Absence de Donald Trump au premier débat des républicains : l'ex-président se "considère comme candidat naturel du parti", explique un spécialiste
L'absence de Donald Trump au premier débat des candidats à l'investiture républicaine "n'a pas vraiment de lien avec ses déboires judiciaires", analyse mercredi 23 août sur franceinfo Corentin Sellin, professeur agrégé d’histoire, spécialiste de la politique américaine qu'il chronique pour le site Les Jours. Inculpé quatre fois en moins de six mois, l'ancien président doit comparaître jeudi en Géorgie. Mais Donald Trump considère surtout "que la course est déjà jouée et qu'il est le candidat naturel du parti", selon le spécialiste.
franceinfo : Les déboires judiciaires de Donald Trump l'empêchent-ils de venir au débat ? Ou veut-il simplement snober les autres candidats ?
Corentin Sellin : Plus vraisemblablement, la seconde hypothèse. Donald Trump a laissé entendre qu'il s'inspirait du modèle de Ronald Reagan, le fameux ancien président conservateur qui, lui aussi, en 1980, avait décidé de ne pas aller débattre en primaire, parce que, comme Trump aujourd'hui, il avait une large avance sur tous ces candidats et il ne voulait pas leur donner la lumière. Et c'est exactement ce qu'a dit Trump, c'est à dire 'pourquoi j'irais avec toutes ces personnes qui ne m'arrivent pas à la cheville', je paraphrase Trump, 'pour leur donner de la lumière, pour leur donner une existence. Autant ne pas y aller et se concentrer sur moi-même'. C'est le raisonnement politique de Donald Trump qui considère que la course est déjà jouée et qu'il est le candidat naturel du parti.
"Il ne veut pas donner d'existence et de temps d'audience à ses rivaux."
Corentin Sellin, spécialiste de la politique américaineà franceinfo
Qui sont exactement ces candidats qui se présentent à l'investiture républicaine ? Ce sont tous des anti-Trump ?
Absolument pas ! Tous les autres candidats se positionnent d'abord vis-à-vis de lui, ce qui est un signe de sa puissance. Il y a ceux qui sont effectivement anti-Trump, ils sont peu nombreux, mais ils sont là. C'est le cas en particulier de l'ancien gouverneur du New Jersey, Chris Christie, qui fait de l'élimination politique de Donald Trump sa seule raison d'être dans cette campagne. Mais on a toute une autre série de candidats qui, eux, se présentent plutôt comme de nouveaux Trump, c'est-à-dire des alternatives. On a Ron DeSantis, le gouverneur de Floride, on a Vivek Ramaswamy, un entrepreneur d'origine hindoue, qui eux se présentent vraiment comme des alternatives très à droite, de nouveaux Trump, moins les ennuis judiciaires, moins le passif qui commence à devenir très lourd. Par exemple, De Santis et Ramaswamy ont décidé de demander la militarisation de la frontière avec le Mexique et l'emploi de l'armée pour empêcher les migrants illégaux de rentrer et éventuellement d employer des armes mortelles.
Donald Trump est pourtant attaqué sur cette non-participation. Est-ce que ça risque de jouer sur son image ?
Pour beaucoup de ses partisans, Donald Trump reste le chef quoiqu'il arrive. On a vu un sondage dans l'Iowa, le premier État des primaires, montrer qu'un électeur républicain sur deux y considère que Donald Trump doit rester le chef du Parti républicain quoi qu'il advienne. Donc, pour l'instant, ces critiques glissent un peu sur lui. Il y a un seul risque, c'est que Donald Trump oublie de faire campagne, c'est-à-dire qu'il faut quand même qu'il soit un peu présent sur le terrain. Et surtout, il doit espérer ce soir qu'aucun des candidats ne prenne la lumière, qu'ils se neutralisent tous les uns les autres.
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