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Décret de Trump anti-immigration : étudiants, touristes et réfugiés racontent leur calvaire, bloqués hors des Etats-Unis

Ils ont été empêchés samedi de prendre des vols à destination des Etats-Unis quelques heures après la décision du président américain Donald Trump d'interdire l'arrivée de ressortissants de sept pays à majorité musulmane.

Article rédigé par franceinfo
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Des manifestants protestent contre la décision du président américain Donald Trump d'interdire l'arrivée de ressortissants de sept pays, à l'aéroport John F. Kennedy de New York (Etats-Unis), le 28 janvier 2017. (STEPHANIE KEITH / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

Des dizaines de passagers affectés par le décret sur l'immigration du président américain Donald Trump. Son application, dès vendredi 27 janvier au soir, a pris par surprise des personnes qui se trouvaient à bord d'un avion ou prêtes à embarquer. S'il ne sont plus menacés d'expulsion grâce à la victoire des associations de défense des droits, des dizaines de passagers, dont le nombre est estimé entre 100 et 200 par le quotidien New York Times (en anglais), ont été interpellés à leur arrivée dans les aéroports américains et menacés d'expulsion. Franceinfo a réuni quelques-uns de leurs témoignages.

>> Quatre questions sur l'"inquiétant" décret de Donald Trump sur l'immigration

Des étudiants de Yale, Harvard ou du MIT

Le New York Times parle de plusieurs étudiants bloqués à cause du décret de Donald Trump. Le journal américain évoque notamment le cas d'un élève de la prestigieuse université de Yale, d'un étudiant du Massachusetts Institute of Technology, à Cambridge, qui n'aurait pas réussi à embarquer dans un avion, et d'un étudiant en licence à Stanford. Ce dernier, de nationalité soudanaise, a été retenu à l'aéroport JFK, à New York, pendant cinq heures. "Il vit aux Etats-Unis depuis 1993", précise Michael McFaul, professeur à Stanford.

Un jeune scientifique iranien, Seyed Soheil Saeedi Saravi, avait remporté une bourse d'études pour étudier la médecine cardiovasculaire à Harvard. Le décret a bousculé les choses et le visa de l'étudiant a été "suspendu pour une période indéfinie", précise le New York Times. "Il a énormément de potentiel et pourrait contribuer à améliorer notre compréhension des maladies du cœur", a regretté un professeur de l'université qui devait l'accueillir.

Une Iranienne, étudiante en gestion en Californie, devait retourner le 4 février aux Etats-Unis. "J'avais un billet sur Turkish (Airlines) le 4 février prochain, mais il a été annulé", explique-t-elle à l'AFP, sous couvert de l'anonymat.

Un interprète qui a travaillé pour le gouvernement

Lui a été libéré peu après minuit, dans la nuit de samedi à dimanche 29 janvier. Hameed Khalid Darweesh a été retenu aussi à l'aéroport new-yorkais JFK, pendant 19 heures, d'après le New York Times. Le journal raconte que l'homme a travaillé, pendant plus de dix ans, pour le gouvernement américain en Irak. "Qu'est-ce que j'ai fait à ce pays pour qu'ils me passent les menottes ?", s'est indigné Hameed Khalid Darweesh en sortant.

Des familles syriennes qui devaient arriver bientôt aux Etats-Unis

Voyage également annulé pour une famille syrienne, dont les six membres, deux parents et quatre enfants âgés de 6 à 15 ans, avaient fui en 2014 et se trouvaient dans un camp de réfugiés en Turquie depuis. Ils devaient arriver mardi 31 janvier à Cleveland mais en sont maintenant empêchés, raconte le site Cleveland.com (en anglais).

Une autre famille syrienne raconte avoir été bloquée à l'aéroport international de Philadelphie, dans l'état de Pennsylvanie, "malgré leurs papiers en règle, cartes vertes et visas approuvés", souligne le New York Times.

Des personnes en vacances

Hamaseh Tayari, détentrice d'un passeport iranien, a mal terminé ses vacances. La jeune fille, résidant en Ecosse, était en congés avec son petit ami au Costa Rica et devait rentrer à Glasgow. Mais son vol devait faire escale à New York. "Elle n'a pas pu entrer dans l'avion  parce que son visa de transit lui a été retiré", raconte The Guardian (en anglais). "Cela n'arrive pas qu'aux réfugiés", a-t-elle fait remarquer au journal. L'Iranienne devra donc peut-être payer un second billet, pour un trajet passant par Madrid. "On économisait depuis des mois pour ces vacances et ça va me coûter un mois de salaire pour rentrer à la maison", déplore-t-elle. 

Des détenteurs de "cartes vertes"

Maryam, une Iranienne de 44 ans qui avait obtenu sa "carte verte" (permis de résidence) en octobre, après 14 ans d'attente a indiqué à l'AFP avoir été empêchée samedi soir de prendre l'avion pour les Etats-Unis. Elle avait vendu sa maison et voulait partir définitivement dans ce pays.

Au Caire, un couple irakien et leurs deux enfants qui avaient réservé des billets sur un vol d'EgyptAir ont été informés qu'ils ne pouvaient pas embarquer en raison des nouvelles règles. Fouad Charef, qui travaille dans le secteur pharmaceutique, a dû ainsi retourner à Erbil, au Kurdistan irakien. "J'ai vendu ma maison, ma voiture, mes meubles. Ma femme et moi avons quitté nos emplois", a-t-il raconté à l'AFP, alors que le couple devait s'installer dans le Tennessee, dans le sud des Etats-Unis, après avoir reçu un visa d'immigration. "Donald Trump a ruiné ma vie", dit-il, affirmant qu'il avait mis, à une époque, sa "vie en danger pour travailler avec les Américains."

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