la Maison Blanche. Après un timide "good evening…", le président déroule, cash : "Si vous comptez les votes légaux, je gagne facilement. Si vous comptez les votes illégaux… Ils tentent de nous voler l'élection." Puis, juste après : "Il n'y a pas eu de vague bleue comme ils l'avaient prédit, mais une vague rouge", en référence aux couleurs des partis démocrate et républicain.
La phrase de trop ? Plusieurs chaînes font le choix d'interrompre la diffusion du discours du président qui n'en finit plus de jeter le doute sur la fiabilité des bulletins de vote par correspondance et sur les méthodes de comptage. C'est le cas de MSNBC, ABC, CBS, CNBC et NBC.
MSNBC immediately cuts off Trump when he moves to undermine the integrity of US election system.
— Oliver Darcy (@oliverdarcy) November 5, 2020
"Here we are again in the unusual position of not only interrupting the President of the United States but correcting the President of the United States..." pic.twitter.com/IwVshBmosK
"Notre travail est de répandre la vérité – pas des conspirations infondées", réagit de son côté USA Today, qui a aussi décidé de couper l'intervention de Trump sur son site et de retirer la vidéo des plateformes.
Editor-in-chief @nicole_carroll on pulling the livestream of President Donald Trump's remarks tonight. pic.twitter.com/GPrQudnFjj
— USA TODAY (@USATODAY) November 6, 2020
En contre-attaque, Donald Trump poste lui-même sur son compte Twitter des extraits vidéo de son intervention. Dans le camp des républicains, on commence à trouver le temps long et l'attitude du président un tantinet exagérée.
Samedi, 10h36 : "J'ai gagné cette élection, largement"
Sait-il que l'issue de l'élection semble désormais inéluctable ? Sait-il que c'est une question d'heures, voire de minutes, avant que la Pennsylvanie ne tombe dans l'escarcelle de Joe Biden ? Une chose est sûre, Donald Trump n'a pas pris la parole depuis jeudi soir, et aucun événement public n'est inscrit à son agenda pour les journées de samedi et de dimanche.
Surtout, après être resté enfermé depuis le début de la semaine, le président finit par prendre un peu l'air, samedi matin. Direction son club de golf à Sterling, en Virginie. C'est sa première sortie depuis le jour de l'élection. Entre deux trous, il prend son téléphone et tweete : "J'ai gagné cette élection, largement."
Moins d'une heure après ce tweet, Associated Press annonce que celui que Trump aime appeler "Sleepy Joe" vient officiellement de remporter l'Etat de Pennsylvanie, et donc l'élection à la Maison Blanche. Peu importe : le milliardaire annonce dans un communiqué que "cette élection n'est pas finie". "Nous savons tous que Joe Biden se dépêche d'apparaître faussement comme le vainqueur, et que les médias à sa botte font le maximum pour l'aider : ils ne veulent pas que la vérité éclate." L'histoire ne dit pas s'il a aussi perdu sa partie de golf.
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