Les Américaines, armes électorales massives
Ce n’est pas un secret. Le soutien des femmes a été déterminant dans la victoire de Barack Obama en 2008. Hormis son sourire ultrabright, le démocrate a su leur parler… d’économie.
Une enquête d’opinion, réalisée un mois avant son élection, indiquait en effet que les indécises, ainsi que celles qui avaient déjà fait leur choix, préféraient le programme économique de Barack Obama. John McCain n’a pas réussi à les convaincre. Même s’il avait choisi l’égérie du Tea Party, Sarah Palin, pour les attirer. Elles ont voté à 56% pour l’actuel locataire de la Maison blanche et à 43% pour le sénateur McCain.
Le « vrai viol » de Todd Akin
Quatre ans après, la bataille pour récupérer les votes de cette tranche de la population est aussi acharnée : les femmes représentent 53% du corps électoral américain. Mais il faut dire que les républicains facilitent la tâche du candidat à la réélection.
Surtout quand le représentant républicain, Todd Akin, déclare qu’une femme tombe rarement enceinte après un « vrai viol ». Ou que Tom Smith, un autre républicain de la Pennsylvanie, récidive en lançant qu’avoir un enfant sans être marié est comparable au viol. Bien avant eux, plusieurs républicains avaient affirmé que l’appareil reproducteur féminin a des défenses naturelles contre les agressions sexuelles.
Des excuses publiques pour des «mots inappropriés»
Vidéo postée par Todd Akin
Le programme de Mitt Romney en a refroidi plus d’une. L’ancien gouverneur du Massachussets prévoit de s’attaquer aux plannings familiaux en coupant les financements. En février 2012, il s’est prononcé pour l’adoption de la loi Blunt qui restreindrait au minimum le droit à l’avortement. La marotte républicaine. Cette formation souhaite interdire l’IVG depuis 1980, même si la grossesse est la conséquence d’un viol ou si la vie de la mère est en danger.
Mitt Romeny déclare vouloir se débarrasser des plannings familiaux
CNN, mars 2012.
En abandonnant la réforme de la Sécurité sociale portée par Obama, les nouveaux acquis que les femmes ont obtenus disparaitraient. Avec l’Obamacare elles cessent de payer plus cher leur assurance maladie juste parce que ce sont des femmes, par exemple.
Comme si ces mesures ne suffisaient pas à séduire l’électorat ultraconservateur, qu’il doit tout de même convaincre, Mitt Romney a choisi Paul Ryan comme colistier. Ce député a voté pour l’instauration d’une loi qui couperait tout financement à n’importe quelle clinique qui pratiquerait des avortements. La loi stipulait ainsi que l’IVG ne serait pas remboursable par la sécurité sociale.
Les mal-aimées de Romney
« Pro-life » plus que confirmé et mormon de surcroît, Mitt Romney fait même grincer les dents de son propre camp. Selon une récente enquête d’opinion, 76% des républicains et républicaines interrogés ne sont pas d’accord avec la ligne de leur parti : ils croient que l’interruption volontaire de grossesse devrait être autorisée sous certaines conditions.
Alors, les républicaines se révoltent-elles contre les positions de leur candidat ? Pas vraiment, à en croire le témoignage d’une journaliste du Guardian qui a voulu les interroger à ce sujet, lors de la convention des républicains à Tampa, Floride. Ana Marie Cox a eu du mal à trouver quelqu’un qui répondrait à ses questions. Les militantes républicaines ont esquivé toute tentative d’interview.
Les premières dames
Mitt Romney n’est pas encore en perdition face aux Américaines. Il a un atout de taille, sa femme. L’équipe de campagne n’hésite pas à mettre Ann Romney en avant. Et elle joue à la perfection le rôle de « la femme de candidat ». Barack Obama ne reste pas à la traîne. Il a à ses côtés la First Lady Michelle Obama. Figure de proue de son mandat, l’avocate de profession est plus populaire que son mari.
Ann Romney, star de la convention républicaine
ABC News, le 28 août 2012
Bien qu’il bichonne ses électrices potentielles, Barack Obama ne doit pas faire des efforts surhumains. Historiquement, les femmes votent démocrate. Et cette année électorale, le « gender gap » est encore plus flagrant. Mi-avril, Barack Obama arrivait en tête chez les femmes, vingt points d’avance sur Mitt Romney. Néanmois, 51% des femmes blanches veulent voter pour le camp républicain.
Ce qui rappelle que les femmes ne représentent pas un électorat lisse et homogène. Qu’elles soient jeunes et sans enfants, retraitées, mères de familles, Blanches, Noires, Latinos, Asiatiques ou chef d’entreprise elles peuvent faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre. D’autant que leur comportement électoral évolue. Depuis l’élection de 2008, des mesures sur la santé ou sur l’éducation ne suffisent plus à les attirer.
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