Vaccination, impôts, réforme de la police : ce qu'il faut retenir du discours de Joe Biden devant le Congrès américain
Covid-19 oblige, le discours présidentiel sur la colline du Capitole s'est déroulé en petit comité : seules quelque 200 personnes ont assisté à l'événement, contre plus de 1 600 habituellement.
"Après 100 jours, je peux le dire au pays : l'Amérique va de nouveau de l'avant". Le président américain Joe Biden a dressé, mercredi 28 avril, face au Congrès le tableau d'une Amérique de nouveau debout après une série de redoutables crises et affiché sa volonté réformatrice, appelant les plus riches à "payer leur juste part".
A la veille du cap symbolique de ses 100 jours de présidence, le locataire de la Maison Blanche a décliné son "Projet pour les familles américaines", d'un montant total de près de 2 000 milliards de dollars, qu'il entend financer par des hausses d'impôts. Franceinfo résume ce qu'il faut retenir de cette allocution.
Un symbole : un président encadré par deux femmes
Covid-19 oblige, le discours présidentiel sur la colline du Capitole s'est déroulé dans une atmosphère singulière. Seules quelque 200 personnes, contre plus de 1 600 habituellement, se sont ainsi retrouvées dans la prestigieuse enceinte de la Chambre des représentants pour y assister.
Pour la première fois dans l'histoire, deux femmes avaient pris place derrière le président, dans le champ des caméras : Nancy Pelosi, présidente démocrate de la Chambre, et Kamala Harris, devenue en janvier la première femme à accéder à la vice-présidence. "Il était temps !" a lancé le président américain, sous des applaudissements nourris, juste avant d'entamer son discours.
Un plan à 1 000 milliards de dollars pour créer "des millions d'emplois"
Se posant en défenseur de la classe moyenne, Joe Biden a vanté un gigantesque plan d'investissement visant à créer "des millions d'emplois" pour les Américains qui se sentent tenus à l'écart. "Je sais que certains d'entre vous se demandent si ces emplois sont pour vous. Vous vous sentez abandonnés et oubliés dans une économie qui change rapidement", a déclaré Joe Biden, dans une allusion à peine voilée à son prédécesseur Donald Trump qui se posait en champion des "oubliés". "Près de 90% des emplois dans les infrastructures (prévus dans son plan présenté le mois dernier) ne nécessitent pas de diplômes universitaires", a-t-il insisté.
Le plan, qui suscite déjà la colère des républicains, est ambitieux : 1 000 milliards d'investissements, en particulier dans l'éducation, et 800 milliards de réductions d'impôts pour la classe moyenne.
Une augmentation des impôts assumée pour les "1% d'Américains les plus riches"
Pour financer son plan, le démocrate propose d'annuler les baisses d'impôts pour les plus riches votées sous Donald Trump, et d'augmenter les impôts sur les revenus du capital pour les 0,3% d'Américains les plus fortunés.
"Il est temps que les entreprises américaines et que les 1% d'Américains les plus riches commencent à payer leur juste part."
Joe Bidenau Congrès
Avec une promesse martelée sur tous les tons : aucun Américain gagnant moins de 400 000 dollars par an ne verra ses impôts augmenter. Reste à savoir si ce volontarisme économique passera l'épreuve du Congrès. Si le plan de soutien à l'économie de 1 900 milliards de dollars a franchi l'obstacle sans véritable difficulté, les discussions sur ses gigantesques programmes d'investissement dans les infrastructures et l'éducation s'annoncent beaucoup plus houleuses.
La campagne de vaccination vantée comme "l'un des plus grands succès" de l'histoire du pays
A la tribune, le président démocrate a estimé que le plan de vaccination mis en place aux Etats-Unis contre le Covid-19 était "l'un des plus grands succès logistiques" de l'histoire du pays.
Plus de 96 millions de personnes, soit près de 30% de la population, sont considérées comme totalement vaccinées. Et, dans une décision chargée en symboles, les autorités sanitaires ont annoncé mardi que les Américains ayant reçu les piqûres salvatrices n'avaient désormais plus besoin de porter de masque en extérieur, sauf au milieu d'une foule.
Un appel au "courage" pour réformer la police
Revenant sur un autre sujet de société brûlant, le président a appelé le Sénat à adopter dès mai un vaste projet de réforme de la police, à l'occasion de l'anniversaire de la mort de George Floyd, tué par un policier blanc.
Le président démocrate a fait appel au "courage du Congrès" pour voter définitivement ce texte, qui a déjà été adopté à la Chambre des représentants et prévoit notamment de lutter contre la large immunité judiciaire dont jouissent les agents. "Je sais que les républicains ont leurs propres idées", a-t-il ajouté, "nous devons travailler ensemble pour trouver un consensus".
Une volonté de "défendre les intérêts américains" face à Pékin
Sur le front diplomatique, Joe Biden a martelé sa fermeté vis-à-vis de Pékin et de Moscou, tout en disant prêt au dialogue. Assurant ne pas "chercher le conflit avec la Chine", il a insisté sur le fait qu'il était "prêt à défendre les intérêts américains dans tous les domaines".
"Dans mes discussions avec le président Xi (Jinping), je lui ai dit que nous étions favorables à la compétition" mais que "nous nous battrons contre les pratiques commerciales injustes". Nous "maintiendrons une présence militaire forte dans la région indo-pacifique" et "ne renoncerons pas à défendre les droits humains", a-t-il encore martelé.
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