Des menaces à la rencontre : le (lent) apaisement entre les Etats-Unis et la Corée du Nord en cinq actes
Après avoir consenti à une rencontre avec Donald Trump, Kim Jong-un évoque une "dénucléarisation", dernière étape en date de la désescalade entre les deux pays.
C'était impensable il y a encore quelques semaines. Après des mois d'échanges tendus, d'essais nucléaires nord-coréens, de séries de sanctions, et alors que les deux pays semblaient au bord du conflit, la Corée du Nord et les Etats-Unis ont entamé un rapprochement. Kim Jong-un et Donald Trump ont tous les deux consenti à une rencontre, "d'ici fin mai". Mercredi 28 mars, Pyongyang s'est même prononcée pour "la dénucléarisation" de la péninsule coréenne. Comment ce revirement de situation s'est-il déroulé ? Franceinfo vous rappelle quelques étapes marquantes de la désescalade.
Acte 1 : les deux Corées amorcent un rapprochement salué par Trump
C'est une main tendue qui a peut-être désamorcé des mois de tension. Lors de son message du Nouvel An, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a déclaré que son pays souhaitait le succès des Jeux olympiques d'hiver de Pyeongchang, en Corée du Sud. Il a également annoncé qu'il envisageait d'y envoyer une délégation, alors que les deux pays sont officiellement toujours en guerre. Puis en quelques jours, les choses se sont accélérées. De hauts représentants des deux Corées se sont retrouvés pour ce premier face-à-face officiel en plus de deux ans.
Un rapprochement que le président américain s'est rapidement attribué, comme le rappelle le HuffPost. Donald Trump s'est félicité de la reprise annoncée des discussions entre Corée du Nord et Corée du Sud. "Nos sanctions et autres pressions commencent à avoir un impact sur la Corée du Nord. (...) L'homme fusée [Kim Jong-un] veut parler à la Corée du Sud pour la première fois. C'est peut-être une bonne nouvelle, ou peut-être pas. On verra bien !", a-t-il écrit sur Twitter.
Sanctions and “other” pressures are beginning to have a big impact on North Korea. Soldiers are dangerously fleeing to South Korea. Rocket man now wants to talk to South Korea for first time. Perhaps that is good news, perhaps not - we will see!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 2 janvier 2018
Acte 2 : le président américain parle d'une "excellente relation" avec Kim Jong-un
Après des mois de pression, Donald Trump fait volte-face dans une interview accordée au Wall Street Journal (en anglais) en janvier. "J'ai probablement une très bonne relation avec Kim Jong-un", estime-t-il, ajoutant qu'un tel revirement ne devait pas étonner. "Vous verrez ceci souvent avec moi", explique-t-il. Des déclarations offensives "et puis tout à coup, la personne est mon meilleur ami. Je pourrais vous donner 20 exemples. Vous pourriez m'en donner 30. Je suis une personne très souple."
Acte 3 : les JO accélèrent les discussions
Ils ont été baptisés "les Jeux de la paix". Les JO de Pyeongchang (Corée du Sud), du 9 au 25 février, ont été le théâtre d'un rapprochement spectaculaire entre le Nord et le Sud. Après avoir défilé ensemble lors de la cérémonie d'ouverture, les deux Corées ont formé une équipe féminine commune pour le hockey. Et en dehors du terrain, les signes d'ouverture ont prospéré. Ainsi, après la venue pour la cérémonie d'ouverture de la sœur de Kim Jong-un, Kim Yo-jong, une délégation nord-coréenne de haut rang s'est également rendue à la clôture des Jeux.
Et si, en parallèle, le président américain annonçait de nouvelles sanctions visant à isoler encore plus la Corée du Nord, le vice-président Mike Pence faisait un pas en direction du pays. Dans l'avion de retour des JO, il affirmait qu'un dialogue "sans conditions préalables" pouvait être envisagé, dans une interview au Washington Post (en anglais). Autrement dit : sans que les deux parties ne parlent dénucléarisation avant.
Acte 4 : les deux dirigeants conviennent d'une rencontre historique
Rebondissement sans précédent dans cet épineux conflit. Le 8 mars, lors d'une brève allocution à Washington, le conseiller national sud-coréen à la Sécurité annonce que le 45e président des Etats-Unis a accepté une invitation du Nord. Le leader nord-coréen "a fait part de son désir de rencontrer le président Trump le plus vite possible, a-t-il déclaré. Le président Trump a dit qu'il rencontrerait Kim Jong-un d'ici fin mai pour parvenir à la dénucléarisation permanente." Une décision confirmée par la Maison Blanche.
Le président américain Donald Trump s'est, par la suite, dit convaincu que ces pourparlers historiques seraient un "immense succès". "Je pense qu'ils veulent faire la paix. Je pense qu'il est temps", a-t-il déclaré, ajoutant toutefois que "les sanctions seraient maintenues tant qu'un accord ne serait pas trouvé".
Kim Jong Un talked about denuclearization with the South Korean Representatives, not just a freeze. Also, no missile testing by North Korea during this period of time. Great progress being made but sanctions will remain until an agreement is reached. Meeting being planned!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 9 mars 2018
Acte 5 : la Corée du Nord s'engage vers la dénucléarisation
C'est le dernier avancement en date. "Notre position constante est d'être engagés en faveur de la dénucléarisation de la péninsule coréenne, conformément à la volonté de l'ancien président Kim Il-sung et de l'ancien secrétaire général Kim Jong-il", les prédécesseurs et grand-père et père respectifs de Kim Jong-un, a déclaré l'homme fort de Pyongyang, mercredi 28 mars, selon des propos rapportés par une agence chinoise.
Kim Jong-un se trouvait en Chine, pour une visite secrète lors de laquelle il a rencontré son homologue Xi Jinping. Il s'agit de sa première visite à l'étranger depuis son accession au pouvoir. A cette occasion, il a également confirmé être "prêt" à rencontrer Donald Trump. Ce sommet pourrait se dérouler fin mai. Ni le lieu ni la date exacte de la rencontre n'ont encore été annoncés.
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