Etats-Unis : cinq choses à savoir sur Beto O'Rourke, l'étoile montante du Parti démocrate qui a fait trembler Ted Cruz
En échouant de peu face à son adversaire républicain dans la course pour le poste de sénateur du Texas, Beto O'Rourke a acquis un statut d'espoir pour les démocrates qui pourrait survivre à sa défaite.
Sous les feux de la rampe. Le duel qui a opposé le républicain Ted Cruz au candidat démocrate Beto O'Rourke était l'un des enjeux de la campagne des élections de mi-mandat aux Etats-Unis. La course était étonnamment serrée dans le deuxième Etat le plus peuplé du pays, où aucun démocrate n'a gagné d'élections depuis 1994. Beto O'Rourke a fini à seulement trois points derrière son adversaire. Une prouesse qui lui offre une visibilité nationale et qui laisse ses supporters espérer que cet "Obama blanc" se présente à la présidentielle de 2020 face à Donald Trump.
Tu la sens monter l'excitation #Beto2020 ? https://t.co/0xZOPT56S6
— thomas snegaroff (@thomassnegaroff) 7 novembre 2018
Franceinfo vous détaille les choses à savoir sur cet espoir du camp démocrate.
1Un élu texan qui n'hésite pas à mouiller la chemise
Originaire d'El Paso, Robert O'Rouke est surnommé "Beto" depuis l'enfance : deux syllabes qu'il prononce, note le New York Times, comme s'il parlait espagnol, une langue qu'il parle couramment. "Il vient d’El Paso, il a grandi dans l’ouest du Texas et il connaît les difficultés que nous avons à la frontière", avait dit de lui une militante démocrate au micro de franceinfo.
Déjà élu à la Chambre des représentants depuis 2013, "Beto" a cette fois brigué le poste de sénateur. Et il n'a pas hésité à mouiller la chemise, au propre comme au figuré, pour y arriver. Pendant cette campagne, il a parcouru des dizaines de milliers de kilomètres pour se rendre dans chacun des 254 comtés texans. Car lui-même ne voterait pas pour quelqu'un qui n'a jamais mis un pied dans sa ville, a-t-il confié au New York Times. Et cette stratégie semble avoir été payante : "Il a du charisme, une énergie incroyable, on a besoin de ça !" affirme une femme en marge d'un de ses meetings à Dallas. "Les gens le comprennent, il est proche d'eux", renchérit une autre.
2Il a été bassiste dans un groupe de punk
Au lycée, Beto O'Rourke faisait partie d'un groupe de punk nommé Foss, qui a sorti l'EP The El Paso Pussycats. Passionné de musique, il est tombé amoureux du punk en quatrième après avoir écouté le morceau London Calling des Clash, comme l'explique Rolling Stone, qui publie l'un des morceaux de Foss.
Les républicains ont tenté d'utiliser son passé pour lui coller une réputation de candidat immature. "Peut-être que Beto ne peut pas débattre avec Ted Cruz parce qu'il a d'autres plans..." raille ce tweet du Grand Old Party.
Maybe Beto can’t debate Ted Cruz because he already had plans... pic.twitter.com/LdqKTh3yK4
— Texas GOP (@TexasGOP) 28 août 2018
Mais Beto O'Rourke avance plutôt que son expérience de tournée avec son groupe lui a beaucoup servi dans sa campagne électorale. D'ailleurs, il compare aisément les deux : "Ce qui ressemble le plus à ce qu'on fait en ce moment, c'est moi en tournée avec trois amis dans un break, à jouer de la musique punk", confie-t-il à Vanity Fair.
3Ses idées sont résolument à gauche
Beto O'Rourke a fait le pari, pour sa campagne dans le Texas, de mobiliser les électeurs démocrates plutôt que de courtiser les républicains modérés. Il milite notamment pour l’interdiction des armes d’assaut, la légalisation de la marijuana ou encore la couverture santé universelle. Un programme plus à gauche que centriste.
"Soit vous choisissez les plus bas de nos instincts : le mur [à la frontière avec le Mexique], l’interdiction des musulmans, la presse ennemie du peuple… Soit vous décidez qu’il faut une couverture santé pour tous, un enseignement public de qualité, des salaires plus élevés pour les professeurs, un débat au niveau national sur les problèmes que nous connaissons mieux que quiconque, comme la question des migrants", confie Beto O'Rourke à franceinfo.
4Il a conduit une campagne atypique mais efficace
Pour mener sa campagne, Beto O'Rourke a refusé d'engager des stratèges politiques ou des sondeurs, et n'a pas utilisé de big data pour sonder son électorat.
Plus handicapant, il a aussi refusé toutes les contributions financières à sa campagne issues d'organisations privées, préférant celles d'individus. Et cela a payé. Pendant les trois premiers mois de 2018, il a récolté plus d'argent qu'aucun autre candidat démocrate pour un poste de sénateur dans tout le pays sur la même période, souligne le New York Times.
Concernant sa stratégie de communication, il a fait de sa campagne une sorte de télé-réalité d'un nouveau genre, avec un iPhone le suivant partout et diffusant en direct sur les réseaux sociaux le déroulement de sa journée.
Certaines vidéos de ses discours, pourtant toutes tremblotantes et pixellisées, sont devenues virales, comme celle où il prend la défense des joueurs de football afro-américains qui ont mis le genou à terre durant l'hymne national, l'été dernier. La vidéo, publiée par NowThis, a été vue plus de 44 millions de fois.
5Le futur rival de Trump en 2020 ?
Beto O'Rourke n'a pas seulement fait campagne sur des problématiques locales. Ses prises de position frontales contre Donald Trump ont contribué à propulser sur la scène politique nationale cet élu qui n'avait pas encore percé à Washington.
Si ses idées ont échoué à remporter une majorité des suffrages au Texas, elles pourraient être plus efficaces lors d'un scrutin national. Cette défaite honorable fait de lui, pour certains démocrates, un candidat potentiel à la Maison Blanche.
Beto 2020. Let’s do this.
— olivia wilde (@oliviawilde) 7 novembre 2018
If @BetoORourke can get over 48% as a progressive in TEXAS, imagine what #2020election could look like. #ElectionDay
— Ian Slingsby (@IanSlingsby) 7 novembre 2018
Durant sa campagne, Beto O'Rourke a toutefois écarté cette hypothèse : "Je ne serai pas candidat à la présidence en 2020", a-t-il tranché. Au lendemain de sa défaite au Texas, beaucoup espèrent qu'il revienne sur sa décision.
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