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"Nous avons affaire à un poseur de bombes en série" : comment plusieurs explosions ont semé la psychose au Texas

Le poseur de bombes présumé d'Austin s'est suicidé mercredi 21 mars. Franceinfo revient sur trois semaines de traque.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Des agents du FBI sur les lieux d'une explosion, le 13 mars 2018 à Austin (Texas, Etats-Unis). (REUTERS)

Sous le porche de son domicile d'Austin (Etats-Unis), un paquet attend Anthony Stephan House, vendredi 2 mars. Il est un peu moins de 7 heures quand, sans se méfier, cet Afro-Américain de 39 ans décide de l'ouvrir. La bombe placée à l'intérieur explose. A 7h48,ce père d'une petite fille de 8 ans est déclaré mort à l'hôpital. Sur les lieux du drame, le chef de la police locale organise rapidement une conférence de presse. "Nous n'avons pas d'information qui nous laisse penser qu'il s'agisse d'autre chose que d'un incident isolé", explique* Brian Manley, agrippé à son calepin.

Il ne le sait pas encore, mais il se trompe lourdement. Cette explosion est la première d'une série qui a secoué la capitale du Texas pendant trois semaines et ravivé le spectre du terroriste "Unabomber", connu pour avoir, à partir de 1978, envoyé 16 bombes dissimulées dans des colis postaux. Cette nouvelle affaire s'est achevée, dans la nuit du mardi 20 au mercredi 21 mars, par la mort de l'auteur présumé de cette vague d'attentats, qui s'est fait exploser dans sa voiture à l'arrivée de la police. Dans l'intervalle, quatre explosions ont fait deux morts et plusieurs blessés. Franceinfo revient sur ces semaines de traque.

Mise en garde et psychose

Dix jours après la mort d'Anthony Stephen House, deux nouveaux paquets piégés explosent à Austin. A 6h45 le 12 mars, le premier tue Draylen Mason, 17 ans, et blesse grièvement sa mère. Le second explose peu avant midi et blesse une vieille dame de 75 ans. Le mode opératoire est le même : un paquet déposé dans la nuit, sur le pas de la porte des victimes. Sur Twitter, le chef de la police, Brian Manley appelle la population à la vigilance. "Si vous recevez un colis que vous n'attiendez pas ou qui a l'air suspect, NE L'OUVREZ PAS, appelez immédiatement le 911", poste-t-il, à grands renforts de gyrophares rouges.

En plein festival South by Southwest, qui mêle cinéma, musique et médias interactifs, la psychose ne tarde pas à s'emparer de la ville. Ce lundi 12 mars, la police reçoit 80 appels pour colis suspect, contre deux le lundi précédent, rapporte le New York Times*. En une semaine, ce chiffre bondit à 1 200 appels*. Pendant ce temps-là, les enquêteurs font rapidement le lien entre les différentes explosions et s'interrogent sur le mobile du poseur de bombes. Toutes les victimes sont pour le moment noires ou hispaniques. Le tueur est-il raciste ?

"Nous voulons vous écouter"

L'enquête passe à la vitesse supérieure. Une récompense de 65 000 dollars (53 000 euros) puis 115 000 dollars (94 000 euros) est promise à toute personne qui donnera un renseignement décisif pour résoudre cette affaire. A la télévision, Brian Manley prend une initiative surprenante. "Nous pensons que les récentes explosions survenues à Austin voulaient envoyer un message", explique-t-il, dimanche 18 mars, avant de s'adresser directement au poseur de bombes.

Nous voulons comprendre ce qui vous a amené jusque-là et nous voulons vous écouter.

Brian Manley, chef de la police d'Austin

en conférence de presse

Sans succès. Quelques heures plus tard, à 20h32, deux jeunes Blancs de 22 et 23 ans remontent à pied une rue du sud-ouest d'Austin. Selon la police*, l'un d'eux a probablement coupé le fil du détonateur de la bombe, placée sur le trottoir. L'explosion blesse grièvement les deux victimes. "Cela démontre un plus grand niveau de sophistication et de compétence", constate Brian Manley lors d'une conférence de presse le lendemain. "Nous avons clairement affaire à ce qu'on nous pensons être un poseur de bombes en série", ajoute-t-il. La couleur de peau de ces nouvelles victimes et le caractère aléatoire de l'attentat éloignent la piste raciste.

Un suspect trahi par les caméras de surveillance

Pour une raison inconnue, le poseur de bombes va brutalement changer de mode opératoire. Le 20 mars, un paquet explose dans un dépôt FedEx, à 100 km d'Austin. Un autre est découvert à temps dans un autre bâtiment de l'entreprise de livraison, près de l'aéroport d'Austin. Comme le raconte le New York Times, les deux colis ont été expédiés du même magasin FedEx, par la même personne. Des images de caméras de surveillance, révélées par une station locale de CBS, montrent un homme blanc, vêtu d'une casquette et possiblement d'une perruque.

La police ne tarde pas à retrouver sa trace. Dans la soirée du mardi 20 mars, son véhicule est localisé sur le parking d'un hôtel de Round Rock, au nord d'Austin. Selon le récit de Brian Manley, les enquêteurs attendaient l'arrivée de renforts lorsque le suspect a quitté l'hôtel. Ils l'ont pris en chasse, avant de l'obliger à s'arrêter au bord de l'Interstate 35. Alors que les policiers s'approchent du véhicule, le suspect, identifié comme Mark Anthony Conditt, 23 ans, par l'agence Associated Press, se fait exploser. Ses motivations précises restent pour l'heure inconnues. Pour les habitants d'Austin, le cauchemar n'est pas tout à fait terminé : la police redoute que d'autres colis piégés ne soient toujours dans la nature.

* Tous les liens suivis d'une étoile sont en anglais.

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