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Avant l'investiture, l'Amérique de Trump célèbre son champion à Washington

Ils ont dénoncé "Washington" et son "système" pendant toute la campagne. A la veille de l'investiture du nouveau président, les pro-Trump ont envahi le Lincoln Memorial, qui trône au centre de la capitale américaine. 

Article rédigé par Marie-Adélaïde Scigacz - Envoyée spéciale à Washington
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Des fans de Donald Trump, à Washington, jeudi 19 janvier 2017.  (REIRI KURIHARA / YOMIURI)

Ils ont parfois traversé tout le pays pour vivre "ce moment historique". Jeudi 19 janvier, à la veille de l’investiture de Donald Trump, ses supporters se sont rassemblés devant le mémorial d’Abraham Lincoln pour lui souhaiter la bienvenue. Une "welcoming party" rythmée par la musique country et les slogans de campagne repris en chœur par des militants qui, pour beaucoup, n'imaginaient pas que leur champion remporterait la partie.

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Sur la pelouse qui borde "la piscine", face à l'imposante statue du 16e président des Etats-Unis, franceinfo les a rencontrés. 

Un pays "fracturé" par Obama 

Raul et Maria vivent en Californie. Plus précisément à Pacifica, dans la banlieue de San Francisco, incontestable bastion démocrate. Autant dire que pour eux, la campagne n'a pas été de tout repos : "En société, disons qu'on ne pouvait pas trop parler de Trump car les gens s'énervaient immédiatement", se souvient Maria. Ici, sur la pelouse du Lincoln Memorial, tous badges dehors, elle assume enfin son enthousiasme. "Après l'élection, mes amis démocrates étaient si en colère et moi si heureuse qu'on ne s'est pas vus pendant un mois", se désole-t-elle, convaincue que les divisions s'apaiseront une fois Donald Trump investi président. "Et puis si, comme il l'a promis, il redresse l'économie, les gens le laisseront tranquille", pense cette dentiste de 51 ans. 

En 2008, le discours rassembleur de Barack Obama, qui se disait alors au-delà des querelles partisanes et promoteur d'une Amérique diverse et rayonnante, avait séduit Raul, son mari. Mais "il n'a rien fait, au contraire", déplore Maria. Selon elle, il a même creusé le fossé entre démocrates et républicains, riches et pauvres, Noirs et Blancs... "La situation des Noirs s'est-elle améliorée sous Obama ?" demande-t-elle. "Bien sûr que non." "Obama, c'est un homme qui fait de beaux discours, il est éloquent. Mais c'est un beau parleur. Je préfère quelqu'un comme Trump, qui dit les choses clairement et agit", poursuit la Californienne, née aux Philippines et arrivée aux Etats-Unis avec ses parents à l'âge de 5 ans. "On lui reproche de dire ce qu'il pense et de tweeter ? Mais c'est quand même la première fois qu'un candidat s'adresse directement à nous !", conclut-elle, fustigeant des "médias qui déforment ses propos" pour mieux le diaboliser.

Une Amérique "enfin entendue"

Taylor a le même sentiment. Le lendemain de l'élection, il s'est rué sur son ordinateur pour prendre un billet d'avion pour la mi-janvier : Dallas - Washington. Le Texan de 29 ans, venu assister à l'investiture avec sa sœur et un ami, n'aurait manqué cela pour rien au monde. "C'est la première fois que je vote pour un candidat qui gagne", sourit le jeune homme en ôtant ses lunettes de soleil. C'est aussi, dit-il, "la première fois que notre voix est entendue dans une élection. Autrefois, il n'y en avait que pour New York, Los Angeles, Washington, Chicago...", énumère-t-il, citant les bastions démocrates qui n'ont cessé de soutenir Barack Obama, puis Hillary Clinton. "Enfin, les gens dans les petites villes du Texas ne sont plus ignorés", se félicite-t-il. Il n'a pas non plus oublié le mot "méprisables", employé par la candidate démocrate pour qualifier les supporters de Donald Trump. 

Avec Trump, le jeune homme espère ainsi une politique plus "en phase" avec sa réalité. Pour lui, le discours du nouveau président relève "du bon sens", dit-il, heureux d'avoir trouvé un candidat qui disait tout haut ce que lui pensait tout bas. Ainsi, pendant que majorettes et fanfares se succèdent sur les écrans géants plantés de part et d'autre du Lincoln Memorial, le petit groupe se félicite de voir "l'Amérique ordinaire" dans la capitale.

Stars de la country en têtes d'affiche, défilés de fanfares locales et musique militaire... L'événement, boycotté par les célébrités, se veut (certes, surtout par défaut) à la gloire de cette Amérique de la classe moyenne, patriote. Et quand l'hymne national retentit, tous ôtent leur casquette rouge "Make America Great Again", et mettent la main sur le cœur. "Nous sommes très fiers d'être ici", confirme Taylor, heureux de se trouver à Washington, capitale pourtant synonyme de ce "système" que les pro-Trump exècrent. 

Le président "du changement" 

"Trump a déjà changé Washington", assure pour sa part Margie, 50 ans, venue de Niceville, en Floride, avec Connie, 60 ans. Fervente républicaine, elle assure n'avoir jamais été autant emballée par le discours d'un candidat, notamment "sur l'immigration, l'économie et la défense." Un discours "concret" se réjouit-elle, convaincue que Trump dispose d'une stratégie pour chaque défi, "comme le bon businessman qu'il est." "Il s'entoure de gens qui vont bouleverser le paysage", affirme-t-elle, se félicitant de voir l'Amérique "gérée comme une entreprise."

Les nominations qu'il a annoncées dans la foulée de son élection témoignent, selon elle, de la volonté de Trump de "purger" Washington des tenants de la politique politicienne. "Il a nommé des outsiders, comme lui", explique-t-elle. Un climatosceptique à la tête de l'agence de l'environnement ? Une ministre de l'Education opposée à l'école publique ? "Nous avons bien vu que huit ans d'Obama n'ont rien donné. Alors c'était devenu urgent de tenter quelque chose de complètement différent", poursuit simplement la républicaine, tandis qu'une voix off annonce le début des concerts en plein air et l'arrivée imminente du président-élu lui-même. 

Pendant qu'un groupe de retraitées originaires de Jacksonville enchaîne les "wouhou", Trump fait son apparition sur scène. Avec sa famille, il s'installe pour assister aux prestations musicales prévues juste avant son discours. "J'adore sa famille", commente Connie. "J'aime que sa femme soit étrangère et que ses enfants travaillent durCe sont de bonnes valeurs", poursuit-elle, alors que Trump s'apprête à entrer en scène.

"Ce n'est que le début..." 

Pour se faire entendre sous la musique de 3 Doors Down, le seul groupe de rock qui ait accepté de faire le déplacement, Christopher doit hausser le ton. Parti de Caroline du Nord à 5 heures du matin pour assister aux festivités en famille, il estime que le changement promis par le président-élu devra se produire rapidement, "dans les 100 premiers jours de son mandat". Jeune républicain de 20 ans, il a voté pour la première fois et assure s'être "beaucoup investi dans la campagne". Pourtant, "ce n'est que le début", dit-il. "Il a tant promis qu'il va devoir prouver à tout le monde ce dont il est capable", explique le jeune homme. "Tout ne se fait pas du jour au lendemain", approfondit-il, mesuré, tandis qu'à côté de lui, les spectateurs, aux anges, se dandinent sur le rock FM.

En attendant, les supporters de Trump lui font confiance. "Thank you president Truuuuuump, we love you", hurle une femme à l'apparition du nouveau président sur l'écran géant. "Nous allons unifier le pays", commence le milliardaire. Et d'ajouter : "Vous n'êtes plus oubliés". Sous un tonnerre d'applaudissements, il assure encore "je vous le promets, les choses vont changer", avant que la foule ne reprenne le slogan en chœur : "Make America Great Again". 

En plaisantant, il donne rendez-vous au lendemain. "Il paraît qu'il va pleuvoir, mais je pense plutôt que ce sera une belle journée", prédit Trump, face à la foule ébahie. A leurs yeux, il n'existe aucun défi que Trump ne puisserelever. Et si les nuages se font trop menaçants, peut-être sont-ils simplement influencés par la progrande des chaînes méteo en continu ? 

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