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Présidentielle américaine : cinq infos à retenir des révélations du "New York Times" sur les impôts de Donald Trump

Le quotidien américain publie une enquête après s'être procuré les données fiscales du chef d'Etat milliardaire sur une vingtaine d'années.

Article rédigé par franceinfo
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Le président américain Donald Trump, le 26 septembre 2020 à Washington (Etats-Unis). (OLIVIER DOULIERY / AFP)

Donald Trump avait toujours refusé de communiquer ses déclarations d'impôt, contrairement à tous ses prédécesseurs depuis les années 1970. Le New York Times a révélé, dimanche 27 septembre, que le président américain avait payé peu ou pas d'impôts sur le revenu, en s'appuyant sur les données fiscales de l'ex-magnat de l'immobilier. "Ce sont des informations bidons, totalement inventées", a répondu le milliardaire républicain lors d'une conférence de presse à la Maison Blanche.

Franceinfo vous résume les principales révélations de cette enquête, qui risque d'électriser un peu plus la campagne pour la présidentielle du 3 novembre, quelques heures avant le premier duel télévisé contre le démocrate Joe Biden, prévu mardi soir.

1Un impôt sur le revenu de 750 dollars en 2016 et 2017

C'est le chiffre le plus frappant. "Donald J. Trump a payé 750 dollars [645 euros] d'impôt fédéral sur le revenu l'année où il a remporté la présidence", en 2016, et autant "sa première année à la Maison Blanche", en 2017, écrit le New York Times. Une somme dérisoire qui ne résiste pas à la comparaison. "Monsieur Trump est peut-être le président le plus riche de l'histoire des Etats-Unis. Pourtant, il a souvent payé moins d'impôts que ses récents prédécesseurs. Barack Obama et George W. Bush payaient chacun plus de 100 000 dollars [86 000 euros] – et parfois bien plus – en impôts fédéraux quand ils étaient en fonction", observe le journal.

Dans un tweet, l'équipe de campagne de Joe Biden s'est contentée de rappeler le montant moyen de l'impôt fédéral sur le revenu payé par un enseignant (7 239 dollars, soit 6 225 euros), un pompier (5 283 dollars, soit 4 543 euros) ou un infirmier (10 216 dollars, soit 8 785), professions durement frappées par la crise sanitaire ou par les récents incendies géants dans l'Ouest américain.

2Aucun impôt sur le revenu pendant onze ans

Les années 2016 et 2017 apparaissent comme de mauvaises années pour le contribuable Donald Trump, puisqu'il a payé des impôts sur le revenu. En revanche, sur 11 des 18 années examinées par le New York Times, il n'a rien déboursé. "Il a réussi à éviter les impôts tout en profitant d'un niveau de vie de milliardaire – qu'il revendique – pendant que ses entreprises couvraient les frais de ce que beaucoup considéreraient comme des dépenses personnelles", estime le journal.

3Une ristourne de 72,9 millions de dollars

Comment Donald Trump a-t-il pu parvenir à un tel résultat ? Une partie de la réponse réside dans une ristourne de 72,9 millions de dollars (62,7 millions d'euros) obtenue en 2010 auprès du service des impôts, l'Internal Revenue Service (IRS), dans le contexte de la crise économique des subprimes. Arguant de fortes pertes financières, le magnat avait alors réclamé et obtenu le remboursement d'une partie des impôts qu'il avait dû payer les années précédentes à la suite du succès de son émission "The Apprentice". Dix ans plus tard, cette ristourne est toujours l'objet d'un litige entre l'IRS et Donald Trump. Ce dernier n'aurait en effet pas rempli toutes les conditions pour l'obtenir. Un audit, débuté en 2011 et toujours en cours, pourrait tout remettre en cause et se terminer devant la justice.

Cette utilisation de pertes financières pour minorer sa feuille d'imposition semble être une constante du fonctionnement fiscal de l'empire Trump. Le New York Times relève que ses golfs ont perdu plus de 315 millions de dollars (271 millions d'euros) depuis 2000. Ces entreprises déficitaires lui permettent de réduire les impôts liés au profit engrangé ailleurs, notamment sur son image de marque ou son émission de télévision.

4Des dépenses personnelles sur le compte de ses entreprises

Autre méthode utilisée par le milliardaire, la prise en charge de ses dépenses personnelles par ses entreprises. Ses propriétés, son avion et même ses dépenses de coiffure – plus de 70 000 dollars [60 180 euros] pour son émission de télé "The Apprentice" – ou le maquillage de sa fille Ivanka figurent dans les comptes de ses sociétés. Le New York Times souligne l'exemple d'une propriété près de New York classée comme un investissement alors qu'elle sert de résidence secondaire à la famille Trump. Un tour de passe-passe qui permet d'effacer 2,2 millions de dollars (1,9 million d'euros) d'impôts sur la propriété.

5Des centaines de millions de dollars de dettes

Si sa candidature puis sa victoire à la présidentielle ont permis de relancer certaines de ses affaires – son club privé de Mar-a-Lago, en Floride, lui a rapporté depuis 2015 près de 5 millions de dollars (4,3 millions d'euros) supplémentaires par an – et lui ont ouvert des opportunités à l'étranger – un projet immobilier à 3 millions de dollars (2,6 millions d'euros) aux Philippines –, les finances de Donald Trump sont fragiles.

Privé des revenus de son émission télévisée, le président américain s'est endetté, notamment en hypothéquant l'espace commercial de la Trump Tower, à New York. Il doit rembourser 100 millions de dollars (86 millions d'euros) d'ici 2022 dans ce dossier, auxquels pourrait s'ajouter un éventuel remboursement de la ristourne de 2010 si l'IRS obtient gain de cause. Au total, selon le New York Times, Donald Trump s'est engagé personnellement sur un montant de 421 millions de dollars (361,8 millions d'euros), à rembourser dans les quatre ans à venir. "S'il était réélu, ses créanciers se trouveraient dans la position inédite de demander la saisie des avoirs d'un président en fonction", observe le journal.

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