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Etats-Unis : sept questions sur l'entrée en vigueur du "shutdown", qui plonge l'administration Trump dans l'incertitude

Les Etats-Unis sont entrés samedi dans une période de turbulences avec la fermeture partielle de l'administration fédérale après l'échec d'un vote crucial sur le budget au Sénat. Conséquence : 850 000 employés fédéraux ne sont plus payés et se retrouvent au chômage technique.

Article rédigé par franceinfo
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  (YASIN OZTURK / ANADOLU AGENCY)

"Ce sera appelé le Trumpshutdown", a ironisé le chef des sénateurs démocrates après l'entrée en vigueur du "shutdown" (la fermeture, en français) à minuit, vendredi 19 janvier. Un an jour pour jour après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, les Etats-Unis sont entrés dans une période d'incertitude avec la fermeture partielle de l'administration fédérale consécutive à l'échec d'un vote crucial au Sénat.

Malgré d'intenses tractations ces derniers jours, la majorité républicaine, l'opposition démocrate et la Maison Blanche n'ont pas pu s'entendre sur un budget, même temporaire, qui aurait permis d'éviter cette situation. Il s'agit du premier "shutdown" depuis octobre 2013, qui avait duré seize jours sous l'administration Obama. Que signifie-t-il ? Quelles sont les conséquences pour le pays ? Eléments de réponse.

1Qu'est-ce que le "shutdown" ?

Le "shutdown" est la fermeture partielle de l'administration fédérale américaine à la suite d'un désaccord du Congrès (le Sénat et la Chambre des représentants) sur le budget. Sans budget voté, le gouvernement américain se retrouve officiellement à court d'argent et est contraint d'interrompre plusieurs de ses services. Cette cessation d'activité est exigée par la Constitution américaine, qui stipule que la dépense de l'Etat fédéral doit être validée par le Congrès. Au total, 850 000 fonctionnaires fédéraux ne sont donc plus payés et se retrouvent, provisoirement, au chômage technique.

Il s'agit du premier "shutdown" depuis octobre 2013, sous l'administration Obama. A l'époque, la fermeture avait duré seize jours. Samedi, républicains et démocrates se sont rejetés la responsabilité de cet échec, la Maison Blanche accusant les démocrates de prendre les citoyens américains "en otage".

2Pourquoi est-il entré en vigueur ?

Les républicains, majoritaires avec 51 sièges au Sénat, n'ont obtenu que 50 voix, loin des 60 voix (sur 100) nécessaires pour une extension de quatre semaines, jusqu'au 16 février, du budget fédéral. Les démocrates exigeaient, pour voter le texte, la pérennisation de 690 000 jeunes immigrés au statut précaire, appelés les "Dreamers"Ces immigrés arrivés clandestinement aux Etats-Unis quand ils étaient enfants sont tous expulsables du pays depuis l'abrogation par Donald Trump du programme "Daca", mis en place sous l'administration Obama.  

"Ce soir, (les démocrates du Sénat) ont placé la politique au-dessus de notre sécurité nationale. (...) Nous ne négocierons pas sur le statut d'immigrants illégaux pendant que les démocrates prennent en otage les citoyens respectueux du droit avec leurs exigences irresponsables", a indiqué Sarah Sanders, porte-parole de Donald Trump.

"Ce sera appelé le 'Trumpshutdown' car personne, personne ne mérite autant que le président Trump d'être jugé responsable de la situation dans laquelle nous nous trouvons", lui a répondu le chef des sénateurs démocrates, Chuck Schumer. Ce dernier a demandé au président de convoquer d'urgence une réunion à la Maison Blanche avec les leaders des deux partis pour trouver un compromis. 

Depuis vendredi soir, les élus des deux camps s'invectivent sur Twitter sous les hashtags #SchummerShutdown pour les républicains et #TrumpSchutdown pour les démocrates. La porte-parole de la Maison Blanche, Sarah Sanders, a qualifié ses opposants démocrates de "losers obstructionnistes". Il est impossible de savoir, samedi matin, combien de temps durera ce nouvel arrêt de paiement des employés fédéraux, mais les tractations entre les deux partis devraient très vite reprendre.

3Comment réagit Donald Trump ?

Quelques heures après l'arrêt du paiement des fonctionnaires, le président américain a réagi sur Twitter : "Les démocrates veulent un 'shutdown' pour miner le grand succès des 'tax cuts' et ce qu'elles produisent pour notre économie en plein essor."

Dans l'après-midi, vendredi, il avait évoqué une "excellente réunion préliminaire" à la Maison Blanche avec le chef des sénateurs démocrates, Chuck Schumer, laissant espérer un accord de dernière minute.

Le président américain pourrait se rendre samedi au Forum économique de Davos en Suisse malgré le "shutdown", a expliqué un haut responsable de l'administration. La fermeture partielle des services fédéraux ne l'affecte pas. Il a toujours à disposition son personnel ainsi que l'avion présidentiel pour remplir ses prérogatives constitutionnelles. Lors du dernier "shutdown" en 2013, Barack Obama avait renoncé à un voyage en Asie, où il devait participer à deux sommets.

4Quelles sont les administrations touchées ?

Les premiers effets de cette cessation de paiement des salaires des employés fédéraux devraient se faire sentir lundi. Les activités de nombreuses agences fédérales, comme les services fiscaux, seront réduites, mais les services de sécurité, la défense, le transport aérien et la justice seront globalement épargnés. 

En 2013, les services financiers avaient mis en congé d'office la quasi-totalité de leurs agents, provoquant des retards de remboursements d'impôts d'un montant d'environ 4 milliards de dollars, selon les services budgétaires de la Maison Blanche, précise Europe 1Le secrétaire américain à la Défense, Jim Mattis, a déclaré que plus de la moitié de son département serait aussi mise en congé et que certaines opérations de maintenance, de formation et de renseignement s'arrêteraient. Le traitement des visas et des passeports pourrait également être retardé.

Près de 417 sites de parcs nationaux pourraient également être fermés, mais l'administration Trump va "essayer de permettre un accès limité dans la mesure du possible", a déclaré Heather Swift, porte-parole du département de l'Intérieur, à CNN.

5 Combien de fonctionnaires pourraient être concernés ?

Côté armée, quelque 1,3 million de militaires en service pourraient travailler sans solde, l'armée étant actuellement payée jusqu'au 1er février. Au département de la Justice, un peu moins de 10% des 115 000 employés devraient être concernés. A l'Agriculture, les inspecteurs sanitaires pourront aussi poursuivre leur travail, mais la publication d'études pourrait être repoussée, reprend Europe 1.

De son côté, la Maison Blanche a déclaré vendredi que 1 056 membres du bureau exécutif du président cesseront leurs activités. Mais 659 autres employés, dont les fonctions sont considérées comme "essentielles", pourront continuer de travailler, précise CNN (en anglais). Lors du précédent "shutdown" en 2013, environ 850 000 employés du gouvernement ont été congédiés par jour. Un nombre similaire pourrait être concerné cette fois-ci, reprend CNN (en anglais). 

6Quelles sont les conséquences pour les Américains ?

Selon CNN, 700 000 sans-papiers bénéficiant du programme "Daca" pourraient être touchés, et devront attendre que le Congrès légifère de nouveau sur le programme le 5 mars. Le programme d'assurance-santé pour les enfants, qui concerne neuf millions de personnes, est aussi dans l'incertitude.

Les écoles, les bibliothèques, les tribunaux, les prisons fédérales resteront ouvertes tout comme le service postal, les aéroports, et les monuments nationaux. L'enquête du procureur Robert Mueller sur les soupçons de collusion avec la Russie durant la campagne présidentielle pourra aussi se poursuivre, son financement n'étant pas concerné par cette cessation de paiement, précise le Washington Post (en anglais).

7Combien cela va-t-il coûter à Washington ?

Pour le moment, difficile d'établir un montant puisqu'il dépendra de la durée de la fermeture. En 2013, le "shutdown" avait coûté à l'économie américaine environ "20 milliards de dollars", selon une estimation de Moody's analytics, citée par CNN. Le gouvernement avait estimé que cette fermeture avait provoqué la baisse de 0,3% du PIB du pays, soit la plus coûteuse jamais enregistrée lors d'un "shutdown".

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