Mort d'Al-Baghdadi : comment les Américains ont pu identifier aussi vite le corps du chef de l'Etat islamique
En seulement quelques heures, les forces spéciales américaines ont réussi à authentifier Abou Bakr Al-Baghdadi, mort lors d'une opération militaire en Syrie.
Il était l'homme le plus recherché du monde. Abou Bakr Al-Baghdadi, le chef du groupe Etat islamique (EI), s'est fait exploser lors d'une opération américaine dans le nord-ouest de la Syrie, a annoncé le président des Etats-Unis Donald Trump, dimanche 27 octobre.
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Des tests ont conclu à "une identification immédiate et certaine" d'Al-Baghdadi, a souligné Donald Trump au cours d'un récit détaillé de l'opération. Une première confirmation de l'identité du leader de l'EI a été établie en seulement quinze minutes, a assuré le président américain. Depuis 2014, la mort du chef de l'EI avait été annoncée à plusieurs reprises. Comment les forces américaines ont réussi à identifier formellement son corps aussi rapidement ? Eléments de réponse.
Des tests ADN réalisés sur place
L'opération n'a duré que quelques heures. Samedi, à 17 heures (heure de Washington), les militaires américains de la Delta Force, unité spécialisée dans la lutte contre le terrorisme, ont attaqué le camp dans lequel Al-Baghdadi était retranché, dans le nord-ouest de la Syrie. Poursuivi par les chiens des forces américaines dans un tunnel, Al-Baghdadi a déclenché son gilet explosif, entraînant avec lui la mort de trois de ses enfants et provoquant l'effondrement du tunnel. A 21 heures, Donald Trump a annoncé dans un mystérieux tweet que "quelque chose d'énorme venait de se produire", attendant le lendemain pour révéler la mort du chef de l'EI.
Something very big has just happened!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) October 27, 2019
"Ils ont son ADN (...). Pour arriver jusqu'à son corps, ils ont dû enlever beaucoup de débris car le tunnel s'était effondré, mais ces gars sont bons. Ils ont un fait un test sur place. Cela a été rapide", a raconté le président américain qui a suivi l'opération dans la "situation room", salle sécurisée de la Maison Blanche. "Le commandant de la mission a appelé et a dit : 'Sûr à 100%, jackpot'", a ajouté Robert O'Brien, conseiller à la sécurité nationale.
Le président américain n'a cependant pas donné plus de détails. Selon les éléments connus de l'opération, une première identification a été réalisée immédiatement après la mort d'Al-Baghdadi. Après l'assaut, les soldats sont restés deux heures sur les lieux pour procéder à une fouille approfondie. Ils auraient ainsi pu confirmer officiellement l'identité d'Al-Baghdadi grâce à des tests ADN.
Selon le New York Times, les outils de tests ADN ont fait de grands progrès ces dernières années. Le quotidien américain indique que les machines les plus récentes peuvent donner des résultats en seulement 90 minutes. Le Pentagone et le FBI ont récemment investi dans ces appareils dont la taille serait désormais comparable à celle d'un micro-ondes. Rien n'indique cependant si la Delta Force était en possession d'une de ces machines lors de l'assaut contre Al-Baghdadi. Les échantillons ADN ont également pu être analysés dans un camp militaire voisin.
Des comparaisons d'échantillons
Pour identifier une personne, il faut que l'ADN prélevé corresponde à des échantillons provenant avec certitude de cet individu. Selon le New York Times, les Etats-Unis auraient pu récupérer et stocker des fragments de l'ADN d'Al-Baghdadi lorsqu'il était dans un centre de détention en Irak, géré par les Américains, au milieu des années 2000. "Ils ont déjà un recueil de données", a assuré au quotidien américain Kara Frederick, qui a travaillé comme analyste du renseignement aux côtés des forces spéciales.
Certains responsables américains doutent cependant que l'armée américaine détienne des fragments d'ADN, compte tenu de l'état des technologies il y a une dizaine d'années, rapporte le New York Times. Selon eux, seules des données biométriques, comme des empreintes digitales ou des photos du visage, étaient conservées à cette époque. Des confirmations ADN peuvent par ailleurs être réalisées en comparant des échantillons d'une personne avec ceux d'un de ses proches.
Des prélèvements sur un "corps mutilé"
Dans son allocution, Donald Trump a décrit le "corps mutilé" d'Al-Baghdadi après qu'il a déclenché sa veste explosive. Dès lors, la possibilité d'effectuer rapidement une identification sur un corps démembré soulève des interrogations. Selon le New York Times, les unités Delta Force sont souvent accompagnées d'experts en données biométriques et en identification.
Last night, the United States brought the world's number one terrorist leader to justice. President @realDonaldTrump addresses the death of Abu Bakr al-Baghdadi, the founder and leader of ISIS. Full remarks: https://t.co/3ucibNVOU8 | More: https://t.co/b4fBx9qyY6 pic.twitter.com/odrheyNRtc
— Department of State (@StateDept) October 27, 2019
En ce qui concerne la veste explosive utilisée par le chef de l'EI, ce dispositif ne mutile pas toujours la tête, ce qui aurait permis aux militaires américains de procéder à des comparaisons avec les photos et les vidéos de l'EI où Al-Baghdadi apparaît. Les experts ont également pu essayer de scanner ses yeux ou de prélever des échantillons ADN, sous forme de parties du corps ou de sang.
Une identification visuelle et des renseignements collectés sur place
Les militaires américains ne sont pas basés exclusivement sur des analyses ADN pour confirmer l'identité d'Al-Baghdadi. D'autres facteurs sont également étudiés, comme l'identification visuelle à partir des traits du visage ou encore les renseignements recueillis par les militaires sur place. "L'essentiel c'est qu'il y ait une convergence des informations pour parvenir à un résultat positif. L’ADN ou la biométrie n’est pas le seul facteur déterminant", rappelle Kara Frederick au New York Times.
Lors de leur fouille du camp d'Al-Baghdadi, les soldats américains ont ainsi trouvé du "matériel extrêmement sensible" contenant des informations sur les origines et les projets du groupe Etat islamique, a rapporté le conseiller à la sécurité nationale, Robert O'Brien. Des documents, des téléphones ou des disques durs ont pu être collectés et œuvré à l'authentification d'Al-Baghdadi. Les forces américaines ont aussi eu la possibilité d'interroger des survivants du raid. Donald Trump a indiqué dimanche que onze enfants ont été retrouvés indemnes.
Selon David H. Kaye, professeur spécialisé dans ce domaine, la rapidité avec laquelle Al-Baghdadi a été identifié n'a rien d'étonnante. Même sans appareil dernier cri, l'identification formelle ne prend que quelques heures, a-t-il assuré au New York Times. La Russie a cependant émis des doutes sur le récit des autorités américaines, assurant n'avoir pas d'"informations fiables" sur la mort du chef de l'EI. Mais selon Frédéric Encel, docteur en géopolitique spécialiste du Moyen-Orient, cette réaction relève surtout de la posture. "Les Russes ont intérêt à considérer que les Américains ne sont pas les maîtres du terrain et qu'ils auraient parfaitement pu le faire aussi", a-t-il expliqué au micro d'Europe 1.
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