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Ce qu'il faut savoir sur le "fidget spinner", le nouveau jouet qui envahit les cours de récré (et les open-spaces)

Peu chères et discrètes, ces petites toupies à faire tourner sur la main ont envahi les cours de récréation des écoles américaines, suisses, belges et débarquent en France. Le phénomène ne se limite pas aux enfants, peut-être avez-vous vous-même repéré ces drôles de toupies dans les mains de vos collègues à la machine à café.

Article rédigé par franceinfo - Yacha Hajzler
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7 min
Un modèle basique de "hand spinner". (LIONEL VADAM  / MAXPPP)

Ronde, pointue, pailletée, à trois branches ou plus... Une curieuse petite toupie s'est greffée sur les doigts des écoliers, et peut-être même de vos collègues. Elle tourne vite, longtemps, sur n'importe quelle surface et elle est devenue le jouet le plus populaire du moment. Elle, c'est le fidget spinner - ou hand spinner - qui est aussi devenu la hantise des professeurs : son succès est tel que de plus en plus d'écoles américaines se mettent à l'interdire.

Franceinfo vous dit ce qu'il faut savoir pour ne pas passer pour un ringard devant vos enfants, vos neveux ou vos collègues qui n'ont ou ne vont pas échapper à la mode. 

Il a été créé par une mère de famille américaine

Le fidget spinner a été créé par une Américaine, Catherine Hettinger, en 1997. Au journal anglais The Guardian, elle explique avoir eu l'idée de ce jouet durant un été où elle souffrait d'une grave myasthénie, une maladie qui provoque des faiblesses musculaires. Catherine Hettinger a beaucoup de mal à jouer avec sa fille, Sara.

"J'ai commencé à bricoler rapidement des trucs avec des journaux et du scotch, puis d'autres choses. Ce n'était même pas un prototype, juste un semblant de quelque chose, mais elle a commencé à y jouer d'une manière différente, et je l'ai adapté. En quelque sorte, on l'a co-inventé. Elle pouvait le faire tourner, moi aussi, et c'est comme ça que ça a été créé", confie la maman dont la fille a désormais 30 ans. 

Une autre version, très relayée par la presse, avance que Catherine Hettinger aurait eu l'idée du fidget spinner après avoir observé de jeunes Palestiniens jeter des pierres sur des policiers, alors qu'elle rendait visite à sa sœur en Israël. L'inventrice aurait ainsi réfléchi à un objet qui puisse les occuper et les calmer. Elle aurait été interviewée à ce sujet par CNN, mais impossible de retrouver la source exacte de cette histoire qui existe d'ailleurs en plusieurs versions.

Le jouet a, à l'époque, peu de succès et sa créatrice doit en céder le brevet en 2005, faute de pouvoir rassembler les 400 dollars nécessaires à son financement. 

Il s'est popularisé chez les enfants autistes

Depuis, ce sont surtout les parents d'enfants autistes qui ont découvert une utilité au gadget : il parvient à fixer la concentration des personnes autistes ou hyperactives et à les apaiser. "J'ai pu voir les bénéfices de cet objet", écrit par exemple la mère d'un enfant autiste, elle-même atteinte de troubles de l'attention. "Mon fils et moi avons remarqué que lorsque nous l'utilisons, cela nous permet de nous concentrer uniquement sur le mouvement" de la toupie et à ne pas se laisser distraire par d'autres choses. Et "après une période d'utilisation, nous sentons tous deux que notre réactivité tactile semble plus adaptée au changement", écrit-elle.

Ce que confirme un médecin interrogé par CBS qui explique que "les thérapeutes utilisent depuis longtemps ce genre d'objets pour aider les patients à se concentrer sur ce qu'ils font".

Selon Time, la créatrice est ravie du succès de son jouet. "Peut-être que si c'était une sorte de produit addictif - comme un nouveau genre de cigarettes - et que ma seule motivation était l'argent, j'aurais une attitude différente. Mais je suis simplement enchantée", confie-t-elle au magazine américain.

Une mère de famille américaine, dont l'enfant est autiste, l'explique dans les colonnes du Huffington Post américain. "'Maman, c'est comme si tout le monde voulait être autiste comme moi maintenant !' m'a annoncé ma fille de huit ans en sortant de l'école lundi. Elle faisait référence à la nouvelle folie des fidgets spinners dans son école (et dans toutes les autres écoles du pays, apparemment). Soudain, c'était "cool" de vouloir un spinner et si tu n'avais pas le jouet-que-tu-dois-avoir, c'était toi qui étais différent", développe cette maman.

Le jouet n'a pas séduit que les enfants : en décembre 2016, déjà, le magazine Forbes l'a élu "jouet de bureau 2017". "Quelques-uns d'entre nous ont remarqué qu'on quittait moins nos bureaux, en concentrant notre énergie dans le spinner au lieu de faire un bête voyage vers le garde-manger", détaillent les testeurs. 

Il fait l'objet de millions de vidéos de démonstration

"L'objet le plus satisfaisant du monde", "Les 8 hand spinners les plus originaux", "Hand Spinner, à quoi ça sert ?", "Les 10 figures de hand spinner les plus cools" : YouTube s'est emparé de la petite invention de Catherine Hettinger. 638 000 résultats pour hand spinner, presque deux millions pour fidget spinner. De quoi donner un petit coup de pouce à la popularité de la toupie.

Si vous cédez à la tentation, les youtubers se chargeront de vous apprendre quelques tours. Des plus basiques... 

... aux plus extrêmes (qu'on vous conseille sérieusement de ne pas reproduire chez vous) ! 

Il pourrait rapidement connaître une rupture de stocks

Autre atout du petit jouet : son prix. Puisque le brevet est dans le domaine public, on peut en trouver un à partir de deux euros. Les prix peuvent monter jusqu'à 20 euros pour les modèles les plus performants. De quoi provoquer une ruée vers les magasins : en Suisse, où le petit jouet a débarqué il y a peu, les fournisseurs n'arrivent plus à suivre, selon le journal Le Temps.

Même constat en France, du côté de l'enseigne Toys'r'us. "C'est vrai que ça cartonne. C'est une tendance qu'on a décelée il y a maximum cinq ou six semaines, c'est vraiment tout récent. L'engouement vient directement d'internet. Il y a énormément de demande et, dans tous les magasins de France, pas un Toys'r'us n'est épargné", explique la firme à franceinfo. 

Toys'rus a mis en place des livraisons spéciales et le stock est réapprovisionné une à deux fois par semaine. Mais même avec ce dispositif, difficile de combler la demande. "On a déjà vendu plusieurs milliers de pièces en une seule journée en France et on peut écouler plusieurs centaines de pièces dans un seul magasin."

Les concurrents de la marque ont un bilan identique : La Grande Récré en a vendu 200 pièces en trois jours dans son magasin du boulevard Poissonnière, à Paris. Ils étaient, mercredi 10 mai, à court de marchandise. 

Il commence à énerver les enseignants...

Tout simplement parce que les enfants préfèrent se concentrer sur leur jouet plutôt que sur leurs cahiers. Comme les billes ou autres jeux de cour de récréation, ils provoquent aussi de petits conflits entre enfants. Ils ont été interdits dans plusieurs écoles américaines. Citée par le Chicago Tribune, Kate Ellison, directrice d'une école primaire à Evanston (Etats-Unis), a reçu des plaintes des professeurs.  "Franchement, nous avons découvert que les fidgets spinners avaient l'effet inverse de ce à quoi ils prétendent", juge-t-elle.

Une autre école de New York, la MS 442, a quant a elle posté un message sur son site internet pour avertir les parents de l'interdiction des spinners"Même s'ils semblent inoffensifs, ces objets sont sortis durant la classe et distraient élèves et professeurs. Ils sont également lancés dans les couloirs à l'occasion des pauses, dans la cafétéria et à la récréation. Ils sont petits, mais peuvent blesser sérieusement quelqu'un", écrit l'établissement pour justifier sa décision.  

C'est aussi le cas dans plusieurs lycées. Repris par le site Business Insiders, Alexi Roy, fondateur du site Spinnerlist, qui se revendique comme "la plus grande base de données" sur les fidget spinners, affirme avoir contacté les 200 plus grands lycées américains. Soixante-sept lui auraient confirmé l'interdiction du petit gadget. 

Un effet de leur succès que regrettent ceux qui en ont le plus besoin. 

"Pour les gens comme moi avec de gros problèmes d'anxiété, ces spinners font toutes la différence. Ils ne sont pas faits pour être des jouets." (TWITTER)

Une mère de famille américaine, dont la fille de huit ans est autiste, s'en alarme dans les colonnes du Huffington Post américain. "Je m'inquiète car les écoles sont promptes à réagir et à interdire à tous d'utiliser des fidgets spinners juste parce qu'ils sont très populaires. Je m'inquiète du fait que les gens pensent qu'elle joue comme tout le monde, et qu'ils oublient que pour certains, ces fidgets sont nécessaires pour réduire leur stress", développe cette maman.

En France, pas d'interdiction massive dans les écoles pour l'instant, car le phénomène est très récent. Le ministère de l'Education précise d'ailleurs sur son site internet que, si le règlement intérieur d'un établissement scolaire peut prévoir d'interdire certains objets dans son enceinte, cela est laissé à l'appréciation du directeur. Certains professeurs semblent d'ailleurs s'être remarquablement adaptés !

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