"Nous mourrons pendant que vous tournez autour du pot !" : après la tuerie de Parkland, des lycéens montent à la tribune
Après la mort de 17 de leurs camarades lors de la tuerie de Parkland en Floride, aux États-Unis, des élèves survivants ont dénoncé dans une manifestation à Fort Lauderdale les liens entre le pouvoir politique américain et le lobby pro-armes.
Ils s’appellent Emma, David, Cameron. Tous les trois sont élèves de terminale au lycée Marjorie Stoneman Douglas, à Parkland, au sud-est de la Floride. Tous les trois étaient en cours quand, mercredi 14 février, Nicolas Cruz a pénétré à l’intérieur de l’établissement et a ouvert le feu, tuant 17 personnes.
Depuis, ces trois-là font la une de la plupart des médias américains avec le même message adressé à la Maison Blanche et son locataire, Donald Trump. "Président Trump, vous contrôlez la Chambre des représentants, le Sénat, l’exécutif, mais vous n’avez pas fait passer une seule loi pour lutter contre les maladies mentales, ou faire en sorte que les armes soient mieux contrôlées", déclarait dimanche après-midi sur CNN David Hogg, 17 ans.
Vous n’avez rien fait pour essayer de sauver la vie des enfants. Vous me dégoûtez.
David HoggCNN
Emma Gonzales, 18 ans, élève en terminale elle aussi, se trouvait dans l’amphithéâtre du lycée quand le massacre a débuté. Elle a réussi à s’enfuir en se mêlant à la foule des autres adolescents. Trois jours plus tard, lors d’une manifestation organisée samedi à Fort Lauderdale par des élèves survivants de la tuerie, elle prononce ce discours, sept minutes de rage et de colère, notamment à l’encontre du président américain : "Si le président vient me voir et me dit dans les yeux dans les yeux que c’était une terrible tragédie qui n’aurait jamais dû arriver, je lui demanderai combien il a reçu de la NRA (le lobby pro-armes), hurle la lycéenne. Trente millions de dollars !" Emma est secouée par l’émotion, mais les larmes qui montent ne l’empêchent pas d’aller jusqu’au bout de ce discours.
"Honte à vous !"
"Ils disent que des lois plus dures sur les armes ne diminueront pas les violences avec des armes à feu, poursuit la jeune femme. Nous leur répondons : mensonges ! Ils disent que nous les adolescents, on ne sait pas de quoi on parle, que nous sommes trop jeunes pour comprendre. Nous leur répondons : mensonges ! Honte à vous !", reprend la foule adolescente.
Cameron Kasky, 17 ans, appelle de son côté les jeunes de son âge à descendre dans la rue et à manifester pour un meilleur contrôle des armes à feu dans le pays. Il était sur Fox News dimanche soir : "Le message, pour les autorités, c’est : soit vous êtes avec nous, soit vous êtes contre nous. Nous mourrons pendant que vous tournez autour du pot!", lance-t-il. "Le 24 mars, vous verrez manifester des lycéens et des étudiants dans la plupart des grandes villes du pays. Cela n’a rien à voir avec des histoires de partis républicains ou démocrates", poursuit le lycéen.
Il s’agit pour nous de dénoncer chaque politicien qui accepte de l’argent de la NRA mais qui nous considère comme des dommages collatéraux.
Cameron KaskyFox News
C’est paradoxalement presque la première fois qu’une tuerie de masse dans une école provoque une telle mobilisation qui souhaite aller au-delà des larmes et des prières. Personne ne sait cependant si la colère de ces jeunes gens suffira à faire bouger les choses dans les rangs du Congrès qui reste aux États-Unis sous la forte influence du lobby des armes.
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