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Election américaine : Donald Trump "s'accroche au pouvoir" estime l'historien Thomas Snégaroff

Selon l'historien spécialiste des Etats-Unis, la position affichée par le président sortant n'est pas "habituelle pour un président des États-Unis ou pour un candidat à la présidence''.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Donald Trump, le 28 février 2018, à Washington. (MANDEL NGAN / AFP)

Joe Biden a été élu samedi 07 novembre président des États-Unis, après quatre jours d'attente. Thomas Snégaroff, historien et spécialiste des États-Unis, estime sur franceinfo que "le fait que Trump se balade au golf, c'est qu'il veut nous dire aussi que ce n'est pas un événement pour lui''. 

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La position affichée par le président sortant n'est pas "habituelle pour un président des États-Unis ou pour un candidat à la présidence" pour Thomas Snégaroff qui ajoute : "Quand on voit la situation et la position de Donald Trump aujourd'hui, on sent que c'est quelqu'un qui s'accroche au pouvoir."

franceinfo : L'élection de Joe Biden est un soulagement pour une partie de l'Amérique, mais comment réagissent les supporters de Donald Trump ?

Thomas Snégaroff : On voit des pro-Trump manifester à Harrisburg en Géorgie, en Pennsylvanie, devant la Maison Blanche à Washington. C'est rare en général, quand vous avez un camp qui gagne, l'autre reste chez lui et il pleure. Là, ils sont dans la rue parce qu'ils ne reconnaissent pas la défaite. Peut-être que le "cauchemar Trump" s'arrête pour certains, mais peut-être qu'il y a un autre cauchemar qui commence, qui est peut-être un peu plus violent. Mais en tout cas, c'est clair qu'il y a des gens qui ne supporteront pas la défaite, qu'ils considéreront l'élection comme étant volée. Et le fait que Trump se balade au golf, ce qu'il veut nous dire aussi c'est que ce n'est pas un événement pour lui. Ce qu'il se passe en ce moment avec Biden qui annonce sa victoire, ce n'est pas un évènement puisque pour lui, il n'y a pas de victoire. L'événement ce sera quand la Cour suprême lui aura donné ce qu'il considère être son droit, ce qu'il nous dit depuis des semaines et des semaines, à savoir "si je perds l'élection, c'est que l'élection est truquée". Et pour les gens qui le suivent et qui l'écoutent depuis des années, ce discours-là a infusé. Et ceux qui sont dans la rue, pour eux, ce n'est pas du tout fini.

Donald Trump n'accepte pas sa défaite, il accuse le camp Biden de fraude, c'est une situation similaire à l'élection de 2000 entre Al Gore et Bush ?

La grande différence c'est le comportement d'Al Gore. Parce qu'Al Gore est battu par 537 voix. La Cour suprême dit ne pas être capable de juger et qu'il faut que ça redescende de la Cour suprême de Floride. Al Gore a encore la capacité d'aller devant le Congrès mais il dit "ça suffit, j'accepte ma défaite". Alors que plus tard, vous savez qu'on va comptabiliser les votes et il aurait été président des États-Unis quand même. Mais au nom de l'intérêt national, il concède. Il concède sa défaite. C'est la même chose en 1960, c'est plus ancien. Mais quand Richard Nixon perd, il est persuadé et beaucoup le sont aujourd'hui encore, que l'élection a largement été truquée par le clan Kennedy, notamment dans l'Illinois, État important, avec la ville de Chicago avec des ami des Kennedy. Que fait Richard Nixon plutôt que de demander un recomptage sans fin et des recours? Il dit "on est en pleine Guerre froide. L'intérêt supérieur de la nation, c'est qu'il y a un président qui soit légitime dans le pays." Et donc il ne fait pas de recours. Quand on voit la situation et la position de Donald Trump aujourd'hui, on sent que c'est quelqu'un qui s'accroche au pouvoir. Pour des raisons qui ne sont pas des raisons habituelles pour un président des États-Unis ou pour un candidat à la présidence des États-Unis.

Cette victoire c'est aussi celle de Kamala Harris, qui devient la première femme vice-présidente des États-Unis ?

Elle a fait campagne avec lui. Elle était sur le ticket avec Joe Biden. C'est une femme effectivement d'origine à la fois indienne et jamaïcaine. C'est donc une femme issue des minorités qui deviendrait présidente, si Joe Biden ne finissait pas son mandat de président. Puisqu'aux États-Unis, si le président disparaît ou s'il est incapable de gouverner, c'est le vice-président qui termine le mandat. Donc, c'est effectivement un moment historique pour les États-Unis aussi à cet égard. Kamala Harris, c'est une figure plus jeune, peut-être plus idéologue que Joe Biden et en tout cas, elle lui a apporté un souffle nécessaire pendant la campagne. Le jour où elle a été nommée candidate à la vice-présidence, 48 millions de dollars en deux jours ont été levées par le parti démocrate.

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