États-Unis : un an après les incidents meurtriers de Charlottesville, "les suprémacistes ont perdu du terrain"
Jean-Eric Branaa, spécialiste des questions de société et politique aux États-Unis, affirme que la population américaine "a un peu rejeté" les suprémacistes.
Un an jour pour jour après le rassemblement meurtrier de suprémacistes blancs à Charlottesville en Virginie, néo-nazis et contre-manifestants défilent dimanche 12 août à Washington dans un climat tendu. Le 12 août 2017 une jeune militante antiraciste était morte, en marge de ces rassemblements.
Pour Jean-Eric Branaa, spécialiste des questions de société et politique aux États-Unis, maître de conférences à Paris II Assas et chercheur à l'institut IRIS, "les suprémacistes ont perdu du terrain" depuis un an. Dimanche il estime sur franceinfo que depuis l'an dernier "la population américaine les a un peu rejetés".
franceinfo : Est-ce que l'extrême droite s'est installée dans la durée aujourd'hui ?
Jean-Eric Branaa : Non, au contraire. Les extrêmes-droites, ou les suprémacistes ont même perdu du terrain depuis une année et ce drame le 12 août à Charlottesville, la population américaine les a un peu rejetés. Mais Donald Trump les a également laissés de côté jusqu'à faire sortir de son gouvernement certains d'entre eux : Sebastian Gorka ou Steve Bannon qui était un conseiller très proche. Donc c'est vrai que la perte de terrain est assez évidente. Aujourd'hui ils sont divisés, et c'est bien l'enjeu pour eux d'essayer de se réunir à nouveau.
Quel rapport entretiennent les suprémacistes blancs avec Donald Trump ? Est-ce qu'il a été leur président ?
Pas du tout. Ils sont dans l'opportunisme vis-à-vis de Donald Trump parce que lui-même a été dans l'opportunisme vis-à-vis d'eux. Il a surfé un peu sur cette vague. Ce sont des militants très actifs notamment sur les réseaux sociaux et il s'est dit que ce serait bien, quand même de les avoir de son côté. Eux ont retrouvé en lui certaines de leurs thèses, notamment rendre sa grandeur à l'Amérique, l'immigration, le rejet de l'autre. Tout cela a été porté par Donald Trump pendant la campagne et donc, par opportunisme aussi, ils ont célébré cette victoire en disant que c'était leur victoire. On se souvient notamment de David Duke l'ancien leader du Klu Klux Klan qui s'était félicité très chaudement de cette victoire.
A Charlottesville il y a un an, Donald Trump avait parlé de provocations des deux côtés pour expliquer la mort de la sympathisante anti-raciste. Est-ce que cela s'est retourné contre lui ?
Pas avec la population. Ce qu'il faut comprendre c'est que c'était symbolique sur le plan politique. Le contexte il y a un an, c'était qu'il y avait quasiment toutes les semaines des manifestations antifascistes et d'extrême-droite. Donc les deux étaient en parallèle et Donald Trump a voulu mettre en exergue le fait que les deux camps s'exprimaient, et que des deux côtés cela pouvait déraper. Après on est dans un contexte particulier. La Shoah est quelque chose qui ne peut pas être bradée, c'est une horreur mondiale et la classe politique s'est élevée en disant au président qu'il y avait une parole qu'il ne pouvait pas avoir maintenant qu'il était président, que sa parole portait un symbole très fort. Je crois qu'il ne commettra pas la même erreur deux fois.
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