Qui est Jill Biden, la future Première dame des Etats-Unis ?
A 69 ans, elle devient la 46e Première dame des Etats-Unis après l'élection de son mari, le candidat démocrate Joe Biden. Premier soutien de son époux, elle aura notamment à cœur de défendre l'école publique durant les quatre années à venir.
Comme son mari, Jill Biden entre à la Maison Blanche. Ou plutôt, elle la retrouve, quatre ans après l'avoir quittée en tant qu'épouse du vice-président. Après la victoire de Joe Biden face à Donald Trump, samedi 7 novembre, cette enseignante entend désormais utiliser son statut pour porter ses combats dans le domaine de l'éducation. Franceinfo vous présente la nouvelle Première dame des Etats-Unis.
Quasi-inconnue en France sous la vice-présidence de Joe Biden, cette fille d'un employé de banque d'origine italienne (dont le nom de famille, Giacoppa, avait été anglicisé en Jacobs par son père) et d'une femme de ménage d'origine anglaise et écossaise devient l'un des personnages de premier plan de la scène politique américaine. Aînée d'une fratrie de cinq filles, Jill Tracy Jacobs naît en 1951 dans le New Jersey et grandit à Willow Grove, en Pennsylvanie. C'est lors de son premier mariage, en 1970, qu'elle s'installe dans le Delaware et s'y inscrit à l'université. Son mariage se solde par un divorce, quatre ans plus tard.
Elle rencontre le sénateur Joe Robinette Biden en 1975 alors qu'elle est en dernière année d'études pour devenir professeure. Joe Biden est alors un veuf de 33 ans, père de deux enfants. Ils sont mis en relation par le frère de Joe, Frank, qui étudie à l'université du Delaware avec la jeune femme de 24 ans.
"Comment as-tu eu ce numéro ?" sont les premiers mots qu'elle adresse à Joe Biden, lorsqu'il l'appelle pour lui demander un rendez-vous, une séance de cinéma à Philadelphie. A l'issue de cette soirée, avant de s'en aller, il lui serre la main. "J'ai dit à ma mère que j'avais enfin rencontré un gentleman", révèle la nouvelle Première dame dans un entretien accordé à Vogue* en 2016.
"How did you get this number?"
— Dr. Jill Biden (@DrBiden) August 18, 2020
Those were the first words I spoke to Joe when he called me out of the blue on a Saturday in 1975.
I'll be speaking tonight at the #DemConvention. I hope you'll tune in! pic.twitter.com/t0amDEM2kT
Elle devient rapidement très proche des deux fils de Joe, Beau et Hunter. Elle refuse cinq demandes en mariage de Joe Biden avant de finir par l'épouser, en 1977 : "Ce n'était pas qu'une question d'amour. Je m'entendais si bien avec les garçons, je voulais être sûre que c'était pour toujours", argumente-t-elle dans un clip de la campagne 2020*. Le couple Biden a une fille, Ashley, née en 1981.
Jill Biden s'est rapidement engagée au côté de son mari pour ses campagnes sénatoriales, puis lors des primaires démocrates (en 1988 et 2008). Elle a également fait campagne pour le fils aîné de Joe Biden, Beau, élu en 2006 et 2010 au poste de procureur général du Delaware. "A l'origine, elle n'était pas du tout de ce milieu. Quand elle a rencontré Joe Biden, elle a pris tout à bras le corps", certifie Nicole Bacharan, politologue franco-américaine et autrice avec Dominique Simonnet de First Ladies (éd. Tempus, 2020).
Victime d'un cancer du cerveau, Beau Biden meurt en 2015, une épreuve particulièrement douloureuse pour Joe et Jill Biden. Cette catholique pratiquante "a même confié avoir perdu la foi", rapporte Nicole Bacharan. La campagne électorale de 2020 a donc été une manière de "retrouver un élan mais aussi d'être fidèle à la volonté de Beau, qui rêvait de voir son père à la Maison Blanche", ajoute la politologue.
Enseignante avant tout
Dans les années 1980, lorsque Joe Biden était sénateur, installé à Washington, elle est restée à Wilmington, dans le Delaware, avec les trois enfants et a continué à exercer en tant que professeure d'anglais. "Je n'ai jamais voulu avoir à demander à Joe si je pouvais avoir 100 dollars pour ci ou ça. Je crois qu'il est important pour chaque femme d'avoir son argent et d'être indépendante", confiait-elle sur CBS* en 2009.
C'est donc tout naturellement qu'elle a souhaité continuer à travailler lorsque Joe Biden est devenu vice-président de Barack Obama, en 2008. Une première remarquée dans l'histoire américaine. Elle exerçait au Northern Virginia Community College, un établissement public d'enseignement supérieur. Il lui est même arrivé de corriger des copies à bord de l'avion du vice-président, Air Force Two. "C'est une enseignante passionnée, elle a beaucoup travaillé avec des enfants en difficulté. La plupart des élèves ne savaient pas qui elle était, les gardes du corps devaient se faire oublier", souligne Nicole Bacharan.
Désormais Première dame, elle ne compte d'ailleurs pas arrêter l'enseignement : "Je veux que les gens aient de l'estime pour les enseignants, que l'on mette en valeur cette profession", déclarait-elle en août à la chaîne américaine CNN*. "Enseigner n'est pas ce qu'elle fait. C'est ce qu'elle est", dit d'elle Joe Biden.
Titulaire depuis 2007 d'un doctorat en éducation, elle a choisi d'apparaître sur Twitter en tant que "Dr. Biden" pour rappeler le titre professionnel qu'elle a obtenu. Dans une interview à la NPR* en 2013, elle expliquait d'ailleurs ne pas se considérer comme une "Second Lady" : "Je vois cela comme deux rôles distincts et je préfère être Dr. Biden, professeure d'anglais."
Jill Biden se consacre également à des causes associatives. Elle crée en 1993 une association pour promouvoir le dépistage du cancer du sein, la Biden Breast Health Initiative. Elle mène pendant la vice-présidence de son mari des programmes en faveur des familles de militaires pour soutenir leurs conjoints et leurs enfants, ainsi que les soldats souffrant de traumatismes à leur retour de combats. Des engagements qui lui ont permis de se faire connaître des Américains.
Investie dans la campagne de Joe Biden
C'est d'ailleurs en tant qu'enseignante qu'elle a critiqué la gestion des structures scolaires par Donald Trump durant la crise sanitaire. "Il n'avait pas de plan pour la réouverture des écoles. Je ne pense pas que Betsy DeVos [la secrétaire d'Etat à l'Education] ait de l'intérêt pour les écoles publiques. Joe Biden veut donner de l'argent aux écoles, pour que chaque enfant ait accès à internet", témoignait-elle sur CNN* le 1er septembre. "Même si la pandémie va rester la priorité pour Joe Biden, le couple reste très engagé sur la question de l'enseignement public", approuve Nicole Bacharan. C'est le mandat de Donald Trump qui a poussé Jill Biden à s'investir personnellement dans la campagne de son mari, en prenant un congé d'un an pour militer à ses côtés.
"Je veux un nouveau président. Je veux du changement."
Jill Bidensur CNN
Pour Nicole Bacharan, impossible de scinder le président élu et son épouse dans cette aventure politique : "Elle fait partie des femmes de candidats que les conseillers sont obligés d'inclure dans les décisions principales." Ainsi, en 2004, alors que Joe Biden est pressenti pour se porter candidat à la primaire démocrate, il organise une réunion chez lui avec des conseillers. Jill Biden est alors au bord de la piscine de la maison familiale, en maillot de bain. "Je suis allée les voir et j'ai écrit 'NON' au marqueur sur mon ventre. Ils ont compris", avoue-t-elle dans ses mémoires, publiés en 2019.
Pleinement investie dans la campagne 2020, elle a notamment participé à des meetings en Pennsylvanie, là où elle a grandi. Dans cet Etat clé, elle a encouragé les femmes à se mobiliser : "Vous, les femmes, déciderez du futur de cet Etat. Il pourrait déterminer le résultat de l'élection tout entière." C'est aussi elle qui, en mars, s'est interposée pour défendre son mari quand des militants végans ont fait irruption sur scène pour s'en prendre à lui, lors d'un meeting.
"Ils montrent l'image d'un couple très lié, qui a traversé beaucoup d'épreuves et qui partage un vrai souci du bien commun, un désir de se rendre utile. Cela aide à construire le personnage de Biden. Ses électeurs attendent qu'il soit honnête, qu'il ne mente pas", analyse Nicole Bacharan.
A l'opposé de Melania Trump, qui a préféré se mettre en retrait lors du mandat de son mari, Jill Biden apparaît "chaleureuse, extravertie, passionnée et sincère". En tant que Première dame des Etats-Unis, "elle aura à cœur de ne pas apparaître comme une Hillary Clinton, elle a envie d'être utile. Elle va s'emparer de causes sociales, familiales, elle y mettra tout son cœur", estime la politologue. Cette fois, devant 328 millions d'Américains. Sa plus grande salle de classe.
* Les articles signalés par un astérisque sont en anglais
À regarder
-
Kamala Harris reconnaît sa défaite
-
Election américaine : pourquoi un tel raz-de-marée républicain ?
-
Donald Trump encense Elon Musk après avoir déclaré sa victoire
-
Donald Trump revendique "une victoire politique jamais vue"
-
Comment les expatriés américains font pour voter ?
-
La mort de cet écureuil est récupérée par le camp de Donald Trump
-
Peut-on comparer démocrates et républicains à la gauche et la droite française ?
-
Donald Trump imite Emmanuel Macron
-
Présidentielle américaine : l'artiste Bad Bunny soutient Kamala Harris
-
Election américaine : qu'apporte Elon Musk à la campagne de Donald Trump ?
-
Election américaine : quand connaîtra-t-on le nom du prochain président élu ?
-
Maya Harris, plus proche conseillère de Kamala depuis plus de 50 ans
-
Quelle est la position des candidats à la présidentielle américaine sur le conflit au Proche-Orient
-
Aux Etats-Unis, "Superman" appelle les Américains à voter
-
Présidentielle américaine : des cookies Trump et Harris controversés
-
Election américaine : plus de 6 millions de dollars de paris sur le duel Harris-Trump
-
Les célébrités peuvent-elles influencer le scrutin américain ?
-
Pourquoi n'y a-t-il que deux grands partis aux Etats-Unis ?
-
Élection présidentielle aux États-Unis : le business des produits dérivés
-
Election américaine : "I have a Glock", quand Kamala Harris parle de son arme
-
Élection américaine : les démocrates contrôlent-ils la météo ?
-
Un bar à thème présidentiel aux États-Unis
-
La "Bible Trump" bientôt dans les écoles ?
-
Une interview de Melania Trump à 250 000 dollars ?
-
Une statue géante de Donald Trump aux États-Unis
-
Kamala Harris traite Donald Trump de poule mouillée
-
Des singes prédisent le résultat de l'élection américaine
-
Élection américaine : rencontre avec Raymond, électeur de Donald Trump
-
Visée par Donald Trump, la communauté haïtienne de Springfield est devenue la cible de l'extrême droite
-
Une possible tentative d'assassinat visant Donald Trump
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.